Plusieurs villes suisses, dont Genève, Zurich ou encore Berne, se disputent l'organisation de l'édition 2025 de l'Eurovision, qui se tiendra dans le pays alpin. Mais entre le coût de l'événement et des demandes de référendum, les différentes villes candidates restent dans le flou.
La Suisse se prépare à accueillir l'Eurovision l'an prochain, mais le choix de la ville où se tiendra l'événement est loin d'être simple dans ce pays où la politique peut entrer en lice à coup de référendums.
La victoire, cette année, de l'artiste non-binaire Nemo signifie que le pays alpin accueillera l'édition en 2025. Zurich, Genève, Bâle, Berne et Bienne envisagent d'organiser l'événement. La ville qui l'emportera pour organiser cette 69e édition devrait être annoncée d'ici fin août.
Comme souvent, la question du coût fait débat. Un particularisme suisse pourrait, en plus, compliquer les discussions : certaines formations politiques pourraient s'opposer à l'organisation de l'événement par le biais de référendums. Dans cette démocratie semi-directe, les citoyens peuvent exiger un vote pour peu d'obtenir le nombre requis de signatures, tant au niveau local, cantonal que national.
Un parti chrétien opposé
L'Union démocratique fédérale (UDF), un petit parti qui défend "les valeurs chrétiennes intemporelles", entend ainsi s'opposer aux crédits accordés par les villes candidates. Ce parti évangélique, décrit comme ultra-conservateur par la presse suisse, reproche à l'Eurovision de "célébrer ou du moins de tolérer le satanisme et l'occultisme", rapporte la chaîne de télévision alémanique SRF, citant les propos de Samuel Kullmann, son responsable des activités politiques.
Il a pris en exemple la tenue ornée de cornes de Bambie Thug, qui représentait l'Irlande lors de la compétition en mai à Malmö, en Suède. Le parti a "une dent contre l'Eurovision et ses participants", souligne le journal Le Temps, qui rappelle que l'UDF avait lancé une pétition en 2007 contre la chanson du candidat suisse DJ BoBo intitulée "Vampires Are Alive", elle aussi "jugée satanique".
Son président, Daniel Frischknecht, a dit vouloir empêcher l'événement "par tous les moyens", rapporte le quotidien suisse. Les sections locales de ce parti à Zurich et Berne ont déjà engagé les démarches pour lancer des référendums locaux, note de son côté la Radio Télévision Suisse (RTS).
Doutes à Zurich
À Zurich, un crédit de 20 millions de francs suisses (20,4 millions d'euros) a été approuvé début juillet au cas où la ville l'emporterait. Ce qui n'a pas manqué de faire grincer des dents des membres de l'Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice).
Les sections locales de ce parti, la première formation politique du pays, sont toutefois divisées. Certains de ses élus à Zurich et Berne soupèsent leurs options pour des référendums locaux, craignant pour les coûts mais aussi pour le tumulte autour de l'événement, chahuté à Malmö par les questions autour d'Israël et la situation à Gaza.
Il serait "juste que les citoyens aient le choix", a défendu le député bernois Marcel Dettling dans la presse alémanique.
Genève et Bâle emballés
Les sections UDC genevoises et bâloises ont "au contraire signalé leur enthousiasme", note Le Temps, en raison des potentielles retombées économiques.
Les querelles autour du financement d'événements ne sont pas rares en Suisse. Le pays doit accueillir l'Euro féminin 2025, et le gouvernement a voulu réduire son financement de 15 à 4 millions de francs, avant que le Parlement ne s'oppose à cette coupe après de vifs débats.
La Suisse a déjà accueilli la première édition de l'Eurovision en 1956 à Lugano, puis à Lausanne en 1989 après la victoire de la chanteuse canadienne Céline Dion, qui l'avait représentée l'année précédente.