Le 15 août 1944, des avions alliés bombardent Valence, faisant près de 300 victimes civiles

Le 15 août 1944, des bombardiers américains visent un pont à Valence et ratent leur cible, la ville est sinistrée.

Il fait chaud en ce 15 août 1944, les gens sont à table. La sirène retentit, les habitants de Valence se précipitent vers les abris souterrains. Pendant plusieurs minutes, vingt bombardiers américains lâchent à 4000 mètres d'altitude, une centaine de bombes de 250 kilos. Ils visent le pont Mistral qui enjambe le Rhône vers Guilherand-Granges.

Cible manquée

Le débarquement en Provence vient de commencer et l'armée allemande est en déroute. Il faut ralentir sa retraite vers le nord. Quand les Valentinois sortent dans les rues, à la fin de l'alerte, deux heures plus tard, dans la poussière et les gravats, ils constatent un spectacle infernal. Car l'aviation américaine, l'USAAF, a manqué sa cible par des tirs imprécis. L'hôpital, pourtant marqué de grandes croix rouges sur le toit, est partiellement détruit. Dans les décombres, des femmes, des bébés, des infirmières, 130 corps. La ville basse et les quais du Rhône sont dévastés, la préfecture est touchée. La panique règne dans la ville, l'électricité est coupée. C'est une tragédie. On estime entre 280 et 324 le nombre de morts; à 120, le nombre de blessés graves. 

La population ne comprend pas

Le responsable des FFI dans la Drôme, le commandant Legrand proteste vivement : "Nous, résistants, ne pouvons plus rentrer dans Valence, car on se fait injurier. La population ne comprend pas que les alliés aient détruit la ville et manqué le pont", relate l'historien Alain Coustaury à nos confrères de France Bleu Drôme.

Pourquoi le bombardement du pont a-t-il été un échec et une tragique erreur ? "Les Américains s'en sont expliqués" précise Robert Serre, Drômois, auteur d'études historiques. "Le bombardement aurait été effectué par de jeunes pilotes inexpérimentés, qui ont été affolés par les ripostes de la Flak (l'artillerie antiaérienne allemande), installée à Chabeuil et le vent violent aurait dévié la chute des bombes". "En réalité on le sait, les Américains ne voulaient pas prendre le risque de voler trop bas et de se placer à portée de tir", précise Robert Serre.

Au soir du 30 août 1944, le commandant Legrand, chef des Forces Françaises Intérieures (FFI) de la Drôme, donne l'ordre d'attaquer, le lendemain à l'aube, les troupes allemandes qui tiennent Valence.

Le 31 août après quelques combats sporadiques, la ville est libérée. Près de 400 Allemands sont faits  prisonniers et les miliciens capturés. Mais la tragédie du 15 août est dans toutes les têtes. La liesse est en demi-teinte, la tristesse et le deuil marquent les esprits.

La ville a reçu la croix de guerre, par le président de la République Vincent Auriol en 1949.

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