Alors qu'une ambulance criblée de balles sur le front est exposée à Lyon ce vendredi 15 novembre, deux réfugiés ukrainiens confient leur inquiétude au sujet des élections américaines. Donald Trump veut couper l'aide financière à l'Ukraine et suggère que Zelensky cède les territoires conquis par la Russie.
Une ambulance criblée de balles russes en Ukraine a été déposée sur la place Louis Pradel de Lyon, ce vendredi 15 novembre. Le but : "réalerter l’opinion publique sur les crimes de guerre commis en Ukraine", en l'occurrence contre le personnel médical "pourtant protégé par la Convention de Genève", rappelle sur place le vice-président de l'association Lyon Ukraine, Jean-François Grillet.
Dix jours après la réélection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, le véhicule fait escale à Lyon dans un contexte géopolitique défavorable à l'Ukraine. Ressortissants ukrainiens réfugiés à Lyon, Denys Yuzhakov et Marichka Horbatovska ne cachent pas leur inquiétude au sujet du nouveau locataire de la maison blanche.
Personne ne veut donner son territoire
Il ne sera investi que le 20 janvier. Mais Donald Trump a déjà défrayé la chronique au sujet de l'Ukraine. D'un côté, le milliardaire a pris le soin de mettre en garde Vladimir Poutine contre une escalade, selon le Washington Post. De l'autre, il a annoncé ne plus vouloir financer l'effort de guerre Ukrainien. Tandis que d'après son entourage, le Président encourage l'avènement d'une solution de paix, où la Russie conserverait les territoires conquis à l'Ukraine.
"Il veut finir la guerre sans l'Ukraine", résume Denys Yuzhakov avec ses mots. "Personne ne veut donner son territoire. La France n'accepterait jamais de donner Marseille". Pour autant, l'étudiant en cinéma l'admet : la population ukrainienne est épuisée. Ses parents les premiers :
Chaque jour, je les appelle à Kharkiv et j'entends des explosions. Ma mère pleure. Mon père dit qu'ils n'ont pas d'autre choix que de rester là-bas.
Denys Yuzhakov, réfugié ukrainien à Lyon
Parfois, Denys se demande donc si une telle solution est envisageable, du moment qu'elle met un terme à la guerre.
"Si c'était pour la vraie paix"
Marichka Horbatovska s'est posé la même question. Elle y a vite répondu. Selon elle, le discours laisse "très peu d'ambiguïté sur qui des deux devraient abandonner ses territoires et son intégrité".
Si c’était pour la vraie paix, beaucoup de personnes seraient d’accord. Mais ça ne rassure pas, tel que c’est proposé. Si on suivait ce scénario, je ne retournerais pas dans ma ville natale car je serais dans l’attente de la prochaine invasion.
Marichka Horbatovska, réfugiée ukrainienne à Lyon
Ni Denys, ni Marichka ne croient que Vladimir Poutine puisse s'arrêter là. Cet été, la jeune femme de 24 ans a pu retourner en Ukraine et revoir son père, pour la première fois depuis deux ans.
"Prendre un café dans la maison familiale", retrouver "des codes culturels compréhensibles", ces plaisirs oubliés lui ont permis de "retrouver le calme". De quoi lui donner du courage, même après les mauvaises nouvelles d'Amérique. "On espère le meilleur, mais on se prépare pour le pire".