C'est un lieu chargé d'histoire militaire et méconnu qui ouvre ses portes à l'occasion des Journées du Patrimoine. La poudrière de Saint-Fons accueille exceptionnellement des visiteurs ce samedi 21 septembre.
C'est un des vestiges militaires de Lyon. La poudrière, située à Saint-Fons, date de la fin des années 1880. Mais elle a peu servi. Elle a servi de lieux de stockage de la poudre, des gargousses et des munitions destinées à alimenter deux des ouvrages fortifiés de la deuxième ceinture de défense de la capitale des Gaules, les forts militaires de Corbas et de Feyzin.
Aux oubliettes ?
Avec ses centaines de mètres de galeries et ses salles, le site a longtemps été fermé. Elle est peu à peu tombée dans l'oubli. Un petit dédale méconnu même des Saint-Foniards. "Beaucoup d'habitants de Saint-Fons ne connaissent pas ce site. Aujourd'hui, on fait redécouvrir aux habitants de Saint-Fons ce lieu. C'est un monument qui a une valeur historique, on aimerait le réhabiliter. C'est toute la mémoire Saint-Foniarde", explique Bernard Mandran, président de l'association "Histoire Patrimoine de Saint-Fons". Des légendes circulent sur la poudrière : des tunnels relieraient le site militaire à la champignonnière des Balmes de Saint-Fons ou au centre-ville. "Mais ce n'est que de la légende, ça n'a jamais existé", assure Bernard Mandran.
Abri caverne, site protégé
La poudrière de Saint-Fons, c'est une structure souterraine, entre 15 et 18 mètres de profondeur, et des couloirs qui s'enfoncent sous la colline du Grand Chassagnon. Un site enterré. Christophe Aubert, historien et ancien militaire, connaît les moindres recoins de ce site protégé et son histoire : "les forts de Corbas et Feyzin avaient besoin d'alimentation en poudre régulière. Deux espaces, qu'on appelait abri caverne parce qu'ils étaient sous la roche, ont été construits. Ils permettaient de stocker la poudre et d'assembler les obus". Les obus étaient destinés à l'artillerie.
L'un des espaces les plus emblématiques est la salle de stockage des poudres. D'autres salles étaient dédiées à l'assemblage des obus ou au stockage des détonateurs. Portes doubles, éclairage, espaces séparés et confinés pour chaque élément dangereux… Tout était pensé pour la sécurité, pour éviter que le site ne parte en fumée à la moindre étincelle.
Cet abri-caverne a toutefois peu servi. Il a été utilisé comme simple lieu de stockage militaire pendant la Première Guerre mondiale. Il a été utilisé durant la 2ᵉ guerre comme abri pour les populations. Les civils s'y cachaient durant les bombardements. On trouve des traces de cet usage : des aérations ont été creusées à cette période. L'armée a cédé cet abri-caverne après-guerre. C'est aujourd'hui la propriété de la ville de Saint-Fons.
"L'idée serait de l'ouvrir plus souvent à la visite. L'idéal serait d'en faire un mini-musée", avance Bernard Mandran. Une idée à creuser. En attendant, la poudrière de Saint-Fons est victime de son mystère et de son succès. Les demandes de visites pour ce week-end des journées du patrimoine sont nombreuses. Mais les inscriptions sont déjà complètes sur les trois créneaux prévus.
ARCHIVES
En octobre 2022, une grande opération de nettoyage avait eu lieu dans la poudrière de Saint-Fons. Le lieu stratégique était encore tenu secret à l'époque, pour des questions de sécurité et de préservation des lieux.
C'est avec l'aide d'une association, l'OCRA- Lyon (l'Organisation pour la connaissance et la restauration d’au-dessous-terre) que des passionnés avaient nettoyé les galeries il y a quelques années. Les bénévoles espéraient bien qu'un jour, une ouverture au public soit possible. Pari réussi.