"J’avais besoin de donner du sens à ma vie" à 37 ans, Adrien vient d’être ordonné prêtre au diocèse de Lyon

Le jour J : l'ordination pour Amaury Martini, Séverin Lang et Adrien Dagois, trois jeunes séminaristes âgés de 28 à 37 ans. Ils sont officiellement devenus prêtres dimanche 27 juin 2021 au sein du Diocèse de Lyon. Un chemin vers la foi loin d'être tout tracé Adrien Dagois. Récit.

"Ici, je suis un vieux !" nous a confié Adrien Dagois, alors qu'il m'accueille au séminaire provincial de Lyon. Il a  un brin de malice dans la voix et un sourire à peine perceptible alors qu'il prononce ces mots. C'était quelques jours à peine avant son ordination, le dimanche 27 juin 2021. Le séminaire est situé à un jet de pierre de la basilique. Ce lieu paisible, idéal pour l'étude, accueille chaque année une quarantaine de jeunes gens, diacres et futurs prêtres.  

Un âge canonique ? Adrien Dagois n'a que 37 ans et il a déjà passé sept années dans ces murs, à étudier et à prier. Alors qu'il se prépare à prononcer ses voeux, il ne laisse rien paraître, ni nervosité, ni impatience. Ses années de séminaire l'ont visiblement préparé à franchir cette étape avec une certaine sérénité. Il s'est confié sur sa vocation tardive... 

Un brillant ingénieur en quête de sens

À la fin du mois de juin 2021, 130 nouveaux prêtres ont été ordonnés en France, dont trois dans le Diocèse de Lyon. Adrien Dagois en fait partie. Rien ne le prédestinait pourtant à devenir embrasser une carrière ecclésiastique. Le jeune homme originaire du sud de la France n'a pas été élevé dans la foi. Enfant, il n'a pas été baptisé. Au contraire, "ma mère est croyante mais ne pratiquait pas vraiment. Mon père est anticlérical !" assène le futur prêtre avec un grand sourire. "Je n'ai pas été élevé dans la culture chrétienne". Alors comment expliquer la conversion tardive de ce brillant ingénieur ? 

Je me posais des questions : quel sens a mon travail ? A quoi sert ce que je fais? Je n'étais pas nourri intérieurement. J'avais besoin de donner un sens à ma vie. 

Adrien Dagois.

Après passé deux ans aux Etats-Unis, employé dans le secteur de l'aéronautique, c'est un voyage en Inde qui a été le tournant dans sa vie. Il était âgé de 25 ans. Ni une révélation brutale, ni un coup de tête. C'est une rencontre avec des chrétiens, des bénévoles d'une association d'aide à une centaine d'enfants handicapés, qui a "touché au coeur" le jeune homme.

"La foi, pour moi, c'est venu quand j'ai vu des gens donner leur vie pour les autres, reporter leur mariage pour aider des enfants handicapés," raconte-t-il. "Je me suis senti aussi appelé à donner ma vie pour quelque chose de grand, quelque chose qui fasse du bien aux autres, aux plus fragiles, aux plus faibles. Le sens de ma vie, c'est faire le bien."

Et une fois ce constat posé, c'est une volonté d'endosser l'habit qui s'est imposée. Elle s'est traduite par des années de formation au séminaire. Un temps indispensable pour "construire ce projet" et un chemin pavé de questionnements avant la case "ordination".  

"On ne peut pas être chrétien seul ! "

Adrien Dagois est entré au séminaire deux ans après son baptême. Il explique avoir très vite éprouvé le besoin d'intégrer une communauté. Avec ses chambres individuelles, ses espaces collectifs, sa bibliothèque et son grand réfectoire, le séminaire provincial de Fourvière ressemble davantage à un internat huppé qu'à un monastère coupé du monde. Il n'en reste pas moins une sorte de cocon protecteur aux yeux des profanes qui en franchissent les portes. Le futur prêtre prévient : cette vie en communauté est loin d'être une vie recluse et coupée du monde. Le temps s'écoule entre les cours au séminaire et les enseignements à l'université et pour Adrien, les week-ends à Roanne, dans le "siècle", auprès des paroissiens. Des plongées régulières dans la vie réelle. 

Après son ordination, Adrien Dagois va encore passer une année au séminaire pour terminer ses études. Le jeune homme a éprouvé le besoin de poursuivre ses études en master, pour fortifier ses bases et "consolider sa foi". Entre les transports aériens et le transport divin, le séminariste a visiblement fait un véritable grand écart. Le jeune ingénieur, qui "faisait voler des avions", est-il aujourd'hui fondamentalement différent ? Pas vraiment. Il n'oppose pas sa foi et la science. "Je suis Adrien Dagois, je reste aussi un ingénieur !" affirme-t-il.

Aujourd'hui, le futur prêtre est bien conscient qu'il entre au service d'une Église bousculée, notamment par les affaires d'abus sexuels, notamment dans le Diocèse de Lyon, avec l'affaire Preynat. C'est pourquoi les séminaristes reçoivent aussi aujourd'hui des enseignements complémentaires "en psychologie, en connaissance de soi, sur la sexualité", en plus de la théologie et de la philosophie, de la formation pastorale. Mais il l'assure, sa foi n'a pas vacillé.

Qu'ont pensé ses proches ?

Impossible de ne pas interroger le jeune homme sur le renoncement à une vie de famille et au mariage. "Je sais que j'aurais fait un bon père de famille" mais se dit appelé par quelque chose qui le dépasse. "Je veux avoir un coeur disponible pleinement pour les gens," explique-t-il.

Comment sa famille a-t-elle perçu sa vocation? "Quand j'ai reçu la foi, cela a bousculé la famille". Adrien Dagois le raconte avec des mots simples : "mon père ne comprenait pas ce que je vivais. Ma mère s'est remise à pratiquer". Surprise aussi dans la fratrie. "Beaucoup de mes amis n'ont pas compris non plus". Son père était présent à son baptême, à son ordination diaconale. Il devait également assister à son ordination sacerdotale ce dimanche 27 juin. "Il m'aime comme un père. Je crois qu'il est tout de même un peu fier", a confié le futur jeune prêtre. Peut-être est-il tout simplement heureux de voir son fils épanoui! Le visage du jeune séminariste s'illumine, un peu pris au dépourvu. "Peut-être! Je n'y avais pas pensé!".

Le jour J : l'ordination sacerdotale

Amaury Martini, 33 ans, Séverin Lang, 29 ans et Adrien Dagois, 37 ans, ordonné prêtre le dimanche 27 juin en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon. 

Après l'ordination, Adrien Dagois partait en mission à Belleville-sur-Saône, à la rencontre des autres.

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