C'est le principe des vases communicants. Le quartier de la Guillotière à Lyon fait l'objet d'une surveillance renforcée depuis la montée en puissance des incivilités. Du coup, vendeurs à la sauvette, receleurs, trafiquants se rabattent sur un autre quartier : celui des Etats-Unis, dans le 8e arrondissement de Lyon. Les commerces se dégradent. Une banque a fermé son agence, dans l'attente d'une solution.
Sur la porte de l'agence bancaire du quartier, un panneau a été affiché. On peut y lire que pour "des raison de sécurité, votre agence sera fermée ce jour". Une habitante, désabusée, raconte : "ce n'est pas pratique, j'avais mon compte ici. Ils disent que la fermeture est provisoire, mais ça dure". En réalité, l'agence est fermée depuis la fin octobre. L'agence du quartier des Etats-Unis, la Caisse d'Epargne, en a décidé ainsi en raison de l'augmentation des incivilités et des actes de malveillance. Des employés auraient été victimes de violences verbales, voire physiques.
Les banques ont deux obligations : la sécurité des collaborateurs et celle de leurs clients. Lorsque ces conditions ne sont pas respectées, nous sommes amenés à prendre des mesures pour renforcer la sécurité, avec la présence d'un vigile par exemple. Quand cela ne suffit pas, nous pouvons être amenés à fermer l'agence.
Frédéric Martin, Membre du directoire Caisse d'Epargne Rhône Alpes
Les riverains se sentent oubliés
Le constat est clair, depuis des mois, les incivilités répétées sont en nette augmentation. L'agence est située au cœur du quartier. Ce n'est pas le premier établissement qui se retrouve confronté à cette problématique. Le quartier se vide alors que les problèmes empirent.
Les anciens du quartier sont atterrés. Le grand boulevard était une artère commerçante, un gros village. Les commerces institutionnels sont partis, la sécu, une banque, bientôt La Poste… On est laissé pour compte
Danielle Blin, secrétaire du Comité d'Intérêt Local du 8e arrondissement
Un problème qui se déplace ?
Depuis des années, ces problématiques d'incivilités et d'actes de malveillance étaient localisées sur un autre quartier. Un peu plus loin, à la Guillotière, les habitants et les riverains se plaignaient de l'inaction des pouvoirs publics. Ville, Préfecture et Métropole ont frappé un grand coup : présence policière quasi permanente et très largement visible. "Descentes" régulières des brigades spécialisées, arrestations et comparutions immédiates. Même si les problèmes demeurent, il semble qu'ils se soient déplacés.
"Ici, dans le quartier des Etats-Unis, si vous venez un samedi matin, vous pourrez compter jusqu'à 500 revendeurs à la sauvette", raconte une autre habitante.
Un principe des "vases communicants" que reconnaît la ville de Lyon.
"Une approche globale"
L'élu à la ville de Lyon, en charge de la sécurité admet cet état de fait dans le quartier des Etats-Unis. Il explique que la ville a pris "à bras le corps" cette nouvelle problématique. Les services de la police municipale et nationale travaillent ensemble, comme ils le font déjà pour le quartier de la Guillotière.
On voit malheureusement des personnes qui n'ont rien à faire là. On doit prendre l'ensemble des lieux de frictions pour les traiter ensemble, tous en même temps. La coopération entre les services de police est nécessaire pour les enquêtes, notamment sur les trafics de cigarettes ou le recel.
Mohamed Chihi, adjoint (EELV) au Maire de Lyon, à la sûreté, la sécurité et la tranquillité
En attendant, l'agence bancaire de la caisse d'épargne reste fermée. Une solution pourrait être trouvée afin de rouvrir prochainement. Selon la banque, d'autres quartiers ont également connus des fermetures. Dans certains cas, il aura suffit de déplacer les locaux de quelques centaines de mètres pour retrouver de la tranquillité.