Épuisements, manque de personnels, remboursement des indus... les raisons sont multiples mais convergent vers une même conclusion : impossibilité d'assurer les gardes selon le président de l'Association des transports sanitaires urgents du département du Rhône.
Le président des ambulanciers du Rhône annonce une grève de la faim d'ès ce jeudi 16 décembre, il s'installera devant la caisse d'assurance maladie du Rhône "il faut vraiment prendre conscience que nous sommes au bord du burn out".
Bruno Basset dirige une vingtaine d'entreprises d'ambulances avec en tout 150 salariés. Il est aussi le président de l'ATSU 69, Association des transports sanitaires urgents du Rhône.
Mais comme de nombreuses professions dans le domaine de la santé, il regrette un manque cruel de personnels.
''On nous demande d'assurer les plannings de garde, mais sans moyens car nous n'avons plus de ressources. Le métier d'ambulancier n'attire plus. Le salaire est un smic qui ne suit pas l'inflation."
"Le gasoil a augmenté de 17%. Nous ne pouvons plus assurer les gardes. Il manque 1000 ambulanciers à l'échelle du Rhône, 29 000 à l'échelle nationale et 50 dans mon entreprise".
''L'Etat nous demande de rembourser le trop-perçu''
Comme de nombreuses professions, le secteur a perçu des aides de l'Etat. Pendant la première vague, les entreprises d'ambulances étaient à l'arrêt. Les aides étaient calculées sur le chiffre d'affaires 2019 par rapport à 2020.
''Du jour au lendemain, on me coupe le robinet, se désole-t-il. Pour ma part, on me réclame un indu de 100 000 euros. Mais au lieu de me demander de les rembourser, ils retiennent l'argent sur les factures ! L'Etat s'auto-rembourse directement sans concertation. Avec une dizaine de professionnels nous avons fait un recours à l'amiable auprès de la CPAM, mais nous en connaissons l'issue, car au sein de la commission siègent des experts de la CPAM. L'étape d'après c'est saisir le Tribunal administratif, mais c'est une procédure qui prendra plusieurs années''.
Pour Bruno Basset, soutenu nous affirme-t-il par Arnaud Chiche, urgentiste, d'autres professions sont dans la même situation, avec des indus qui doivent être remboursés. Ainsi, les médecins, les chirurgiens ou encore les infirmiers sont confrontés à la même problématique. Dans la mesure où le retard a été compensé en 2021, les aides diminuent, et le trop-perçu doit être remboursé.
''Sur les 6700 professionnels du Rhône, 77 transports sanitaires urgents ont été aidés. 33 sur ces 77 doivent rembourser plus de la moitié des sommes déjà versées''.
''On attend toujours l'avenant 10''
Les transporteurs sanitaires doivent faire face à des charges qui ont augmenté et dans le même temps des tarifs conventionnels qui n'ont pas augmenté depuis 2013. L'arrêté du 26 février 2021 doit réviser la tarification des transports sanitaires.
''Je siège au plus haut niveau départemental des commissions et je vois que rien n'avance. Notre profession a plusieurs interlocuteurs, le ministère de l'Intérieur, de la Santé, l'ARS et la CPAM. Tout le monde se renvoie la balle."
"J'ai alerté le président de la Région AURA, Monsieur Wauquiez. Le ministre de la Santé Olivier Véran a été alerté. Le décret d'application de l'avenant 10 concernant le financement des transports sanitaires urgents devait être publié avant fin 2021. Nous attendons toujours''.
Las d'attendre, Bruno Basset a décidé d'entamer une grève de la faim à compter de ce jeudi 16 décembre.
Il campera devant la CPAM du Rhône avec son camping-car et des banderoles pour alerter les citoyens.