"Il n'y a aucun danger pour nos enfants" : une lecture par des artistes drags a bien eu lieu à Lyon

L'extrême droite a tenté de faire annuler une lecture de contes, par des drag-kings et des drag-queens, organisée dans la mairie du 9ᵉ arrondissement de Lyon. L'évènement a été maintenu et la lecture s'est déroulée sans perturbation.

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Dans le cadre du mois des fiertés, la mairie du 9ᵉ arrondissement de Lyon a organisé une lecture de contes ce mercredi 28 juin après-midi. L'originalité : des drag-queens et des drag-kings font la lecture à des enfants. 

Moins connus que les drag-queens, les drag-kings sont leur reflet opposé. Ces artistes créent un personnage, dont l'identité masculine est volontairement basée sur des archétypes de genre. 

Le Petit Prince, la fée Carabosse, Mélusine... Les récits s'enchaînent, contés par les trois artistes, devant un public composé d'une dizaine d'enfants et d'une vingtaine d'adultes. "C'est lutter contre l'invisibilisation, explique Zanni Lalune, drag-king occupé à lire des contes modernisés. En tant que drag, on a toujours été des porte-drapeaux des combats pour l'inclusivité, de la bienveillance, de la tolérance et du vivre ensemble."

L'artiste a été l'une des cibles des détracteurs de l'évènement

 

Une polémique créée par l'extrême droite 

L'extrême droite a créé la polémique autour de cette lecture de contes. Une pétition a été lancée, relayée sur Twitter par les soutiens d'Eric Zemmour. 


Les militants du groupe identitaire Les Remparts ont organisé une action devant la mairie du 9ᵉ arrondissement, le matin de la lecture. Des panneaux et une poupée gonflable accompagnée du message "Future poupée de vos enfants" ont été accrochés devant la mairie. 

Les trois artistes ont aussi été la cible d'attaques du groupuscule qui republie des photos ou des vidéos. "Cet atelier a en réalité pour but de conditionner les plus jeunes à la propagande LGBT et à la culture « drag », qui fait l’éloge de l’hypersexualité et qui baigne dans les comportements dangereux (drogues dures notamment). Un des drag-queens, Zanni Lalune, s’affiche notamment sur les réseaux sociaux en soirée accompagnée d’individus nus et en tenue BDSM", affirme le groupe identitaire lyonnais sur sa page Instagram. 

"Je ne m'attendais pas à voir une telle polémique, on est en 2023 ! s'exaspère Anne Braibant, la maire (Les Écologistes) du 9ᵉ arrondissement. Le message, c'est de permettre à nos enfants de se sentir bien comme ils sont." Malgré la polémique, la mairie n'a pas renoncé à l'organisation de cette lecture, comme l'ont fait d'autres communes

"Il n'y a aucun danger pour nos enfants"

"Ça nous ramène dans les années 80, j'ai vraiment été surpris par cette reprise politique, s'exaspère Eric, venu écouter les contes avec sa fille Hanaé, 6 ans. Je ne comprends pas, il n'y a aucun danger pour nos enfants." Pour Hanaé c'est une première, elle n'a jamais vu de drag-queen. Quand on lui demande ce que sont des drag-queens, elle répond "ce sont des hommes déguisés en femme". "Je lui ai expliqué avant de venir, mais je ne pense pas que ça va la perturber, elle adore se costumer, la dernière fois, c'était en bergère-guerrière." 

Une fois installée sur les tapis, la dizaine d'enfants est captivée par les récits. Ils ne semblent pas perturbés par l'aspect des conteurs. Certains sont d'ailleurs fascinés par les énormes chaussures de Zanni Lalune. "J'aimerais bien avoir les mêmes", sourit une jeune spectatrice. "Attention, elles sont très lourdes", prévient l'artiste, avant de reprendre son récit.

Cécile est venue avec ses deux filles, âgées de 11 et 14 ans. "Quand j'ai vu la polémique, ça m'a donné envie de venir pour soutenir l'événement. C'est une belle ouverture d'esprit.", assure cette habitante de la Croix-Rousse. "Ce n'est pas normal d'interdire un évènement seulement parce que ce sont des drag-queens, elles ont le droit de se maquiller, même si ce sont des hommes.", tient à souligner Apolline, 14 ans.

Malgré des appels sur les réseaux sociaux à perturber l'évènement, aucune mobilisation ne s'est faite devant la mairie à l'heure des lectures. Un dispositif de police avait été prévu pour pallier les risques de débordement.

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