Edouard Philippe et le vice-premier ministre italien ont eu des échanges très "francs et directs" dès le début du G6 lundi soir à Lyon. Le dîner de travail portait sur les questions migratoires. Un sujet de tensions entre la France et l'Italie qui défendent chacune une politique différente.
Avec un ton "franc et direct", le Premier ministre français Edouard Philippe a tenté lundi soir de ramener le dirigeant souverainiste italien Matteo Salvini vers l'idée d'une solution européenne sur le dossier de l'immigration, sur fond de tensions entre Rome et Paris.
Avec quel succès? Le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur italien, chef de la Ligue (extrême-droite), est reparti en disant qu'il devait "travailler avec tout le monde" mais qu'il se "sentait plus proche des positions" de la dirigeante française d'extrême-droite Marine Le Pen que de celles de M. Philippe.
Les deux hommes participaient lundi soir à Lyon à un "G6" des ministres de l'Intérieur, où le Premier ministre, ministre de l'Intérieur par interim , remplaçait le ministre démissionnaire Gérard Collomb dans l'attente d'un remaniement de l'exécutif Macron.
Cette structure informelle, qui se réunit en moyenne une fois par an, rassemble les ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'Union européenne (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne et France) pour tenter de faire émerger des consensus en amont des réunions européennes à 28.
Le dîner de travail lundi soir à Lyon était consacré aux questions migratoires. Un sujet de tensions depuis cet été entre l'exécutif d'Emmanuel Macron et le nouveau gouvernement italien mené par Giuseppe Conte avec l'appui de la Ligue de M. Salvini et du mouvement antisystème 5 étoiles.
"J'utilise rarement les mêmes mots et le même vocabulaire (que M. Salvini, ndr), ça ne m'empêche pas d'être direct aussi", a affirmé M. Philippe à son arrivée à Lyon. "Au-delà des postures, la question de l'immigration ne trouvera pas une réponse nationale. Elle exige une coordination, c'est un sujet complexe d'intérêt commun. Moi, je considère qu'il faut l'aborder avec ses convictions, le respect des intérêts nationaux, mais aussi l'envie de construire une position commune qui seule permet de trouver une solution", a fait valoir le Premier ministre.
La France, qui accuse Rome de bloquer un consensus européen, pousse notamment le gouvernement italien à mettre en oeuvre l'accord européen trouvé à Bruxelles en juin pour des "centres contrôlés" aux portes d'entrée des migrants dans l'Union européenne. Ainsi qu'à abandonner la politique de M. Salvini des "ports fermés" aux bateaux de migrants.