Dans la nuit du 28 au 29 août 1942, une exceptionnelle action collective de sauvetage d’enfants juifs s’est déroulée à Vénissieux. Un groupe de volontaires est parvenu à les exfiltrer en trompant le régime de Vichy. Le 75e anniversaire de cet acte de bravoure était commémoré ce matin.
Le 26 août 1942, 1 016 juifs étaient arrêtés dans tous les départements de la région lyonnaise par la police de Vichy et internés dans un camp désaffecté, à Vénissieux. Les membres de la commission de "criblage" mettent en place une opération clandestine de sauvetage. La commission était composée de volontaires d’organisations caritatives catholiques, juives, protestantes, et laïques. Le « criblage » consistait à faire le tri des internés... Officiellement les membres de la commission doivent s'assurer que les gens arrêtés sont bien "déportables". Une circulaire de Vichy prévoyait plusieurs cas d'exemption : vieillards de plus de 60 ans, individus intransportables, enfants non accompagnés…etc.
Une vaste opération de falsification de papiers destinée à tromper le régime de Vichy va être lancée à Vénissieux. De faux diagnostics médicaux permettront par exemple à une centaine de "malades" de devenir "intransportables". Profitant de la confusion, les membres de la commission vont réaliser un véritable "sabotage administratif" pour éviter la déportation vers les camps de la mort à un maximum de personnes. Au total, cette opération va permettre de sauver la vie de 471 personnes, dont l’ensemble des 108 enfants du camp.
Pour sauver les plus jeunes, les membres de la commission vont s'employer à convaincre les parents de leur confier leurs enfants. Des sauvetages rendus possibles grâce à de fausses déclarations et notamment des délégations de paternité ... Ces 108 enfants et adolescents exfiltrés du camp de Vénissieux dans la nuit du 28 au 29 août 1942 vont ensuite être dispersés grâce à des filières clandestines, accueillis sous de faux noms dans des familles ou cachés dans des institutions, en France ou en Suisse.
545 adultes n'ont pas échappé à leur funeste destin
Le 2 septembre 1942, ils ont été acheminés vers Auschwitz via les gares de Saint-Priest et Perrache, et le camp de Drancy. Seule une dizaine de personnes reviendra. L'histoire a également retenu l'acte de courage du Général Pierre Robert de Saint-Vincent, alors commandant de la région militaire de Lyon, qui a refusé de mettre des gendarmes pour convoyer les juifs internés de Vénissieux vers la gare de Perrache en vue de leur déportation vers Drancy, puis Auschwitz. Un acte de désobéissance qui lui valu d'être relevé de ses fonctions. Entré en résistance, le militaire a vécu dans la clandestinité durant deux ans avant de reprendre ses activités en août 1944, à la libération de Lyon. Ce 1er septembre, un square a été inauguré à Vénissieux.
ARCHIVES - L'historienne lyonnaise Valérie Perthuis a retrouvé la trace de ces enfants juifs sauvés à Vénissieux. Ses recherches ont permis d'éviter que cet épisode de la Résistance ne tombe dans l'oubli. Voir ou revoir le reportage de France 3 Rhône-Alpes de 1998.
ARCHIVES - Le reportage France 3 Lyon de 1992 : des témoignages sur la rafle d'août 1942 et le sauvetage des 108 enfants de Vénissieux.