Les vertus du cannabidiol (CBD) pour se détendre ou soulager certains malades

En raison d'une loi européenne, l'utilisation de CBD pour se détendre est légale en France. Sa commercialisation se développe.  Parallèlement, il existe aussi le cannabis thérapeutique qui possède de nombreuses applications dont certaines sont en cours de recherche. 

Ils fleurissent dans nos villes. Les magasins de CBD (cannabidiol) proposent des produits sans THC (substance psychotrope) pour le bien-être. Mais qu’en est-il d’un pont de vue légal ? Où en est-on de l’usage thérapeutique du cannabis ? Carinne Teyssandier a reçu le docteur Patrick Lemoine, psychiatre et spécialiste du sommeil, ainsi que Philippe Leherre gérant d’une boutique vendant du CBD bien-être dans Ensemble c'est mieux.

C'est la prise en compte de la douleur des patients qui fait qu'on s'intéresse aujourd'hui à ce cannabis ? 

Dr Lemoine. L'utilisation date de la plus haute antiquité, aussi bien au Moyen-Orient avec le Haschich qu’au XIXe siècle. C'est un psychiatre qui en a parlé en premier. Il soignait la dépression, l'insomnie ou l'anxiété. Mais la douleur est connue depuis toujours. 

Et alors pourquoi est-on aussi frileux chez nous ? 

Dr Lemoine. Il y a ce fameux THC qui, lui, est un psychotrope. Il modifie la perception de la réalité et donc «shoote» et c'est addictif. Alors que le CBD, lui, n'a pas ces inconvénients et n'est donc pas récréatif.

En gros il y a trois catégories : il y a le récréatif, interdit, c'est celui qu'on fume, et heureusement que c'est interdit parce que ça rend idiot. Le QI des enfants qui fument est inférieur à celui de ceux qui ne fument pas. Et puis moi j'ai trop vu de jeunes devenir schizophrènes alors qu'ils ne le seraient pas devenus. C'est un «One way ticket» (billet aller sans retour NDLR) pour ces sombres pays, la schizophrénie. En plus c'est cancérigène, donc on oublie.

Ensuite il y a le cannabis bien-être, avec le CBD pur qui permet effectivement de se détendre, et éventuellement de diminuer un petit peu les douleurs, mais ça ne fait pas partie du bien-être.

Et enfin vous avez le thérapeutique qui m’amène aujourd’hui, et qui, en réalité, permet, parce que c’est un relaxant musculaire, de détendre par exemple la sclérose en plaques.  

Vous parlez de la sclérose en plaques et on a eu une question sur Facebook de Catherine qui nous demande si le CBD peut soulager sa maladie qui est donc la sclérose en plaques ? 

Dr Lemoine. La maladie non, mais les contractures douloureuses musculaires, oui. 

Philippe,vous êtes co-gérant d'un commerce de bien être spécialisé dans le CBD. Comment vous en êtes venu à vendre ce type de produit bien être du coup ? 

Philippe Leherre. Un petit peu par hasard. J'ai un ami qui a vu une petite annonce et qui connaissait un petit peu ces produits-là. Moi je suis assez axé commerce depuis toujours, lui était informaticien. Et du coup, on a monté cette boutique il y a deux ans et demi.

Qui rentre chez vous ? Que viennent chercher les clients ? 

Philippe Leherre. On a trois types de clients. La majorité veulent se sevrer du THC. C'est vraiment la majorité, je dirai que c'est 60%. Après on a des gens qui sont sous «chimio», parce que c'est relativement appétant comme produit, puis c'est vrai que ça diminue les nausées. Et après on a les parents, qui viennent pour des enfants épileptiques entre autres, et tous ces gens-là sont conseillés par leurs médecins, enfin par leurs spécialistes. Moi je n'ai pas la vocation à donner des conseils médicaux. 

Vous c'est le bien-être essentiellement. Que dit la loi d'ailleurs par rapport à votre activité ? 

Philippe Leherre. Alors la loi dit que l'on peut commercialiser ce produit-là dès l'instant qu’il y a moins de 0,2% de THC dans les produits.

Dans le cas d’endométriose, Corinne nous dit qu’elle consomme du CBD. A-t-elle raison ? 

