Commerçants, restaurateurs, artisans demandent de pouvoir ouvrir avant janvier pour "sauver la période des fêtes". Ces indépendants espèrent notamment une modification de leur statut pour avoir accès aux indemnités chômage. Une manifestation avait lieu ce lundi matin, à Lyon, devant la Préfecture.
Coiffeurs, restaurateurs, fleuristes, ils ont décidé de poser symboliquement un cercueil dans la rue pour alerter sur le danger qui menace leurs entreprises. Ce lundi matin, 9 novembre, une centaine d'indépendants ont organisé un rassemblement à Lyon pour tenter d'obtenir le droit de reprendre leurs activités avant le mois janvier. Tous s'accordent pour dire que sans travailler pendant la période des fêtes de fin d'année, leur chiffre d'affaire va s'effondrer.
Dans une mise en scène macabre, ils ont figuré leur propre enterrement en s'allongeant au sol autour d'un cercueil.
Mise en scène macabre à #Lyon pour alerter sur le sort des #indépendants. Une centaine de commerçants rassemblés pour demander leur réouverture avant noël @LesEssentiels @LesToquesBlanch https://t.co/7cC8807TfL pic.twitter.com/xGoLwOnw6B
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) November 9, 2020
"On a travaillé toute une vie pour se retrouver sur le carreau"
Vêtus de noir, les manifestants demandent notamment une réforme de leur statut pour pouvoir prétendre aux indemnités chômage car nombreux sont ceux qui doivent désormais vivre sans salaire. Ils demandent également la prise en charge de leurs pertes par les assurances et que « l’Etat se substitue » à eux afin de régler leurs loyers."On va dans le mur, on ne va pas pouvoir tenir. La plupart d'entre nous vont baisser le rideau et se retrouver sans rien si on ne modifie pas notre statut. On n'a le droit à rien. On a travaillé toute une vie, pour se retrouver sur le carreau", se désesprère Anne Delaigle, créatrice d'une ligne de vêtements, tout en affirmant sa combativité.
Un collectif baptisé "les Essentiels" dénonce le fait d'être "catalogué comme non-essentiels" et demande des mesures plus lisibles pour les entrepreneurs. “Même si des aides sont actuellement en train d’être mises en place, cela est fait sans concertation avec les professionnels et la réalité est que beaucoup se noient dans l’opacité des démarches et sont dans des situations critiques” déclarent 43 professionnels de Lyon et son agglomération dans un communiqué.
Reconfinement : ils en ont marre d’être catalogués, “non essentiels”, 43 indépendants lyonnais se regroupent en collectif, les “Essentiels”… https://t.co/voOcPgmIvU pic.twitter.com/RqjTH08kKc
— Lyon-Entreprises.com (@LyonEntreprises) November 5, 2020
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, interviewé par le journal du dimanche a d'ores et déjà réagi aux demandes de réouvertures qui se multiplient dans le pays, en précisant que ces reprises d'activités ne pourraient "s'envisager qu'avec de nouvelles règles sanitaires". Il a rappelé que l'Etat avait augmenté le fonds de solidarité "jusqu'à 10.000 euros par mois qui s'ajoutent à l'activité partielle, à l'exonération des charges sociales et à l'allègement des loyers."
A Lyon une première manifestation avait eu lieu le lundi 2 novembre. Des commerçants avaient alors été reçus par le chef de cabinet du préfet de région.
"Nous sommes très attentifs à d'éventuels gestes irréparables" Philippe Guérand, président de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie
La Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie (CRCI) d'Auvergne Rhône-Alpes est particulièrement attentive à l'état psychologique des chefs d'entreprises. Une cellule d'écoute a été mise en place lors du premier confinement, puis relancée au moment du deuxième. En une semaine, elle a reçu 2000 appels, signe que cette étape est vécue "comme un coup de massue" a décrit Philippe Guérand, président de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie."Nous sommes attentifs aux gestes irréparables qu'ils pourraient commettre" précise-t-il. "Ils sont épuisés. Les aides sont importantes mais elles ne suffisent pas, on ne peut pas vivre d'aides." Les 13 CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes réactivent leurs cellules de crise Covid-19, 100 conseillers sont mobilisés, et répondent dans chaque département aux nombreuses questions sur les dispositifs mis en place par le gouvernement.