Le ministre de l'Intérieur est en déplacement à Lyon ce vendredi 9 septembre pour évoquer la sécurité, notamment à la Guillotière. Gérald Darmanin s’était déjà rendu dans la Métropole fin juillet après l’agression de trois policiers. Depuis, les effectifs de police ont été renforcés dans ce quartier. La situation s’est elle améliorée ? Comment vivent les riverains aujourd’hui ? Le ministre de l'Intérieur a fait une visite surprise dans le quartier ce matin.
Gérald Darmanin, est ce vendredi 9 septembre 2022, à Lyon. Le ministre de l'Intérieur se rend à Lyon ce 9 septembre 2022. Une visite sur le thème de la sécurité pour annoncer la création d'escadrons de gendarmerie mobile et de compagnies de CRS dans le cadre de la Loi de programmation.
La visite du quartier de la Guillotière n'était pas inscrite à l'agenda ministériel du jour. Surprise, dans la matinée, le ministre de l'Intérieur était place du pont, à la rencontre des policiers, des commerçants et des habitants.
Le ministre de l'Intérieur n'a pas hésité non plus à se prêter au jeu des selfies.
Le ministre à la rencontre des habitants, une visite surprise qui n'était pas annoncée. Gérald Darmanin a engagé la discussion avec des commerçants, s'est arrêté à presque tous les pas de porte de la Grande Rue de la Guillotière. Les habitants semblent satisfaits du renforcement de la présence policière dans ce quartier du centre de Lyon.
Ambiance apaisée à la Guillotière
Ce lundi matin, à quelques jours de la visite ministérielle, la Guillotière ressemble à n’importe quel quartier de Lyon. A une différence près : les riverains sont sous protection policière. CRS dédiés et brigade de surveillance territoriale... ils patrouillent à pieds et affichent leur présence. Objectif : dissuader les trafics en tous genres et la petite délinquance, tranquilliser les riverains. Malgré tout, de nombreux commerçants du quartier refusent de parler à visage découvert, par crainte de représailles.
"Là, ça fait un mois. C'est mieux", explique un commerçant. Pas d'interview filmée, "parce que moi je risque de cramer mon magasin, tout simplement". Un peu plus loin, même discours : "Je travaille là. Si ils voient que je parle derrière eux, c'est grave ".
Dans ce quartier du centre-ville de Lyon, si la sécurité a été renforcée récemment, c'est notamment en réponse à l’agression de trois policiers le 20 juillet dernier. Et désormais, l'apaisement a été partiellement retrouvé.
Derrière son comptoir, Yamina, elle, n’a pas peur de s’exprimer, au contraire. "Le silence ne va pas nous aider à avancer. Il faut qu'on parle, il faut qu'on dénonce. Les dysfonctionnements, il faut les pointer du doigts, on ne peut pas les ignorer", explique-t-elle. Aujourd'hui, elle affiche un large sourire.
La sérénité est revenue grâce à eux (les policiers) , c'est une certitude.
Yaminacommerçante, quartier La Guillotière
"On peut dire que la peur a changé de camp. Les jeunes se cachent, on ne les voit plus. Plus de cris dans la rue, plus de vols à l'arrachée toutes les deux heures. Donc c’est super. La présence est dissuasive. Il y a un vrai changement du paysage de la Guillotière," se réjouit Yamina, une commerçante du quartier. La présence des policiers est-elle efficace? Cette commerçante en est persuadée : "la sérénité est revenue grâce à eux, c'est une certitude. Des clients qui ne venaient plus sont revenus dans ce quartier cosmopolite et culturellement riche".
Mais selon elle, les autorités doivent veiller à ne pas seulement déplacer ce problème de délinquance, notamment chez les jeunes. Il faut "régler le problème de fond", assure-t-elle. "Il faut continuer à travailler en amont pour que les choses avancent durablement. (...). On peut pas mettre un policier entre chaque citoyen. Il faut de la répression, il faut de la prévention", ajoute Yamina.
"Pas la solution miracle"
Un avis partagé par les syndicats de police. Le renfort de la présence policière n’est pas la seule clé pour régler durablement les problèmes de délinquance selon les représentants.
"L'effectif sur la Guillotière malheureusement n'est pas la solution miracle. On ne peut pas mettre une BST dans chaque quartier qui va poser problème, on le sait très bien", assure Christophe Pradier du syndicat Unsa SGP police. "Aujourd'hui, on a presque une centaine de CRS quotidiennement qui sont sur le quartier de la Guillotière. Ces forces mobiles n'ont pas vocation à rester là. Elles sont là uniquement en renfort pour quelques jours, pour quelques mois. Mais on voit bien que ce n'est pas la solution. Il va falloir un jour ou l'autre qu'ils repartent sur des opérations de maintien de l'ordre ailleurs", poursuit Christophe Pradier.
De son côté, le préfet communique sur les bons résultats de ce dispositif. Pas moins de 4000 contrôles et 400 interpellations en un mois au sein du quartier. Le syndicat Alliance nuance ces chiffres.
"Vous pouvez interpeller mais ensuite la chaine judiciaire va être compliquée à être mise en œuvre : on n'a pas assez d’agent pour traiter. Et ensuite, c'est toujours le même problème : la réponse pénale remet dehors systématiquement ces délinquants. C’est sans fin. Se satisfaire de chiffres ce n'est pas suffisant", déplore Nicolas Budjo, représentant du syndicat Alliance Police.
La Guillotière va-t-elle parvenir à se débarrasser de sa réputation? Une solution politique pérenne reste encore à trouver.