Après 17 jours de grève, les éboueurs et la direction de Pizzorno se sont mis d'accord jeudi 18 avril sur une sortie de conflit. Les salariés ont obtenu une prime mensuelle de 65 € et de meilleures conditions de travail. Mais dans la rue il faudra une semaine pour rattraper le retard.
Les poubelles débordent encore dans certains quartiers de Lyon (3e, 6e et 8e arrondissement), Villeurbanne, Bron et Vaulx-en-Velin, mais les éboueurs de Pizzorno ont retrouvé leurs tournées, leurs camions, et leurs habitudes très tôt ce matin vendredi 19 avril, fatigués après plus de deux semaines de grève et une dernière journée marathon de négociations, parfois difficiles, entre la direction venue exprès à Vénissieux et le syndicat Solidaires.
Les grévistes ont obtenu une prime de 65 euros mensuels et de meilleures conditions de travail.
Au moins une semaine pour tout rattraper
Contacté ce matin par téléphone, Judicael Dissake, délégué Solidaires, était en pleine tournée dans une rue de Vaulx-en-Velin : "Normalement on fait cette rue à 07h00 du matin, là il est 10 heures, il y a beaucoup de retard" précise-t-il.
En fait, vu les quantités de déchets à ramasser, les camions se remplissent 5 fois plus vite que d'habitude, en multipliant les allers-retours. Les éboueurs confirment qu'il faudra bien une semaine pour tout ramasser.
Sur la sortie du conflit, les sentiments sont mitigés : "Il y a pas mal de collègues qui sont déçus" dit-il. Dans l'ensemble, on revient avec la tête haute. On a gagné certaines choses. On est un peu déçus, mais on est fiers en même temps. On a fait le maximum".
Dans un communiqué la Métropole précise que Pizzorno "s’est engagé à conduire des opérations de rattrapage vendredi 19 avril et samedi 20 avril, pour un retour à la normale en fin de semaine", sans plus de précisions.
Des intérimaires pour remplacer les grévistes ?
Le jour des négociations, jeudi 18 avril, le syndicat Solidaire affirmait que des intérimaires ont multiplié les rotations, en heures supplémentaires jusqu'à 18 heures, après une prise de service à 04h30 le matin. Le syndicat a saisi l'Inspection du Travail pour cette partie du conflit.
La Métropole confirme que ce jour-là, "conformément à ses engagements, l’entreprise Pizzorno a assuré le service de collecte à 100% sur l’ensemble de ses tournées." Pour commencer à rattraper le retard, "l’entreprise a également mobilisé ses équipes" pendant l'après-midi, "en complément des tournées du matin."
Une prime et un accord
Après une très longue après-midi de discussion, les grévistes ont obtenu une prime de 65 euros mensuels propre au territoire de la Métropole de Lyon. C'est loin de leur première revendication (une augmentation salariale de 300 €), mais cette prime devrait être réévaluée chaque année.
Selon nos informations, une dizaine de mesures pour améliorer les conditions de travail ont également été acceptées. Parmi elles, le nettoyage des cuves sera confiée à une entreprise extérieure. Un interphone sera installé à l'arrière des camions, pour communiquer avec le chauffeur. Il y a également des gants de sécurité pour tous et de meilleures tenues, et le paiement de la moitié du coût des transports en commun.
Par contre, les discussions sur le nettoyage des tenues n'a pas avancé, de même que la question de protocoles en cas de découverte de déchets radioactifs.
Les grévistes ont également obtenu le paiement de certains jours de grève. Pour les autres, une cagnotte a été organisée : elle sera répartie pour limiter l'impact de ces journées non-payées.
Aucune sanction ne sera engagée contre les grévistes. La direction de Pizzorno n'a pas souhaité s'exprimer.