Clotilde Pouzergue, maire d'Oullins, et Jérôme Moroge, maire de Pierre-Bénite, ont boudé le point presse organisé par la Métropole de Lyon à l'occasion de la signature d'un projet de territoire. Ils protestent contre une nouvelle demande du président de l'agglomération de différer la délibération, prévue le 8 novembre, qui doit acter la fusion des deux communes.
Politique de la chaise vide et échanges d'amabilités entre les maires LR de Pierre Bénite et Oullins - qui signent un communiqué commun - et Bruno Bernard, le président EELV de la métropole lyonnaise. Les premiers ont refusé de s'asseoir aux côtés du second lors d'une conférence de presse, ce lundi 6 novembre 2023, pour dire leur colère suite à un courrier qu'il leur a adressé.
"Bruno Bernard outrepasse ses fonctions", écrivent-ils. Dans sa lettre datée du 18 octobre dernier, le président de l'agglomération lyonnaise ne se contente pas de répondre à la question qui lui était posée (quel serait le montant de la dotation de solidarité communale qui serait versée à la commune issue de la fusion de Pierre-Bénite et Oullins), il ajoute de nombreux commentaires. Il estime que cette union n'a pas fait l'objet du débat public qu'elle mérite "car les enjeux pour les habitants sont considérables". Il rappelle que le projet, jamais évoqué pendant la dernière campagne municipale, a été annoncé du jour au lendemain par voie de presse.
Bras de fer politico-administratif
Un positionnement que les deux édiles n'acceptent pas : "cet argumentaire n'a pas sa place dans un courrier entérinant une décision administrative", jugent-ils. "Le président de la Métropole conditionne sa décision à son désaccord sur le procédé de concertation menée auprès des habitants", dénoncent-ils. Bruno Bernard pointe en effet l'absence de référendum officiel auprès des citoyens d'Oullins et Pierre-Bénite, et ne mâche pas ses mots. "Le questionnaire que vous avez adressé aux habitants était si orienté qu'il n'était même pas possible d'émettre un avis négatif", peut-on lire dans son courrier.
Cette consultation en a désarçonné plus d'un, effectivement, car elle ne posait à aucun moment la question de l'accord ou non des habitants pour cette fusion communale. Après l'annonce du projet le 21 février et la levée de boucliers suscitée, les mairies ont organisé des réunions publiques et des ateliers thématiques, et le formulaire de 13 questions fermées a reçu un millier de réponses. Exemples de question : avez-vous le sentiment de savoir clairement ce qu'est une commune nouvelle ? Savez-vous qu'il existe plus de 800 communes nouvelles en France ? Selon vous, vivre dans une commune récemment fusionnée avec une autre engendre-t-il des modifications administratives pour vous ? Etc... On a l'impression d'avoir affaire à une interro d'éducation civique et morale plutôt qu'à une consultation citoyenne.
De quoi stopper la machine ?
Quoi qu'il en soit, les maires voient dans la démarche du président de la Métropole une "ingérence inacceptable" alors qu'ils abordent la dernière ligne droite du projet. Le 8 novembre, les deux conseils municipaux doivent délibérer pour lancer une fusion qui doit entrer en application au 1er janvier 2024. Bruno Bernard, lui, leur écrit "qu'il est encore temps de prendre son temps" et insiste sur le fait qu'un "débat de fond doit avoir lieu (...) soit à l'occasion d'un référendum organisé par vos services, soit à l'occasion des futures élections municipales". Il évoque aussi les consultations menées dernièrement par les oppositions municipales où les participants se sont exprimés contre la fusion à plus de 90%. Des consultations que Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge qualifient de "faux référendums organisés de manière peu scrupuleuse".
Pour eux, l'exécutif métropolitain confirme "ses penchants autoritaires" et exerce un "chantage financier". Bruno Bernard précise que la dotation de solidarité communale allouée par la Métropole à la commune nouvelle s'élèverait à "1 094 068 €, soit une perte annuelle de 478 748 € par rapport à ce que les deux communes touchaient jusqu'à présent." De quoi faire reculer les deux élus du sud lyonnais ? Réponse mercredi 8 novembre en conseil municipal.