Le 15 octobre 1992, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation ouvrait ses portes à Lyon. 2022 marque les trente ans de ce lieu unique, désormais au-delà de l’histoire de la deuxième guerre mondiale.
Le lieu est plus que symbolique : l’ancienne école lyonnaise du service de santé militaire, réquisitionnée par la Gestapo entre 1943 et 1944. Nul autre endroit n'aurait pu mieux accueillir le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation, le CHRD, fruit d'une volonté politique, portée par des résistants et des déportés.
Un lieu capital pour la mémoire et pour l’histoire
C’est Michel Noir, élu maire de Lyon en 1989, qui décide de concrétiser enfin ce projet, dans les tuyaux depuis des années. «C’était un très vieux projet de la ville de Lyon. Lorsque Michel Noir a été élu, il m’a nommé adjoint en charge des Droits des Citoyens et il m’a dit : Alain, on va faire ce centre. Et c’est ce que nous avons fait. Ex nihilo, nous avons fait avec ce centre un lieu capital pour la mémoire et pour l’histoire » se souvient l’avocat Alain Jakubowicz.
1992 : le CHRD ouvre ses portes, au public, aux étudiants, aux scientifiques, aux historiens. Lyon, capitale de la résistance avec Jean Moulin, et dans une certaine mesure, de la collaboration avec le chef de la milice Paul Touvier, raconte son histoire sans fard et sans haine, comme le soulignait en 1992 le Lyonnais Jean Wertheimer, figure de la Résistance, ancien des Forces Françaises Libres. «Au CHRD, nous voulions cerner à la fois tout ce qui peut expliquer le nazisme, le fascisme, la résistance et la déportation".
Les enjeux idéologiques sont toujours là
30 ans sont passés. Deux millions de visiteurs ont arpenté les salles du CHRD. C’est ici qu’ont été projetées les premières images du procès de Klaus Barbie. Aujourd’hui, la société a changé, les témoins directs ont disparu mais au fil de ces 30 ans, les témoignages de plus de 650 résistants, déportés, prisonniers de guerre, enfants cachés et survivants de la Shoah ont été captés et numérisés pour être mis en ligne. Depuis 1992, l'historiographie du CHRD s'est évidemment enrichie, au service de la mémoire et du savoir universel. «Les enjeux idéologiques de la deuxième guerre mondiale sont toujours là, plus que jamais. On se concentre sur la dimension de formation du citoyen, sur l’esprit critique, sur la transmission des valeurs des résistants » précise Isabelle Doré-Rivé, directrice du CHRD. Depuis 30 ans, l'attachement de Lyon à son histoire, à son passé, ne s'est jamais démenti.
« Visages, portrait des collections du CHRD », du 27 janvier au 18 septembre 2022
L’exposition VISAGES présente près de 90 objets, séries ou ensembles organisés autour de la thématique du visage, et livre un portrait foisonnant des collections en prenant le parti de la « délectation », à la manière d’un musée des Beaux-Arts.