Le maire de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet, avait dénoncé sur son compte facebook les propos de plusieurs internautes à son encontre. Deux d'entre eux ont été condamnés. En revanche, le président de l'association MSI, totalement mis hors de cause, annonce déposer plainte pour diffamation.
Le 13 février 2021, en pleine crise sanitaire, le maire Les Républicains de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet a pris la décision -pour cause de covid- d'interdire à MSI, une association de solidarité lyonnaise, d'organiser une distribution alimentaire, dont elle était coutumière dans quelques quartiers de cette commune.
Dans un communiqué, Alexandre Vincendet expliquait alors qu'il avait plutôt proposé à MSI " de s’associer au Secours populaire, à la Banque Alimentaire, aux Restos du Cœur, ou encore au Secours Catholique, pour assurer sa distribution solidaire de colis alimentaires. (...) Malheureusement, le MSI a refusé toute collaboration." est-il expliqué. Ce que niait l'intéressé.
En réaction, MSI s'était ensuite indigné de cette interdiction auprès de la presse, qui s'en était fait l'écho. Un article de presse, très partagé par le biais des réseaux sociaux, récoltait alors un certain nombre de commentaires désagréables et des menaces de représailles physiques à l'encontre du maire, évoquant l'idée "de lui couper la tête".
Deux prévenus condamnés par la justice
Découvrant ces faits, le 16 février 2021, le maire avait annoncé par le biais de sa page facebook, dans un post qui est toujours en ligne, avoir "déposé plainte contre Monsieur Abdelaziz BOUMEDIENE, Président de l'Association MSI (Mouvement pour une Solidarité Internationale), Monsieur Cyril GONZALEZ, Madame Sarah MEZIN et Monsieur Farid VARDON, pour menace de mort, complicités, incitation à la violence et outrage."
Rapidement entendu et blanchi par l'enquête, M. Boumediene, le président de l'association MSI, a été mis immédiatement hors de cause par la police dans cette affaire. Les trois autres ont donc été poursuivis par la justice.
Ce mardi 15 juin, le tribunal de Lyon a reconnu coupables deux des prévenus, soit Sarah Mezin et Cyril Gonzalez, qui ont été condamnés chacun à 500 euros d'amende avec sursis. Ils devront en outre payer des dommages et intérêts d'un montant de 200 euros à la victime, et 200 euros de frais d'avocat.
L'avocat de Cyril Gonzalez estime qu'il s'agit là "d'une condamnation symbolique mais inacceptable car non-conforme au droit. Nous allons interjeter appel afin que la Cour d'appel relaxe mon client, sous le bénéfice de conclusions écrites et de jurisprudences que je n'avais pas souhaité produire à l'écrit devant le tribunal, par peur d'une requalification des faits en injures publiques" commente maître Jean-Christophe Basson-Larbi.
Le troisième mis en cause, Farid Vardon a été totalement relaxé. Habitant en Auvergne, ce dernier avait expliqué avoir "écrit personnellement au maire sur sa page Facebook pour s'excuser de sa mauvaise blague". Contacté par nos soins, le maire de Rillieux-la-Pape, visé depuis par plusieurs menaces de mort, en avait pris acte, mais ne trouve toujours pas la blague à son goût. "Avant cet épisode là, je n'avais jamais été menacé aussi gravement. On voit très bien ce que cela a déclenché. Il n'y a rien de drôle, surtout dans le contexte actuel" explique-t-il.
Concernant les deux personnes récemment condamnées en première instance, il s'estime satisfait : "Très clairement, ces peines marquent le coup sur ces personnes. Elles sont condamnées alors qu'elles ont tout fait pour ne pas l'être. Cela montre que le justice passe."
Au sujet de Cyril Gonzalez, Alexandre Vincendet que ce dernier "n'en est pas aux premières insultes à mon encontre. Si son avocat estime aujourd'hui que le tribunal ne respecte pas le droit, c'est quand même que l'on marche un peu sur la tête."
Mis hors de cause, le président de l'association MSI veut porter plainte à son tour
De son côté, bien qu'innocenté, cette affaire n'est pas terminée pour le président de l'association MSI, Abdelaziz Boumediene, qui a annoncé qu'il déposait plainte, à son tour, ainsi qu'au nom de son association contre le maire de Rillieux pour "accusation mensongère et diffamation." Il est défendu par Maître Hervé Banbanaste.
"Le moment est venu de rappeler que moi et mon association sommes des victimes" nous explique M. Boumediene. "Il faut que l'on sache ce que l'on subit. Et ce n'est pas terminé. Récemment la mairie du deuxième arrondissement de Lyon (où se trouve son siège) a décidé de nous retirer notre salle. Et on a aussi reçu des insultes et des menaces de mort."
Il estime, en tant que responsable associatif depuis 27 ans, subir des conséquences lourdes depuis qu'Alexandre Vincendet l'a accusé à tort. "Il n'a même pas effacé son texte mensonger sur sa page Facebook. De quel droit ?" réclame-t-il.
je me battrai pour que ce genre de personnes ne puisse pas faire comme elle le veut : derrière des élans de générosité, avoir en fait des messages politiques
Le maire de Rillieux, cité à comparaître le 16 novembre, se dit prêt à s'expliquer "avec de nombreux documents, comme des captures d'écran" et déclare qu'en réalité aucune plainte n'a été déposée contre lui. "On a des éléments qui, aujourd'hui, nous montrent que cette citation directe tombera à l'eau. M. Boumediene publie des messages qui sortent du cadre républicain et lance des appels au boycott d'Israël et des produits qui en proviennent. A partir de là, j'ai pris un certain nombre d'arrêtés à l'encontre de son association. Et ils n'ont pas été cassés par la justice."
Alexandre Vincendet en fait désormais une question de principe, et déplace le sujet sur le terrain politique. "En tant que maire de Rillieux-la-Pape, ville qui a compté 7 habitants abattus pendant la seconde guerre mondiale parce qu'ils étaient juifs, je me battrai pour que ce genre de personnes ne puisse pas faire comme elle le veut : derrière des élans de générosité, avoir en fait des messages politiques. Il accuse la France de crime contre l'humanité. C'est quand-même grave." conclut-il.