Une partie des salariés de Boehringer Ingelheim est en grève depuis mardi pour demander des augmentations de salaires à hauteur de l'inflation. Le principal site lyonnais, à Saint-Priest, ne produirait plus de vaccins vétérinaires, selon les syndicats. La direction promet d'établir un planning de production en fonction des besoins.
C'est la désillusion pour cet ancien salarié de Sanofi, dont les sites de production lyonnais de vaccins ont été repris par Boehringer Ingelheim en 2017. "Depuis, les ruptures conventionnelles collectives et les PSE s'enchaînent. Cette année, 150 postes ont été supprimés sur Lentilly et Saint-Priest" se désole Meziane Zenoune, délégué syndical Force Ouvrière.
Même désillusion du côté de la direction. Lorsqu'il rachète à Sanofi sa filiale lyonnaise de santé animale Merial, Boehringer Ingelheim a pour ambition de devenir leader mondial des produits vétérinaires en 2025. Mais en 2022, cette activité "a tout juste maintenu son chiffre d'affaires stable, à 4,6 milliards d'euros" selon le journal Les Echos. Et la promesse d'ouvrir une nouvelle usine à Jonage en 2023, reportée à 2025, avec l'ambition d'être leader, s'est évanouie.
Sur les sites de Saint-Priest (Métropole de Lyon), Lyon Gerland, Lentilly (Rhône) et Saint-Vulbas (Ain), Boehringer Ingelheim emploie près de 2.000 personnes. Ces sites servent à produire et distribuer des vaccins pour les animaux domestiques et des vaccins contre la rage.
Pour des salaires au niveau de l'inflation
Direction et syndicats viennent de sortir des NAO (négociations annuelles obligatoires), avec un goût amer pour les salariés. "On veut que l'augmentation des salaires suive l'inflation. L'année dernière, pour une inflation de 6%, on a eu 4% d'augmentation. Cette année, on nous propose 3,4% pour une inflation de 4%. On demande 3,8%, nous explique Meziane Zernoune. On fait partie des groupes qui brassent des milliards. 25 milliards d'euros (avec le pôle santé humaine) dont 3 à 5 milliards sont reversés chaque année à la famille Boehringer".
De son côté, la direction estime faire les efforts nécessaires. "Pour l’année 2024, nous avons proposé des enveloppes d’augmentation générale des salaires significatives, pour continuer à prendre en compte l’inflation (en particulier pour les salariés les plus impactés), complétées par une part d’augmentations salariales individuelles, pour reconnaître les performances individuelles."
Une production au ralenti
Selon les syndicats, il n'y a plus de production sur le site de Saint-Priest à cause de la grève. La direction se veut plus rassurante. "Il est aujourd'hui difficile d'évaluer l'impact de la grève sur la production de vaccins sur le site de La-Porte-des-Alpes. Ce site a la chance de posséder plusieurs lignes de production et l'organisation de nos activités devrait permettre de planifier la production en fonction des besoins".
En attendant, les syndicats prévoient de faire durer leur mouvement. Ils ont lancé une caisse de grève où près de 9.000 euros ont été récoltés.