Journée internationale des avocats en danger : le Barreau de Lyon dénonce la situation de ses confères colombiens

Chaque année, le 24 janvier, les avocats des Barreaux de France se mobilisent pour dénoncer la situation de leurs confrères en Colombie. Ce lundi midi, les avocats de Lyon étaient appelés à se réunir à midi, en robe, devant le tribunal judiciaire, dans le 3e arrondissement, en soutien aux avocats menacés, en Colombie mais aussi partout dans le monde.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ce lundi 24 janvier 2022 a lieu la 12e Journée internationale des avocats en danger. Depuis 2009, cette journée a vocation à attirer l’attention de la société civile et des pouvoirs publics sur la situation des avocats dans un pays particulier. Cette année, la mobilisation est dédiée à la situation en Colombie où les avocats sont persécutés et empêchés d’exercer librement. Cette journée est relayée en France, à l'initiative du Conseil National des Barreaux, auprès des 164 Barreaux de l'hexagone. Celui de Lyon qui est le 2e de France, compte 3700 avocats. 

Les avocats du barreau de Lyon se sont mobilisés pour soutenir leurs homologues colombiens persécutés. Arborant les portraits de quatre de leurs collègues colombiens, ils étaient rassemblés à la mi-journée devant le nouveau palais de justice, dans le 3e arrondissement de Lyon. Un rassemblement symbolique en robe d'avocat.

Des avocats persécutés en Colombie

"La Colombie est marquée par de profondes crises," rappelle sur son site internet l'Observatoire International des Avocats en Danger (OIAD). L'observatoire évoque cinq décennies de conflits armés internes "impliquant l’État, les paramilitaires, les guérillas et les trafiquants de drogue". Un conflit armé non résolu. Fortement divisée et marquée par les inégalités, la Colombie fait également face à une grave crise sociale. "Cette situation engendre de nombreuses violations des droits humains," toujours selon l'Observatoire.

"Chaque année, l'accent est mis sur un pays où les difficultés sont prégnantes," résume Me Jean-François Barre, vice-bâtonnier du Barreau de Lyon. "En Colombie, les avocats sont en danger, notamment ceux dédiés à la défense des Droits de l'Homme," ajoute-t-il. "Ces avocats sont confrontés à des pressions et à des représailles, notamment ceux qui travaillent sur les dossiers de restitution des terres ou des affaires de corruption", précise le vice-bâtonnier

Toujours selon l'Observatoire, les avocats de la défense et leurs familles sont victimes de surveillance, de vol de matériel professionnel, de décrédibilisation et de diffamation... des pressions qui peuvent aller jusqu'aux menaces de mort. Certains sont contraints à l'exil.

Des professionnels sans protection 

Les 334.508 avocats colombiens en exercice ne disposent pas d'une protection juridique, ni de protection policière. Ils ne disposent même pas d’une institution officielle à caractère professionnel visant à soutenir, garantir et protéger le libre exercice de la profession d’avocat.

Ces avocats sont menacés pour avoir participé aux poursuites à l’encontre des officiers militaires, pour avoir pris la défense de communautés afro-colombiennes ou encore pour avoir participé à la lutte contre l'impunité de l'ancien président Uribe. Parmi les avocats en grand danger, l'Observatoire cite Reinaldo Villalba Vergas, Adil Jose Melendez Marquez, Zoraida Henandez Pedraza ou encore German Romero Sanchez.

"Adil Marquez a été victime de trois tentatives d'assassinat, placé sur écoute et menacé de mort," insiste Me Jean-François Barre"L'an dernier, cinq avocats colombiens ont été tués," précise le vice-bâtonnier, reprenant le chiffre de l'OIAD. 

Le Barreau de Lyon est attentif à ce qui se passe dans d'autres pays. Il s'est même engagé dans des activités de jumelage avec des Barreaux étrangers. "La commission des Droits de l'Homme au Barreau de Lyon est également très active," précise Me Barre. 

24 janvier : la référence au "massacre d'Atocha"

Depuis 2009, la Journée de l'avocat en danger se tient chaque 24 janvier, dans plusieurs villes, pays et continents à travers le monde. Cette date a été choisie comme Journée internationale annuelle de l'avocat en danger en référence au massacre d'Atocha survenu en Espagne. Ainsi, le 24 janvier 1977, des avocats étaient assassinés à leur adresse de la Calle Atocha, à Madrid. C'est l'une des pires tragédies de la transition vers la démocratie en Espagne. 

Ce soir-là, Carlos García Juliá, 24 ans, militant du parti d’extrême droite franquiste Fuerza Nueva, avait surgi avec deux complices dans les bureaux du cabinet d’avocats, spécialisé dans les conflits sociaux et la défense des travailleurs. Après avoir aligné les personnes présentes face à un mur, le commando avait froidement fait feu, tuant trois juristes ainsi qu’un étudiant en stage et un employé administratif. Quatre personnes grièvement blessées avaient survécu. Les auteurs de ce massacre, se croyant protégés par leurs appuis politiques, n’avaient pas pris la peine de quitter Madrid.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information