Auvergne-Rhône-Alpes est la première région française dans le secteur industriel du textile. Spécialisée dans la fabrication de textiles industriels et techniques, elle excelle aussi dans la maroquinerie. Le textile emploie désormais plus de 20.000 salariés dans la région.
Auvergne-Rhône-Alpes a toujours la fibre textile. Selon une étude que vient de publier l'Insee, notre région réunit plus d'un cinquième des emplois du secteur textile en France, ce qui en fait la première région employeuse de France devant l’Île-de-France, les Pays de Loire et les Hauts-de-France. En Auvergne-Rhône-Alpes, l'industrie textile emploie plus de 20.000 salariés au sein de 900 entreprises, pour l'essentiel des PME, selon l'Insee.
L'innovation dans les textiles techniques
La région se distingue avec trois spécialités. En premier, la fabrication de textiles industriels et techniques, qui représente 19% des emplois du secteur textile régional, soit onze points de plus qu’au niveau national. Des matériaux utilisés par l’automobile ou le milieu médical.
Le tissage est la deuxième spécialité, avec 14% des emplois du secteur, contre 6% au niveau national. Enfin, la fabrication d’articles de voyage, de maroquinerie et de sellerie représente 34% de l’emploi du secteur textile.
L’industrie du sac à main de luxe est particulièrement implantée dans la région. C'est d'ailleurs le secteur de la maroquinerie qui a permis de créer le plus d'emplois ces dernières années.
Le textile, patrimoine de la région
La bonne santé du secteur textile s'explique d'abord par son ancrage de longue date dans l'économie régionale. Depuis plus de deux siècles, la soierie de Lyon, les étoffes imprimées de Bourgoin-Jallieu ou encore les chaussures de Romans-sur-Isère par exemple, font partie du patrimoine culturel régional.
Des magnaneries d'Ardèche où naissait le fil de soie aux fabriques du Roannais, florissantes du 19ᵉ siècle aux années 60, la région est l'un des berceaux de l'industrie textile française. La crise des années 70 a certes mité le tissu des entreprises du secteur.
L'odyssée de la soierie lyonnaise
Même le plus précieux des tissus, la soie, a connu des revers terribles. On l'a oublié, mais il fut un temps où près de la moitié de la population de Lyon vivait du travail de la soie, privilège accordé aux Lyonnais par François 1er en 1536. Le roi avait alors passé un accord avec les maîtres italiens pour qu’ils puissent s’installer à Lyon, avec en contrepartie l’obligation de transmettre leurs secrets de fabrication aux tisseurs lyonnais. En 1801, Jacquard invente son métier à tisser, à base de cartes perforées. Une industrie artisanale se met en place. Très vite, on comptera jusqu’à 30.000 tisseurs dans la ville.
En 1831 éclate la première révolte des canuts. Férocement réprimée, elle se solde par 600 morts et 10 000 arrestations. L'industrialisation sonnera la fin de l'âge d'or de la soierie lyonnaise, l'avènement des tissus synthétiques (nylon et polyester) finira le travail. Mais quelques ateliers lyonnais ont réussi à survivre, en choisissant le secteur du luxe avec les commandes des palais nationaux et la haute couture.
Roanne et la bonneterie
Autre fief historique du textile en Auvergne-Rhône-Alpes : le bassin roannais. Dès le Moyen Âge, les paysans tisseurs travaillaient le lin et le chanvre. Les nombreuses rivières du secteur offraient une énergie indispensable au fonctionnement des usines textiles. La pureté de l'eau était parfaite pour la teinturerie. Sans compter la proximité des soyeux lyonnais qui, après la révolte des canuts, trouvèrent dans le nord de la Loire une main-d’œuvre qualifiée. C’est alors que le tissage roannais prend son essor, avec des milliers de métiers et d’ouvriers. Entre 1821 et 1891, la population de la ville sera multipliée par 4.
Outre le tissage, Roanne développe la bonneterie, une maille tricotée. Dès 1880, le tricotage mécanique, beaucoup plus rentable, fait son apparition. De 25 ateliers en 1914, la ville passe en 1939 à 200 ateliers, 1500 métiers et 5000 salariés. La bonneterie fournit aussi des emplois de "finition" à domicile, dévolus aux mères de famille, à une époque où très peu de femmes travaillent. Le taux d’activité de la population féminine de Roanne est alors le plus élevé de France.
1970-1980 : la décennie de l'horreur
Mais les années 70, "décennie de l'horreur", vont tout emporter. La crise des chocs pétroliers, les délocalisations et la montée en puissance de la concurrence asiatique vont abattre les manufactures roannaises les unes après les autres. Fin de l'âge d'or.
Aujourd'hui, le textile du bassin roannais est en plein renouveau. Une centaine d'entreprises tirent leur épingle du jeu en misant sur l'innovation, la diversification, la prise en compte des enjeux environnementaux ou encore le made in France.
Romans, capitale de la chaussure en cuir
Le scénario est sensiblement le même dans la Drôme, à Romans-sur-Isère. Héritière d'une longue tradition de tannage des peaux, l'industrie du cuir et de la chaussure de luxe a forgé durant plus d'un siècle l'identité de la ville, lui offrant une notoriété exceptionnelle au plan national et international.
Devenue entre les deux guerres, "ville de la chaussure", Romans compte dans les années 60 plus de 200 entreprises et plus de 5000 personnes travaillant dans le secteur de la chaussure.
Mais là aussi, avec l'internationalisation des échanges et l'ouverture à la concurrence des pays à faible coût de main-d’œuvre, cette industrie connaît, à compter de la fin des années 70, un véritable effondrement de son activité, entraînant de très nombreuses fermetures d'entreprises de renom et de massives suppressions d’emplois dans le secteur.
Le renouveau des TPE et du cuir de luxe
Aujourd'hui, le travail du cuir et de la maroquinerie reprend des couleurs dans la région, avec de multiples TPE et de grands noms du luxe, comme Hermès, implanté à Lyon, Clermont-Ferrand et dans les zones d'emploi des Alpes ou encore Louis Vuitton, dont les ateliers sont répartis autour de Romans-sur-Isère, Vienne, Annonay et Vichy.