Un réseau d'entreprises novatrices se déploie dans le domaine de la transformation et de l'utilisation industrielle de l'hydrogène autour de Lyon et dans toute la région Auvergne Rhône-Alpes. Une filière à très haut potentiel.
La région prévoit d'investir plus de 100 millions d'euros dans la filière de l'hydrogène. Quatre stations sont déjà installées sur notre territoire. "Depuis 2017 nous investissons dans cette filière avec la mobilité, la création d'une société en partenariat public privé dont la Région est actionnaire à 33%, pour développer une vingtaine de stations dans le territoire", explique, Thierry Kovacs, vice-président du Conseil Régional Aura.
La Région ambitionne même de devenir la référence en Europe, avec ses plus de 150 entreprises qui travaillent dans l'hydrogène : "un tiers des acteurs français de l'hydrogène se trouvent ici", renchérit Thierry Kovacs. En périphérie de Lyon, une "gigafactory" de Symbio, produit des “piles à combustibles hydrogènes”. Elle a été inaugurée en décembre 2023. En février 2020, l'hydrogène décarboné est considéré comme prioritaire par l'Etat : 7 milliards d'euros d'investissement sur 10 ans sont prévus. L'usine de Saint-Fons est alors soutenue à hauteur de 600 millions d'euros.
L'objectif est multiple : indépendance énergétique, décarbonation, stockage des énergies vertes et réindustrialisation.
Qu'est-ce que l'hydrogène ?
L'hydrogène est une molécule présente dans l'eau et dans les hydrocarbures comme le gaz naturel. Le gaz est utilisé dans l'agriculture et les industries de la pétrochimie. L'ambition de la région Auvergne-Rhône-Alpes est donc de l'utiliser comme énergie pour les transports, soit comme carburant soit via une pile à combustible.
Cela pourrait servir à décarboner nos transports mais à condition d'utiliser un hydrogène "vert". Car il en existe plusieurs types. Celui qui prédomine à 95% est le "gris", issu du "reformage" à partir d'hydrocarbures. Les rejets sont du CO2 en masse, le procédé est donc nocif pour le climat.
Un gaz coûteux mais plein de promesses
À l’inverse, l'hydrogène "vert" est obtenu grâce à l'électrolyse. En somme, "on casse la molécule d'eau par un courant électrique qui décompose l'eau en dioxygène et en dihydrogène", explique Philippe Vernoux, chercheur au CNRS et un des grands spécialistes de l’électrolyse. Le courant électrique, provient d'une énergie renouvelable, produite par le solaire, l'éolien ou l'hydraulique. Là, le rejet est de l'eau pure.
Or, cet hydrogène, bon pour le climat, représente un investissement. Il reste "deux fois plus cher à produire que celui obtenu par les hydrocarbures", nous précise Philippe Vernoux. Casser de l'eau coûte cher.
L'hydrogène gris représente déjà douze euros le kilo en station-service spécialisée. Les batteries et ces véhicules utilisant l'hydrogène sont onéreux, avec un prix deux à trois fois plus élevé que leur équivalent électrique ou thermique. Le pari est donc le suivant : produire mieux, baisser les coûts et ainsi alimenter les transports lourds.....mais aussi l’industrie, avec une énergie presque entièrement décarbonée. C’est d’ailleurs le projet de la CNR, la Compagnie nationale du Rhône, qui prévoit de construire une usine à hydrogène vert, à deux pas de l'entreprise Symbio à Saint-Fons.
"Notre projet est de développer une unité de production d'hydrogène renouvelable à côté de l'usine hydroélectrique pour produire cet hydrogène vert et qu'on pourrait acheminer dans la vallée de la chimie.", détaille Frédéric Storck, directeur de la transition énergétique et de l’innovation CNR.
Produire de l'hydrogène de façon plus responsable et plus efficace est "un objectif atteignable et chiffré par l'Europe" selon le CNRS. Autre source d'optimisme, les découvertes, récentes, de grandes poches souterraines d’hydrogène naturel, de l'hydrogène blanc, dont l’exploitation pourrait encore accélérer la transition vers cette énergie.