Inquiets quant à la survie de leur site de production, les salariés de l'usine pétrochimique Versalis à Mardyck (Nord) ont prévu de se mettre en grève 48 heures tous les mois. Entre fermeture de site et défi environnemental, la situation ressemble à s'y méprendre aux difficultés rencontrées par ArcelorMittal à Dunkerque.
48 heures de grève tous les mois, c'est la solution qu'ont trouvée les salariés de l'usine pétrochimique Versalis de Mardyck (Nord) pour mettre la pression sur la direction, tant qu'ils n'auront pas de réponses sur l'avenir de leur site industriel.
Filiale du groupe pétrolier italien ENI, Versalis dispose de trois sites dans le Dunkerquois qui produisent, stockent, réceptionnent et expédient matières premières et produits finis issus de l'industrie pétrochimique. L'entreprise emploie 430 personnes dans le Nord.
Cette grogne qui s'est emparée des salariés s'est faite "sur fond de transition écologique", décrit David Cappello, secrétaire de la CGT. "Avec les objectifs de diminution de CO2 à l'horizon 2030, on fait partie des grosses usines émettrices de dioxyde de carbone avec 600 000 tonnes par an", l'entreprise doit donc investir pour "entrer dans les standards prévus".
À cela s'ajoute, l'annonce faite par ENI à la fin du mois d'octobre 2024 de fermer trois usines sur le sol italien. Quid de Mardyck, donc ? Les salariés de Versalis dans le Nord s'inquiètent pour l'avenir de leur site de production. "Pour le moment ENI n'investit pas chez nous, on n'a pas de perspective", dénonce David Cappello.
200 millions d'euros de travaux d'ici à 2028
C'est une situation qui ressemble à s'y méprendre au cas d'ArcelorMittal à Dunkerque, "on vit le même problème", pointe le syndicaliste. Un actionnaire annonce une fermeture de site, et des investissements doivent être faits dans un futur proche pour correspondre aux normes environnementales.
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Le prochain arrêt technique de Versalis Mardyck est prévu en 2028. D'ici là, David Cappello espère que des travaux seront faits. "Cela nous laisse cinq ans, nous sommes dans les délais. C'est un projet à 200 millions d'euros. Il faut qu'on sache vite, que l'argent vienne d'ENI ou d'un partenaire."
S'il veut savoir vite, c'est parce que cette incertitude qui plane autour de leur usine provoque une "fuite des compétences". "Bien qu'on ait des niveaux de salaires qui sont vraiment bien, on a des gens qui se posent plein de questions, si on leur donne un avenir, ils vont aller chercher un avenir ailleurs", dénonce David Cappello. D'autant plus que la formation nécessaire pour travailler dans de tels sites peut prendre près de 10 ans selon le poste visé.
48 heures de grève tous les mois
Autour des vacances de la Toussaint, déjà, une grève de 24 heures avait eu lieu alors qu'ENI avait laissé savoir que le vapocraqueur de Mardyck pourrait être vendu ou mis en joint-venture. Un CSE extraordinaire avait donc eu lieu, où la direction s'était voulue "rassurante" explique David Cappello.
On n'est pas inquiets pour rien.
David CappelloSecrétaire général CGT Copenor
Mais "on n'est pas inquiets pour rien", conclut le syndicaliste. "On a su en parallèle que le bail pour notre terrain n'avait pas été resigné, on s'est dit « ils vont nous plier »". Depuis, il a été paraphé, "c'est engageant, mais sans plus", dénonce-t-il. "On n'a aucunes certitudes. On a laissé passer les fêtes puis on s'est dit qu'on allait mettre la pression", c'est ainsi qu'est née la grève de 48 heures.
Sans éléments concrets de la part de la direction, la grève sera reconduite mensuellement. "On a un personnel qui est habitué à revendiquer et à se défendre. Nous ne sommes pas des tueurs de patron, mais nous défendons nos intérêts. Il y a quasiment 100% de grévistes ici."
Si nous avons sollicité Versalis, nous n'avons pas réussi à entrer en contact avec la direction.