Les commerçants lyonnais du 7e arrondissement se forment au dispositif "Angela". Derrière ce prénom, c'est un réseau de commerces et d'établissements qui signifie aux victimes de harcèlement de rue et de violences conjugales qu'un "ange est là". Grâce à un autocollant apposé sur la vitrine, les personnes en difficulté peuvent entrer et demander de l'aide à ces commerçants.
Kévin passe une dernière fois la main sur le sticker, il vérifie que l'autocollant ne risque pas de se décoller de la vitrine de son café. Sur le fond violet, le prénom Angela en jaune vif attire l'attention, deux mains sont jointes et forment un cœur, voire des ailes repliées. "On essaie de contribuer à aider les personnes. On fait notre petite part" explique Kévin.
Le dispositif Angela existe à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne depuis 2016, ainsi que dans d'autres villes en France. Il s'agit d'un réseau de lieux sûrs où les victimes de harcèlement de rue et autre violences, peuvent trouver refuge. Avant de faire partie du réseau d'aide, une formation est proposée aux commerçants.
Former, informer pour aider au mieux
Autour des tables, disposées en cercle, les participants écoutent et prennent des notes. La formation est assurée par le CIDFF, le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles. Chacun a ressenti un besoin naturel de tendre la main aux victimes potentielles. Dans cette formation, ils apprennent comment réagir et quelle posture adopter face à une personne victime de violences.
Pour Charlène, commerçante, la formation permet d'aborder l'écoute nécessaire dans les situations délicates. "On apprend surtout comment accueillir la parole, mettre en sécurité, et sur quelle association orienter ces femmes qui viennent, nous contacter, nous rencontrer."
Une main tendue pas seulement la nuit
Dans le cas où une victime a le réflexe d’entrer dans un commerce pour s’y réfugier, il est capital que le commerçant ait les bons réflexes pour l’accueillir, comme l'explique Guillaume qui participe à la formation. "Il y a des théâtres, il y a des pharmacies, c'est bien qu' il y ait d’autres gens qui s’impliquent, pas que le monde de l’alcool et le monde de la restauration. Je pense que c’est important, si on est tous sensibilisés dans notre profession, même si c’est dans des bureaux, des banques, d’un point de vue professionnel, cela implique que dans la sphère publique, les relations homme-femme seront mieux... enfin c’est ce qu’on peut espérer", conclut-il avec un sourire.
Un réseau à étendre
Fanny Dubot, maire du 7e arrondissement, est très fière d'expérimenter ce dispositif. "Ça existe déjà à Nîmes, à Bordeaux et Rouen. Nous, on l’a lancé au niveau de la mairie du 7e arrondissement, avec l’idée de le généraliser à la ville de Lyon, détaille l'élue. On travaille avec les autres arrondissements pour leur montrer le dispositif. On les invite aux formations pour qu’ils puissent le faire aussi".
8 jeunes femmes sur 10 ont peur de sortir seules le soir. La plupart ont déjà été harcelées ou suivies dans la rue et les transports en commun. Si le harcèlement de rue touche particulièrement les femmes, les victimes ne sont pas uniquement des femmes.
Le dispositif Angela engage la mairie, les forces de l’ordre, les commerçants et les artisans du 7e arrondissement. Plus d’une cinquantaine de commerçants devraient intégrer le dispositif d’ici la fin d’année.
Depuis la loi du 3 août 2018, le harcèlement de rue et l’outrage sexiste sont réprimés par une amende pouvant aller de 90 à 750 €.