Après l'avoir remplie et signée, vous devrez adresser votre déclaration de revenu au service des impôts des particuliers avant minuit ce mardi 21 mai 2024. Après minuit, il sera trop tard pour la version papier, mais vous pourrez encore vous rabattre sur la déclaration en ligne. Les usagers de la métropole de Lyon et du Rhône ont jusqu'au 6 juin pour déclarer leurs revenus 2023 sur internet.
Quelques jours avant cette date limite pour déposer sa déclaration de revenu papier, certains particuliers n'ont pas hésité à se lever aux aurores pour venir au centre des Finances Publiques de la rue Garibaldi à Lyon. À l'extérieur du bâtiment, des rangées de boîtes aux lettres vertes ont été disposées pour permettre de déposer sa déclaration papier dûment complétée et signée. Mais avant de déposer son enveloppe, c'est un long parcours pour certains contribuables.
Interminable file d'attente
"À 7 h 15 déjà, il y avait beaucoup de monde", explique un jeune homme qui patiente. Une heure et demie plus tard, alors que le centre ouvre à peine ses portes, la file d'attente s'étire sur plusieurs dizaines de mètres. "On m'a dit qu'à 6h du matin, il y a déjà des gens qui font la file alors que ça ouvre à 8 h45. Avant, on pouvait venir l'après-midi. On allait à l'accueil, on nous dirigeait. Aujourd'hui, il faut vraiment anticiper", explique une Lyonnaise.
Des personnes de tous âges, documents en main, patientent debout et en silence. Certains sont venus avec de très jeunes enfants. Les usagers entrent enfin au compte-goutte dans l'austère bâtiment des années 70. Barriérage, agent de sécurité, informations écrites sur le temps d'attente… Devant la cité administrative du 3ᵉ arrondissement, tout est fait pour canaliser le public et éviter les incidents.
Depuis le Covid, les contribuables sont reçus sans rendez-vous en matinée, uniquement les lundis, mardis, jeudis et vendredis. L'accueil est fermé le mercredi et les après-midi. Regrettable pour beaucoup et notamment pour ceux qui peinent à remplir les formulaires.
Cas particuliers, exonérations complexes, jargon administratif... Déclarer ses revenus, un acte citoyen et obligatoire, pas toujours simple. Certaines situations rendent la tâche encore plus compliquée. Dans le cas d'un veuvage ou d'une succession par exemple. "J'ai passé 30 appels téléphoniques sans succès, je suis venue et on me dit de faire la queue comme les personnes qui font les déclarations d'impôts. Mais de toute façon, ils m'ont dit qu'ils ne vont pas me recevoir aujourd'hui (..) On rame, on est dans des situations surréalistes parfois", déclare avec consternation, une femme venue à l'improviste pour "faire remplir un simple papier". "Ça me rend dingue. Il y a deux ans, et il n'y avait pas la queue comme ça", déplore un autre contribuable.
"Je n'ai pas internet"
Ce matin-là, certaines personnes sont venues retirer un formulaire, demander des conseils ou des informations pour remplir correctement leur déclaration de revenus. "Pour remplir le formulaire, sur internet, c'est très compliqué. Il faut faire et refaire. Pour avoir des réponses claires, je viens ici. La seule réponse, c'est ici, c'est chez eux", déclare un usager en montrant du doigt le bâtiment. "C'est plus que désespérant, c'est honteux. C'est désolant de voir ça". La file d'attente, il ne se l'explique pas.
Mais les contribuables sont parfois bien démunis et surtout confrontés à la fracture numérique. Alors se rendre au centre des impôts pour rencontrer une personne physique est souvent leur seule alternative.
"Je n'ai pas internet, c'est un peu compliqué", déclare une retraitée rencontrée dans la file d'attente, venue chercher un imprimé. Une situation qui met en évidence une fracture numérique bien réelle face à l'administration fiscale.
"Service public, richesse des pauvres"
Ce phénomène de file d'attente n'est pourtant pas nouveau. "En période de campagne d'impôts sur le revenu, on a toujours eu des files importantes. Elles sont plus impressionnantes, car les horaires de réception sont moins élargis", explique Véronique Grataloup, secrétaire du syndicat Solidaires Finances Publiques 69.
Mais aujourd'hui, les syndicats déplorent que l'accueil en présentiel n'ait plus les faveurs de la Direction des Finances publiques. Pour eux, ce sont les usagers qui pâtissent des baisses d'effectifs de fonctionnaires des dix dernières années. La direction souhaite privilégier internet et téléphone, indique cette syndicaliste. "On a réorienté les effectifs sur d'autres missions que la mission d'accueil, qui n'est pas la mission privilégiée actuellement. C'est pour cela que ça crée ce souci. Évidemment, on est contre cette politique-là puisqu'on est un service public avant tout. Le service public, c'est la richesse des pauvres (..) La volonté de notre administration est de désintoxiquer les gens de la réception physique", ajoute Véronique Grataloup.
Alternatives numérique et téléphonique
Pour la Direction Régionale des Finances publiques, cette affluence devant le centre des impôts de Lyon n'a rien d'étonnant à cette période de l'année. Mais l'usager aurait tout à gagner à privilégier les appels téléphoniques ou la plateforme internet.
"On essaie de développer et de promouvoir l'accueil à distance, de façon à pouvoir répondre le plus vite possible et le mieux possible à l'usager, et d'éviter aussi qu'il ait besoin de revenir. La priorité, c'est la qualité de service à l'usager", explique Pierre Carré, directeur adjoint. "On souhaite améliorer la qualité du service rendu à l'usager, c'est l'objectif principal. La qualité principale est de lui répondre rapidement et précisément, en lui évitant des déplacements et de l'attente", insiste-t-il. "La Dgfip est encore un des services publics qui reste encore ouvert au public, accessible sur des créneaux horaires et des créneaux journaliers assez amples", ajoute-t-il.
Pour éviter les files d'attente, un numéro d'appel gratuit (0 809 401 401) avec prise de rendez-vous téléphonique. Il existe en outre des points France Services dans le département du Rhône.