L'édition de "La nuit est belle" a lieu ce 22 septembre. Un évènement qui vise à sensibiliser à la pollution lumineuse. À cette occasion, Ouria Dkhissi-Benyahya, de l'institut national de la santé et de la recherche médicale de Bron, explique comment la lumière régule notre physiologie.
Ouria Dkhissi-Benyahya, docteure en neurosciences à l'Inserm de Bron, dans la métropole de Lyon, étudie depuis vingt ans les effets de la lumière sur notre corps, ses impacts sur nos fonctions physiologiques et nos rythmes.
La chercheuse donne une conférence à ce sujet à Brignais, ce 22 septembre, dans le cadre de l'évènement "La nuit est belle".
Comment la pollution lumineuse affecte-t-elle notre corps ?
La lumière a un effet direct sur notre rythme biologique et notre rythme de sommeil. Captée par les cellules photoréceptrices de la rétine, la lumière vient “remettre à l’heure” notre horloge biologique. Un système central dans notre cerveau. C’est pour cela que le matin, notre vigilance s'active et notre corps se met en route.
Or, si cette lumière est appliquée la nuit, un moment où nous sommes censés dormir, notre horloge se décale et dérègle notre corps.
Mais cela impacte aussi notre biodiversité. L'exemple des bébés tortues marines est criant. Une fois sorti de leur œuf, un bébé se guide grâce à la lumière de la lune afin d’aller dans l’océan. Or, quand les lumières de la ville sont proches, il peut ne jamais trouver l’eau et se perdre.
Une mauvaise exposition à la lumière peut donc provoquer des maladies ?
La lumière a des effets délétères selon le moment où elle est appliquée. On peut ainsi souffrir de migraines, de troubles du sommeil et du métabolisme. Par exemple, être exposé le soir à la lumière 1h à 2h avant le coucher est néfaste. C’est pour cela que l'on observe souvent des troubles du sommeil chez les adolescents, très friands des téléphones portables dont les écrans émettent de la lumière bleue artificielle. Leur cycle est déréglé.
On note aussi plus de maladies pour les salariés en travail posté comme les infirmières ou ceux qui travaillent la nuit car ils vont à l’encontre du rythme biologique.
Mais la lumière peut aussi être un médicament. On le constate dans des pathologies comme la dépression qui peut être soignée par de la luminothérapie.
Les pouvoirs publics prennent-ils suffisamment en compte l’incidence de la lumière dans nos vies ?
Des efforts ont été faits ces dix dernières années pour réduire l’intensité lumineuse, arrêter de diriger les flux de lumière vers le ciel ou carrément éteindre des lumières à partir d’une certaine heure. Mais cela a été pensé d'abord pour des raisons économiques et non sanitaires. Il faut se saisir davantage de ce problème car on sous-estime encore les effets de la lumière. Certaines lumières sont utiles pour des raisons de sécurité, mais l’éclairage nocturne des bâtiments ou des panneaux publicitaires n’est pas du tout essentiel.
La conférence d'Ouria Dkhissi-Benyahya, docteure en neurosciences, est accessible sur YouTube.