Dans "Place au débat", les candidats à la présidentielle se soumettent aux questions des étudiants de sciences politiques. Ce jeudi 27 janvier, c'était à Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière, de se rendre à l'IEP de Lyon. L'administration s'est appuyé sur une récente circulaire du premier ministre pour refuser l'accès à l'établissement aux journalistes et photographes.
Parka kaki et écharpe rouge, la candidate à l'élection présidentielle de lutte ouvrière franchit la grille de l'Institut d'Etudes Politique, avenue Berthelot à Lyon. Elle a été invité par les étudiants de Sciences Po à débattre.
Les journalistes et photographes, eux, n'y auront pas accès. Impossible de relater les questions des quelques 200 étudiants, de dépeindre l'ambiance de la rencontre, une circulaire du 1er ministre l'interdit.
Principe de neutralité dans les services publics
Officiellement, c’est une circulaire du premier ministre, concernant les déplacements des candidats dans les services publics qui empêche l’accès des journalistes ou photographes au nom de la neutralité dans les services publics.
Interrogée, Nathalie Arthaud n'a pu qu'exprimer sa perplexité. "Je suis prête à parier que c’est une neutralité à géométrie variable parce que si Emmanuel Macron se faisait inviter et acceptait d’aller débattre dans un IEPP, je serai très étonnée qu’il n’y ait pas de caméra ! Ça fait partie des choses qui ne sont pas très démocratiques." La candidate conclue "Vous savez, je peux vous faire la liste de ce qui n’est pas démocratique dans cette élection, elle est sacrément longue."
Elle s'éloigne en souriant avant de rejoindre les étudiants.
Un respect des consignes à la lettre
Le rectorat explique respecter scrupuleusement les consignes. Il a été demandé à la direction de l’établissement universitaire d'appliquer la circulaire éditer par Jean Castex, comme le confirme Helène Surrel, directrice de Sciences-Po Lyon «Il m’a été indiqué qu’il n’était pas possible de procéder à une médiatisation de l’événement ou à une diffusion ou rediffusion. Donc, en fait, reprend la fonctionnaire, il doit s’agir d’un événement, en quelque sorte, interne à l’établissement. Moi, en tant que directrice d’un établissement public administratif je suis tenue d’appliquer l’interprétation qui est retenue par les autorités gouvernementales. Et je n’ai pas en faire l’analyse».
"Si on ne débat pas à l’université, où est-ce que l’on débat?"
Les étudiants qui travaillent depuis des mois sur ce cycle de conférences pour faire venir tous les candidats à l’élection présidentielle sont consternés.
Marin Plathey, vice-président de l'association "Place au Débat" a du mal à cacher sa déception. « On voulait vraiment donner la parole à tout le monde, les candidats de tous partis politiques. On trouvait que c’était un bon moyen de le faire et là, on est un peu déçu.» Edgar Sanson, aussi membre de l'association, surenchérit. «Si on ne débat pas à l’université, où est-ce que l’on débat? C’est aussi ça, qui rajoute de l'incompréhension par rapport à cette interdiction. Nous restons dubitatifs".
Une incompréhension nourrie par les images de presse d'autres candidats en visite dans des établissements publics.