Le procès de l'ancien patron de la lutte antidrogue François Thierry, accusé d'avoir organisé une fausse garde à vue d'un trafiquant recruté comme informateur, se tiendra fin septembre à Lyon.
L'AFP a appris de source judiciaire que l'ancien chef de l'office anti-stups comparaîtra du 23 au 27 septembre devant la cour criminelle du Rhône, composée de juges professionnels.
Son renvoi pour "faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique" et "destruction de preuves" avait été validé en juillet par la Cour de cassation. François Thierry est accusé d'avoir rédigé un faux procès-verbal de garde à vue pour justifier l'extraction de prison, en avril 2012, d'un gros trafiquant de cannabis, Sofiane Hambli, recruté comme informateur.
Cette manœuvre lui aurait permis de coordonner, à distance, une livraison de drogue. Le commissaire avait reconnu les faits en réfutant toute infraction, au motif que la mesure avait été prise en concertation, selon lui, avec des magistrats du parquet de Paris. Ces derniers ont cependant nié durant l'instruction avoir été au courant d'une fausse enquête préliminaire. Il encourt quinze ans de réclusion criminelle pour ces faits, qui s'inscrivent dans une tentaculaire affaire portant sur les méthodes de l'Ocrtis, l'ancien Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants que le policier a dirigé de 2010 à 2016.
L'ex-patron également mis en examen dans le volet principal de l'affaire
François Thierry est également mis en examen dans le volet principal de l'affaire, instruit à Bordeaux et qui porte sur la saisie record en plein Paris en 2015 par les douanes de sept tonnes de cannabis. Les juges d'instruction doivent encore décider de suivre, ou non, les réquisitions faites en décembre par le parquet en faveur d'un non-lieu le concernant. L'enquête avait démontré que la drogue était arrivée en France dans le cadre d'une livraison surveillée, opérée par l'Ocrtis avec l'aide de Sofiane Hambli.
Le commissaire Thierry est soupçonné d'avoir favorisé l'importation de la marchandise sans avoir informé totalement l'autorité judiciaire des modalités de l'opération, ni de sa proximité avec cet informateur qu'il gérait en direct.
L'affaire avait ébranlé le système de lutte antidrogue et conduit au remplacement de l'Ocrtis par l'Ofast (Office anti-stupéfiants) en 2019.