Des élèves convoqués, mais pas leur jury. Des examinateurs qui n'ont jamais pu se connecter à la réunion pour se mettre d'accord sur les critères d'évaluation... Pour le SNES-FSU, l'organisation des épreuves finales et du grand oral du bac s'est avérée "épique". Voire du "grand n'importe quoi".
Dans l'académie de Lyon, ce baccalauréat 2021, "c'est une usine à gaz" selon la responsable académique adjointe du SNES-FSU. Le syndicat, qui milite pour le maintien des épreuves finales du baccalauréat, réclame aujourd'hui de vraies discussions sur la mise en oeuvre du nouveau bac Blanquer, et souhaite "rediscuter de ce Grand oral qui n'a pas de sens".
"Le cafouillage total"
Lundi 21 juin, c'est la première du Grand oral. Et l'organisation de ce nouvel examen patine. "Des élèves sont convoqués, mais pas leur jury. Des professeurs sont appelés au pied levé sans avoir pu se préparer à faire passer une spécialité qui n'est pas la leur..." Pour Rindala Younès, responsable académique adjointe du SNES-FSU à Lyon, les dysfonctionnements sont nombreux dans l'organisation du Grand oral. À tel point que certains enseignants du second degré se sont retrouvés "dans l'angoisse", sont aujourd'hui "très en colère", ont comme une impression de "mépris".
Quatorze élèves par demi-journée : "c'est beaucoup trop", cela ne laisse que trop peu de temps de battement, nécessaire à la concentration. Surtout que la composition des jurys interroge. Il doit être composé d'un professeur de la spécialité et "d'un naïf". Quel est l'intérêt d'un tel duo ? Selon Rindala Younès, l'idée est de pouvoir analyser la forme indépendamment du fond. Et à ce niveau-là, le bât blesse singulièrement pour la syndicaliste. "Je suis professeur de français et je dois faire passer les mathématiques...Si mon seul critère, c'est de juger l'élève sur le fait qu'il ait mis les mains dans ses poches ou qu'il ne se tient pas droit...", certains professeurs ont une autre idée de leur mission.
C'est une épreuve essentiellement de forme, rhétorique. Pour nous, c'est très important de travailler l'oral. Mais si c'est connecté à du fond.
Et puis il y a cette partie de l'examen où l'élève est interrogé sur son orientation. "C'est assez discriminant d'interroger des élèves qui, pour certains, n'ont pas encore obtenus de réponse de Parcours Sup, estime la responsable du SNES-FSU."Le travail sur l'orientation, c'est quelque chose que l'on doit construire avec les élèves. Il ne doit pas être évalué".
"Gâchis d'énergie pour les épreuves écrites"
Les professeurs de lettres et de philosophie avaient obtenu la promesse du Recteur de l'académie de Lyon de ne pas être convoqués pour des jurys du Grand Oral, compte-tenu de leur charge de travail. Français et philosophie font encore l'objet d'épreuves écrites, et donc de copies à corriger (140 en moyenne en 7 jours). Mais voilà, il y a eu quelques soucis techniques. "Les copies sont numérisées et hier encore, mercredi 23 juin, certains professeurs n'arrivaient pas à avoir accès à la plateforme de correction".
Souci du même genre pour les réunions d'entente. Impossible pour les examinateurs de se connecter en visio à cette réunion où il s'agit de se mettre d'accord sur les critères d'évaluation. Pour la prochaine réunion, celle dite d'harmonisation, les professeurs de philosophie ont d'ores et déjà demandé à ce qu'elle se fasse en présentiel.
Des conséquences à tirer
Un conseil technique académique a eu lieu dans le milieu de la semaine. Ces problèmes d'organisation de cette session du baccalauréat ont bien entendu été soulevés par l'organisation syndicale. Et le recteur d'académie a reconnu qu'il va falloir un temps d'adaptation. Un groupe de travail devrait également voir le jour avant la session 2022. Mais le SNES-FSU veut aller plus loin. "Demande de vraies discussions sur la mise en oeuvre de ce nouveau bac, et veut rediscuter de ce Grand oral qui n'a pas de sens. Discutons du fonds. Discutons de sa forme".
Et puis, il y a les épreuves communes qui vont se tenir dès janvier prochain. Après une année bouleversée par la crise Covid, du retard s'est encore accumulé dans le suivi du programme des classes du secondaire, selon le syndicat. Le SNES-FSU en profite pour réclamer "un recrutement de personnels à la hauteur de la forte augmentation du nombre d'élèves dans l'académie. Préparer les élèves au baccalauréat et leur faire passer l'examen dans des conditions dignes et équitables n'est pas un coût, mais un investissement dans l'avenir."