Le Pôle France d'aviron s'offre une seconde jeunesse à Miribel-Jonage. Dans les prochains mois, l'infrastructure vieillissante de la fédération va se transformer en un vrai centre d'entraînement pensé pour les rameurs. Les pouvoirs publics profitent du calendrier olympique pour reconsidérer leur soutien au sport de haut niveau.
Deux décennies qu'ils rament avec difficultés. 1993 : les pratiquants de l'aviron délaissent l'île Barbe et les quais d'une Saône "capricieuse" pour la quiétude des eaux du parc de Miribel-Jonage. Pour travailler "la finesse du geste", un environnement naturel idéal, pourtant dépourvu d'aménagements dédiés à leur pratique sportive.
Quelques menus travaux seront effectués, mais le site de l'atol' n'a alors pas vocation à devenir le camp de base de sportifs de haut niveau. "Nos athlètes s'entraînent aujourd'hui dans des locaux inadaptés et insalubres", déplore Bastien Tabourier, responsable du Pôle France régional de la fédération française d'aviron (FFA), l'un des cinq du genre dans l'Hexagone.
Une bouffée d'air frais, dans le sillage de Paris 2024
Les infrastructures "tombent en désuétude" et n'ont pas été pensées pour l'aviron. À la sortie de l'entraînement, les rameurs retournent en cours sur le campus de la Doua ou au travail. Mais aucun espace ne leur permet d'étudier ou de passer des appels professionnels sur le site. Bastien Tabourier, dans le même bateau, doit même pousser les murs : "on n'a pas de salle pour recevoir le médecin ou nos kinésithérapeutes, alors je laisse mon bureau pour les consultations."
À la veille des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, le gestionnaire des équipements sportifs du parc a mis à disposition du pôle France une structure temporaire pour préparer la compétition dans de meilleures conditions. "Maintenant, on a des douches propres, une salle de musculation adaptée, mais c'est toujours du temporaire."
Les travaux de modernisation débuteront en 2024, "en étant vigilant à ce qu'ils n'affectent pas notre préparation pour les Jeux", précise Bastien Tabourier. À terme, la création de ce centre d'entraînement peut faire la différence sur l'eau : "nos athlètes vont pouvoir s'entraîner dans des conditions similaires à leurs concurrents étrangers", alors que les autres nations se professionnalisent. En plus du plan d'eau de 240 hectares, le projet promet des hangars couverts pour les embarcations ou encore un espace dédié à la récupération et une salle d'analyse vidéo : des avancées appréciées.
"Donner l'eau à la bouche"
Cofinancée par l'État, les collectivités territoriales et la fédération, la rénovation se chiffre à 1,8 million d'euros. L'agence nationale du sport s'est engagée à hauteur de la moitié de ce montant. De quoi "offrir sur notre territoire aux meilleurs athlètes de l'aviron français des conditions de réussite optimales", se félicite Alexandre Nanchi, conseiller régional délégué au Sport, dans un communiqué. La région Auvergne-Rhône-Alpes, comme la métropole de Lyon, a de son côté mis sur la table une enveloppe de 300 000 euros.
Un juste retour des choses pour le numéro 1 lyonnais de la fédération nationale d'aviron : "après les résultats des deux dernières olympiades (Tokyo 2020 et Rio 2016, NDLR), les sportifs rhodaniens méritaient des équipements de qualité pour pouvoir s'entraîner, exprimer pleinement leur potentiel." L'enjeu pour les pouvoirs publics comme pour la FFA est aussi de susciter davantage d'envie chez la relève.
Bastien Tabourier estime qu'"il y a toujours un vrai souci de rayonnement régional pour faire toucher du doigt le très haut niveau aux jeunes pousses locales". Les équipements flambant neufs, découverts au détour d'un stage, devraient contribuer à inverser la tendance. Une trentaine de rameurs pourront évoluer simultanément sur le site du lac des Eaux bleues à l'issue des travaux, d'ici le premier trimestre 2025.