Le concert en live n’est plus, vive le concert en streaming ! Le plus vieux club de jazz d’Europe, 72 ans cette année, vient de démontrer sa jeunesse avec son premier concert où le public reste installé à la maison, devant un écran. Récit d’une soirée pas comme les autres.

Il est 18 heures l’atmosphère est fébrile. Le caveau jazz se prépare à vivre sa première expérience de concert en ligne. Partout des câbles sont installés pour relier ordinateur, table de mixage, écran de téléphone et la scène où les musiciens répètent.
Sami Chidiac, le jeune président trentenaire du Hot Club de Lyon explique « on n’est pas équipé en fait, on a fait appel à des ingénieurs son impliqués dans le milieu de la culture ».
Victor Pontonnier et Vincent Collonges du Studio W à Lyon sont venus bénévolement prêter main forte sous la demande de Paco Médinat, parce que l’expérience les interpelle, comme tous les autres techniciens et musiciens du moment. « On est tous intéressés, explique Sami Chidiac, l’idée c’est déjà de savoir si on est capable techniquement d’une transmission en direct de haute qualité. C’est une expérience différente de celle du concert, on a même cherché à créer une autre ambiance avec des jolies lampes, il faut faire preuve d’ingéniosité, ça fait un mois qu’on en parle. Notre force c’est vraiment notre équipe de bénévoles et ce réseau qui a su répondre présent ».



20h, dans l’autre salle voûtée qui fait office de coulisses, c’est l’heure de casser la croûte. Il y a une joie évidente à se retrouver en gardant au maximum les distances. Chacun y va de son anecdote du confinement et les rires fusent. Victor Pontonnier, l’ingénieur son, annonce qu’il va falloir aller sur scène, il est 20h20. Réaction immédiate du guitariste Thibault François : « ce sera bien une première si on joue à l’heure au Hot ! ». Un concert en live stream doit effectivement commencer à l’heure, l’ambiance n’est donc déjà pas tout à fait la même. En se changeant, Thibault confie : « c’est trop étrange, jouer devant un écran. C’est une musique qui se joue avec le public ».

 

20h30 pile le concert démarre. Isabelle s’adresse aux spectateurs derrière leur écran, elle fait la présentation de ce concert et de la contribution possible des internautes, via Hello Asso, un site de paiement sécurisé en ligne.

Sur scène, deux Bourguignons et deux Brésiliens, Thibault François à la guitare, Olivier Truchot au piano, Zaza Desiderio à la batterie et Marcel Bottaro à la contrebasse. C’est la première fois qu’ils jouent tous les quatre ensemble.
Jazz du monde, Jazz latin, Jazz moderne, c’est une musique écrite avec les influences de chacun pendant le confinement. « Thibault a écrit un thème influencé de Joshua Redman, moi c’est plutôt mélodies francaises et jazz actuel, et les Brésiliens ont mis leurs influences brésiliennes » raconte Olivier Truchot, « l’idée c’est d’emporter le public dans notre univers musical. Est-ce que dans le monde il existe un autre quartet avec deux Bourguignons et deux Brésiliens ? Ce soir on offre une création inédite ».

 

©B. Tardy


Étrange ambiance que ce caveau vide de public remplacé par des écrans d’ordinateur, de téléphone. Mais dans ce contexte si particulier les musiciens ont réussi à créer leur bulle. Les échanges de regards en disent long sur le plaisir de retrouver la scène.
Pour respecter les mesures sanitaires, ils sont à distance suffisante, 4 maximum sur scène. Et pour éviter les postillons, pas d’instrument soufflant et pas de chanteur.

 


21h15, fin du concert. 6 personnes applaudissent. Ca fait peu. Nul ne sait si chez eux les spectateurs ont aussi applaudi. « J’ai eu la chair de poule, dit Zaza Desiderio. Au Brésil on dit c’est un truc « Impar », ça veut dire unique ». C’est l’émotion de retrouver la scène, les murs du Hot, ajoute le batteur brésilien qui avait des dates partout en Europe cet été. « Un club de jazz c’est fait pour une équipe de musiciens et pour un public, on sent la chaleur, on voit les visages, on entend les applaudissements. Là, on savait qu’on nous regardait, c’est donc bien un concert, mais ça démarre doucement, c’est l’émotion aussi du : on sent que ça va reprendre ».

Marcel Bottaro, qui est arrivé en France juste avant le confinement, est ravi. « Au Brésil, comme le pays est grand on a l’habitude de regarder des concerts sur FB notamment du club de jazz Sao Cristouao, mais c’est souvent d’une qualité technique médiocre alors que là, ce soir, c’était ouahhhh... »
 

Une première pour le club, amenée à se poursuivre


Le Hot Club de Lyon ne pourra rouvrir au public au vu de sa configuration, un caveau avec un seul accès.
Sami Chidiac, le président reste positif : « imaginez, plus tard quand on est archicomplet pour un concert, et bien maintenant on saura faire pour diffuser en direct sur le net et toucher plus de monde ! »

Dimanche 31 mai 2020, sur internet, 150 personnes en moyenne ont suivi le concert, que ce soit sur Instagram, Facebook ou Youtube. C’est plus que la jauge de 90 personnes du caveau jazz. Les contributions des internautes n’ont pas encore été calculées.
Le Hot Club envisage un concert en streaming par semaine, jusqu’à la rentrée de septembre.
 
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