La chaîne d'information pan-européenne et multilingue Euronews, basée à Lyon, a vu son flux et sa plateforme numérique bloqués par l'autorité russe des médias, à l'instar d'autres médias internationaux. Elle demande son redéploiement et rejette les accusations de "fake news" portées contre elle.
Cela fait plus de 20 ans qu'Euronews diffuse des éditions de son journal télévisé en langue russe, atteignant 30 millions de foyers directement et de très nombreux autres via sa plateforme numérique. Depuis le lundi 22 mars 2022, il est dorénavant impossible d'y accéder légalement. La Russie a tout simplement décidé de couper son flux, comme celui de nombreux autres médias internationaux.
"C’est le procureur général de la fédération russe qui a demandé au "CSA russe" de nous suspendre sur la base de deux faits qu’il aurait relevés : avoir diffusé de fausses infos et inciter à la violence", explique Michaël Peters, le président du directeur d'Euronews. Des accusations que la chaîne rejette en bloc.
"Nous connaissons les problématiques de médias russes* en occident mais la différence c’est que nous ne sommes pas une chaine d’Etat. Nous sommes un média privé et nous servons les intérêts de personne. Au contraire, on a le sentiment d’être très indépendants", poursuit le dirigeant.
Audience triplée
Le russe est une langue historique d'Euronews, qui est le seul média international à diffuser des programmes dans cette langue. Elle a rencontré un grand succès dans les pays russophones, qui représentaient "jusqu'à 30% de l'audimat", explique Michaël Peters. L'audience "a même triplé au cours du dernier mois en Russie, en Ukraine, au Belarus ou au Kazakhstan" avait informé la chaine dans un communiqué.
Comme parade, la chaîne propose à ses téléspectateurs d'utiliser un VPN pour accéder à leur plateforme numérique (dans les grandes lignes, il s'agit d'un "chemin" sécurisé numérique qui permet à l'utilisateur de se connecter à internet depuis un autre pays, là où le contenu n'est pas interdit ndrl).
Difficulté d'être considéré comme neutre
Très inquiets, les journalistes de la rédaction ne baissent pas les bras selon leur supérieur hiérarchique. D'autant plus que les accusations ne sont pas seulement russes selon lui. "Sachez qu’en parallèle, on a aussi des pressions très importantes d’un des plus hauts-niveaux de l’Etat ukrainien, qui nous dit que nous sommes pro-russe."
Il ne reste pas moins convaincu que ses journalistes répondront présents. "Je pense qu’aujourd’hui ils n’ont qu’une seule chose en tête : continuer de faire le travail, quoi qu’il arrive, et de le faire aussi bien qu’ils le font depuis tant d’années."
La chaîne a également annoncé qu'elle allait utiliser tous les recours légaux possibles pour rétablir la connexion avec le pays-continent.
*la chaîne Russia Today et l'agence de presse Sputnik, financés par l'Etat russe, ont été bloqués dans l'UE car elles sont accusées de relayer la propagande russe ndlr.