Faute de repreneur, l'association lyonnaise de l'hôtel social devra fermer ses ateliers d'insertion par le travail en juin. Un coup dur après 22 ans de développement et d'efforts financiers.
L'association lyonnaise de l'hôtel social (LAHSo) n'est plus en capacité de prendre en charge le Grenier. Ces ateliers, anciennement connus comme les ateliers des conditions de la soie, ont pour vocation d'aider des personnes les plus précaires dans leur retour vers l'emploi grâce à un atelier de menuiserie et de production textile. Fin juin ce sera la fin de 22 ans de collaboration et de développement.
Des locaux trop petits pour produire suffisamment
Damien Delahaye, directeur général de LAHSo, a épuisé toutes les solutions et, faute de solutions, a dû se résigner à renoncer à soutenir financièrement le Grenier. "Depuis le départ, LAHSo complète chaque année les résultats [financiers] de la structure pour avoir un bilan à l'équilibre". L'association a comblé les déficits sur ces fonds propres, soit environ 400 000 euros sur les 10 dernières années (dont 200 sur les seules 2 dernières années). D'après les estimations effectuées, il aurait encore fallu 5 ans et 250 000 euros pour atteindre l'équilibre. Ce qui est hors de portée de l'association. Elle se retrouve dans l'obligation de transférer les activités "dans le meilleur des cas".
Pour qu'une activité d'insertion puisse fonctionner, il faut pouvoir produire et accueillir les personnes en accompagnement. L'espace disponible n'a jamais été, selon lui, adéquat à ces objectifs. Des solutions ont été recherchées mais aucune n'a abouti.
Deux hypothèses sont envisagées. Soit les activités sont transférées dans leur globalité ou partiellement à un repreneur, soit la structure sera définitivement fermée. Des démarches ont été engagées pour que la première solution soit possible.
Une production de qualité
650 personnes accompagnées sont passées dans les ateliers du Grenier. Cette structure est aussi un berceau d'innovation et une belle vitrine, où l'on fabrique du beau avec de l'ancien. Une philosophie portée fièrement depuis le premier jour qui est dans l'ère du temps du recyclage et du zéro déchets.
Damien Delahaye estime qu'une structure en capacité d'accueillir les ateliers dans un cadre où la production pourrait être augmentée, développée et accompagnée pour la commercialisation adéquate, pourrait relever le défi et pérenniser le travail.
Une qualité accessible à tous
Stéphane Carlin, chef de l'atelier menuiserie, a débuté avec les ateliers il y a 22 ans, le 17 janvier 2000. 22 ans plus tard, jour pour jour, il a appris la fermeture éventuelle des ateliers d'insertion. Un sacré coup du sort. Il savait que tout était compliqué financièrement mais ne se doutait pas de la gravité de la situation.
C'est comme si on m'annonçait que mon enfant a une grave maladie.
Stéphane Carlin, présent depuis le 1er jour
"En 20 ans, on a reçu des bac +5, des illettrés, des étrangers qui ne parlaient pas français, des jeunes, des personnes proches de la retraite auquel on essaie de donner l'envie ou parfois juste l'habitude de se lever, d'être à l'heure, de faire un travail bien fait avec leurs capacités". Pour cet éternel optimiste, tout le monde est capable de faire quelque chose de bien, "il faut juste cadrer, expliquer et transmettre".
Roland est tapissier d'ameublement. A quelques années de la retraite, il peinait à trouver un emploi. Il a pu revenir dans le monde du travail grâce à l'atelier menuiserie. "Ça m'a sorti d'une situation pas facile. J'apprends quelques chose d'autre, c'est intéressant". C'est vraiment dommage si ça s'arrête. C'est un tremplin pour certains."
Sa voisine d'atelier partage ses craintes. Ancienne sdf, elle a pu retrouver un cadre de vie plus stable grâce aux ateliers.