Des habitants de Saint-Pierre-La-Palud, à l'ouest de Lyon, ont pris la route de la Roumanie pour aller chercher 11 réfugiés ukrainiens et apporter du matériel médical à la frontière de l'Ukraine. Partis vendredi 4 mars, ils étaient de retour dans l'agglomération lyonnaise ce lundi 7 mars au matin.

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Le convoi composé de deux minibus était de retour au bercail. Les deux véhicules sont arrivés ce lundi 7 mars, au petit matin, à Saint-Pierre-la-Palud, dans le Rhône. Les conducteurs ont peu dormi, encore sous tension et chargés d'émotions. C'est le cas de Ludovic Verrier : "On est arrivés à 6 h du matin à Saint-Pierre-la-Palud. J'ai peu dormi mais je suis en pleine forme. Cette aventure, ça porte ! Ça donne de l'énergie !" Il l'avoue, depuis vendredi et le départ pour la Roumanie, il a dormi moins de six heures.  

Aller-retour humanitaire express

Ludovic vient de boucler un voyage aller-retour express de presque 5000 kilomètres. Une formidable aventure humaine et une opération humanitaire accomplie avec cinq autres Saint-Pierrois. Ils ont fait la route retour entre la frontière Roumaine et Lyon avec des familles originaires d'Ukraine : des femmes et leurs enfants dont certains très jeunes.

Et Ludovic ajoute qu'il était difficile de dormir à l'arrivée tant l'excitation était à son comble à la maison : " quand je suis rentré mes enfants ont voulu que je leur raconte tout avant de partir à l'école. En plus, avec les enfants ukrainiens, ils ont joué du piano ce matin!" 

Durant ce trajet entre la frontière roumaine et la France, des liens très forts se sont noués entre les familles réfugiées et les habitants de Saint-Pierre-la-Palud. 

"Les adieux vont être difficiles", confiait Ludovic ce matin, "les enfants pleurent, ils ne veulent pas partir de chez moi. Il y a une petite fille âgée d'un an et demi qui ne me lâche pas depuis le début", raconte le père de famille. "Ils ont conscience qu'on était là pour eux et rien que pour eux !" explique-t-il, presque gêné par les remerciements

Ce lundi 7 mars à midi, Ludovic a accompagné les deux mamans et les quatre enfants, âgés de 18 mois à 14 ans, à Lyon pour les confier à une association franco-ukrainienne qui prend le relais

Aller-retour aux frontières de l'Ukraine

Cet aller-retour aux confins de l'Europe, effectué en trois jours seulement, a servi à convoyer du matériel médical mais aussi des produits de première nécessité, à Siret. La ville est située en Roumanie, à la frontière ukrainienne.

Ce sont des habitants, adjoints ou conseillers municipaux, ainsi que l'ancien maire, Yvon Olivier, qui ont fait partie du voyage. La petite équipe bénévole a régulièrement donné des nouvelles sur la page Facebook de la mairie. Le samedi 5 mars, la première partie de la mission était déjà remplie : l'acheminement de matériel médical.

Au retour, les deux véhicules du convoi ne sont pas revenus à vide : ils ont conduit vers la France 11 réfugiés Ukrainiens, des mères et leurs enfants.

Aller chercher ces réfugiés et les ramener en région lyonnaise, c'est Morgan Griffond, le jeune maire de Saint-Pierre-La-Palud, qui est à l'origine de cette initiative. "Tout s'est décidé très rapidement, le jeudi matin. Un véritable branle-bas de combat", raconte Yann Candy, directeur général des services à la mairie.  "C'est notre maire dans toute sa splendeur", lâche-t-il avec une pointe d'humour mais aussi de fierté dans la voix. L'élu et la petite commune de 2600 habitants des Monts du Lyonnais n'ont pourtant aucun lien avec l'Ukraine. Impossible cependant de rester les bras croisés. Il a fallu trouver une association et surtout un contact sur place, à la frontière. L'idée : aller chercher sur place des familles identifiées qui avaient des contacts en France. 

"Quand on est arrivé sur place, dans le bureau des associations, les mamans et les enfants étaient prêts à partir. Ils étaient tous prêts. J'ai senti qu'ils voulaient juste fuir le pays et la situation actuelle," raconte Yvon Olivier, l'ancien édile de Saint-Pierre-la-Palud. Le départ s'est décidé très vite, "en 5 à 10 minutes, on n'a pas hésité, on est reparti en pleine nuit avec ces gens. On venait de traverser les Carpathes". Le passage le plus délicat pour rentrer en France ? "La frontière entre la Roumanie et la Hongrie, un important point de passage pour les réfugiés : 4h30 d'attente à cause de l'affluence des voitures," raconte l'ancien élu

Les femmes et enfants en provenance d'Ukraine, accompagnés par les six habitants de Saint-Pierre-la-Palud. Un long chemin et plusieurs frontières à traverser pour rejoindre la France.

"Faire quelque chose"

Si deux familles sont arrivées saines et sauves à Saint-Pierre-la-Palud. Deux autres familles, deux mamans et trois enfants, ont été acheminées jusqu'à Valence un peu plus tôt pour être hébergées par des connaissances. L'un des minibus a fait un crochet ce lundi matin par la Drôme. Il était 5h. Guillaume Vanheule, charpentier et chef d'équipe, a été le conducteur de ces deux familles. Comme Ludovic, lui aussi a peu dormi ces derniers jours. Une petite dizaine d'heures seulement, pas davantage. Ce matin, encore sous l'effet de la caféine et de l'émotion, il est retourné au travail, sur son chantier. Un retour à la vie d'avant, non sans avoir essuyé quelques larmes en quittant ces exilés. 

"J'avais le choix, rester sur mon canapé ou agir pour des gens qui en ont besoin".  Cet habitant de Saint-Pierre-la-Palud n'a pas hésité lorsque Yann Candy lui a proposé de faire partie du voyage vers la Roumanie. "On n'a pas souvent l'occasion de faire quelque chose qui compte pour les autres. Si l'occasion se présentait à nouveau, je le referai. Je serais prêt à traverser la moitié de l'Europe pour aider quelqu'un", confie Guillaume. Avec ces familles, il gardera le contact. Mais il gardera surtout en mémoire les sourires, les échanges en anglais et l'image de leurs visages rassurés. 

A propos de cette opération qui "vient du coeur" , Yvon Olivier résume aujourd'hui: "la solidarité, c'est la base de l'humanité".

Une nouvelle opération de ce type pourrait être prochainement organisée. Le maire actuel pourrait partir à l'occasion de ce second convoi, a confié Yann Candy. Mais pour l'heure, "la priorité est de mettre un terme à cette première mission".

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