A Bessenay dans les Monts du Lyonnais, on produit une grande variété de cerises. Parmi elles, les Burlat, ouvrent la saison. Rouges foncées voire noires, juteuses, elles sont très attendues par les consommateurs. On vous dit tout.
Quand vient l’été, on les grignote comme des bonbons. Les cerises, ces petits fruits rouges, voire noirs, qui fonctionnent par paires, font la renommée du village de Bessenay dans les Monts du Lyonnais.
Encore plus la Burlat, une variété très connue des consommateurs, puisque c’est la première qu’ils peuvent déguster quand les beaux jours arrivent.
Première découverte à Lyon
Son histoire commence à 35 kilomètres de Bessenay, à Lyon, au début du 20ème siècle. Monsieur Burlat, un producteur installé à Saint-Genis-Laval fait la découverte d’un cerisier d’une belle prestance dans le quartier de Gerland (7ème arrondissement de Lyon), alors qu’il se rend sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale.
Lui vient alors l’idée de croiser le greffon récupéré avec un merisier de son domaine. C’est la naissance de la cerise Burlat, aux formes généreuses et à la chair fondante qui ne rapportera pourtant pas un sou à son créateur. Seule une rue de Loire-sur-Rhône porte son nom, rappelant ainsi cette innovation.
"On appelle ça les précoces"
La cerise Burlat est la première cerise que l’on déguste fin mai début juin. "On appelle ça les précoces", souligne Alain Coquard, producteur de cerises Burlat à Bessenay.
"Dans les années 1990, c’était 800 tonnes de Burlat. Aujourd’hui, c’est une production d’environ 3000 tonnes dans le secteur des Monts du Lyonnais", ajoute l’agriculture qui à lui seul produit en moyenne 100 tonnes de cerises par an, toute variété confondue.
Dans ses vergers, il n’y a pas uniquement des Burlats. Premières arrivées, elles ne restent pas tout l’été. "On commence généralement entre le 20 mai et le 1er juin. La récolte des Burlats, dans notre coin, peut ensuite s’étaler sur 15 jours", explique Alain Coquart.
"C’est une variété importante", complète Christophe Gratadour, représentant à la chambre d’Agriculture du Rhône, "car elle lance la campagne". "Pour bien vendre la cerise tardive, il faut attaquer avec des cerises précoces", ajoute le spécialiste. Un bon indicateur de la saison qui dure ensuite jusqu‘à la mi-juillet quand tout va bien.
Une cerise juteuse au goût de bonbon
Sur les marchés des villages, comme celui de Bessenay, les acheteurs s’arrachaient ce fruit lors de la négociation de gré à gré. Ils continuent de le faire aujourd’hui, différemment.
Sa particularité ? "C'est une cerise qui se mange de rouge foncé à très noir, qui est très juteuse, et qui n'est pas très ferme, mais suffisamment pour une bonne cerise au début de saison. Quand elle est noire, archi-noire, vous avez l'impression de manger un bonbon", souligne l’agriculteur avant d’ajouter : "aujourd'hui, on n’a rien de mieux que la Burlat en début de saison".
Rien de mieux à ses yeux que la Burlat… de Bessenay ! "L’influence du point de greffe et du terroir sur la cerise est très importante", explique Alain Coquard.
Un sol d’arène granitique, sablo-lumineux, filtrants, des cerisiers installés sur des coteaux surélevés, c’est ce terroir qui permet de différencier la cerise de Burlat que l’on aperçoit sur tous les marchés de France de celle qui s’épanouit à Bessenay et dans la région. Elle garde plus facilement sa fraîcheur, ce qui permet d’étendre sa période de récolte.
Une force économique pour le territoire
Si la cerise Burlat n’est pas la plus plantée en France et à Bessenay aujourd’hui, elle fait tout de même partie du patrimoine agricole de Bessenay. Elle représentait à elle seule 10 % du tonnage total de la cerise de Bessenay en 2021.
"Aujourd'hui, je dirai que Bessenay est connu pour la cerise. Je me souviens avoir discuté avec d’autres commerçants de la vallée du Rhône qui disaient que de toute façon, quand vos cerises arrivent, c’est fini. On n'arrive plus à vendre la nôtre", explique Christophe Gratadour. Le représentant de la chambre d’Agriculture du Rhône souligne la qualité du terroir, ses sols, le professionnalisme et le savoir-faire de ces producteurs et expéditeurs.
Alors c'était un peu marrant mais c'est la réalité parce qu'il y a un terroir, il y a une qualité, il y a du savoir-faire et du professionnalisme, tant au niveau des producteurs que des expéditeurs.
"La région est assez atypique puisqu'il y a deux expéditeurs qui sont très spécialisés en cerises, puisqu’à peu près 90 % de leur chiffre d'affaires, c'est de la cerise", ajoute le spécialiste, mettant en lumière ce cas unique en France.
"Des producteurs spécialisés en cerises, il y en a d'autres en France. Par contre, une région où il y a des producteurs spécialisés et des expéditeurs spécialisés, c'est un cas unique en France. C’est toute la filière qui est reconnue de par cette spécialisation et toutes les compétences et la qualité qui en découlent", affirme Christophe Gratadour.
D’autant plus que ces spécialistes ont su se moderniser avec le temps en mécanisant leur production. Ils utilisent aujourd’hui le calibrage optique pour un tri plus efficace du fruit. Ces cerises, la Burlat pour le moment, sont ensuite vendues dans toutes les grandes et les moyennes surfaces françaises.
Pour apprendre à cuisiner un plat avec de la cerise Burlat, rendez-vous le samedi 15 juin dès 11h15 sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes dans l'émission "Nos terres gourmandes" ou dès à présent sur france.tv.