Dr Lemoine. Corinne a raison, elle fait bien de faire ça. Malheureusement la France est un pays formidable puisqu'on s'est opposé pendant très longtemps à toute commercialisation. Il a fallu qu'il y ait un arrêt de la Cour européenne de justice pour contraindre la France à l'importer. Mais parallèlement on est le seul pays en Europe qui a plus de 40 000 hectares de champs de chanvre indien pour faire du cannabis thérapeutique ou bien-être. Et il serait temps que la médecine s'empare du sujet et parle non plus du bien-être mais du thérapeutique. 

Le CBD ne « shoote » pas lui ? 

Philippe Leherre. Pas du tout, ça détend simplement, ça peut remplacer un somnifère par exemple. On a des gens qui prennent du Tramadol, qui est un opiacé. 

Le Tramadol ? 

Dcoteur Lemoine. On va dire que c’est de la morphine, enfin c'est très lourd comme traitement. 

Philippe Leherre. Pour diminuer justement ces dosages-là, les gens viennent essayer de compenser avec un petit peu de CBD. 

Docteur Lemoine. Mais c'est quand même ambigu parce que, selon le dosage, ça peut vous exciter ou ça peut vous endormir. Moi qui connait un peu la question du sommeil, j’hésite parce que je ne manipule pas assez bien les dosages. Et il y a des gens que ça réveille vraiment, comme autrefois du temps des hippies, il y en avait qui passaient leurs nuits à philosopher avec leurs pétards et puis d'autres qui, au contraire s'endormaient. Donc c'est très particulier. En revanche ça détend de manière assez fidèle et pour la douleur aussi. 

Pour l'imaginaire collectif effectivement on imagine bien ces hippies là, mais rien à voir avec votre clientèle, on est bien d'accord ? 

Philippe Leherre. Du tout, non ça n'a rien à voir, on a vraiment tout type de personnes, de tous âges, ça va des parents pour les enfants jusqu’à des gens qui sont très âgés. 

D'accord c'est vraiment accessible en termes de prix ? Combien ça coûte ? 

Philippe Leherre. Ce qu’on vend le plus en “thérapeutique”, c’est l’huile à 10%, ça vaut 60€ à peu près le flacon de 200 gouttes. C’est de l’huile sublinguale, donc à mettre sous la langue. Et selon l’âge et la corpulence de la personne c’est entre 3 et 10 gouttes par jour. 

Docteur vous êtes déjà rentré dans un magasin comme celui de de Philippe ? 

Docteur Lemoine. J'ai découvert celui de Philippe la semaine dernière, ça m'a beaucoup intéressé. Puis moi, ce qui m'a plu c'est son éthique, parce que justement il se cantonne à sa mission, il ne va pas plus loin et je pense qu'il a raison. Parce qu'effectivement il ne peut pas faire de thérapeutique, et il faut insister sur le fait que ce CBD ne donne pas d'addiction, il n'y a pas de dépendance. 

Philippe vous n'êtes plus tout seul. il y a des boutiques comme de CBD qui poussent un petit peu comme des champignons dans les villes, c'est une véritable explosion.  

Philippe Leherre. Oui c'est vrai ça explose. Ca avait explosé il y a 2 ans et demi, puis il y a eu un petit problème juridique. On n'était pas vraiment sûrs de ce qu'on pouvait faire, de ce qu’on pouvait vendre et puis ça a diminué. Et là ça reprend, il y a eu des jurisprudences auprès de la Cour européenne et les boutiques rouvrent de plus en plus. 

Justement, qu'aimeriez-vous qu'il se passe concernant la loi et ce cannabis-là, thérapeutique ? 

Philippe Leherre. Qu'il y ait quelque chose de clair, net et précis. Parce que ce n'est toujours pas clair, ni net, ni précis. On ne sait pas vraiment où on va. Il y a une loi européenne, donc on s'appuie sur cette voie-là. Mais en France c’est toujours un petit peu flou.

Bon comment on explique quand même le succès ? Parce que j'imagine que vous avez vu votre chiffre d'affaires vraiment se développer ? 

Philippe Leherre. Pas tant que ça non. Parce que c'est vrai que le cannabis, déjà, ça fait peur à beaucoup de personnes. On est en France, ça fait toujours un petit peu peur. Mais bon ce n'est pas un mauvais business, on est deux ou trois maintenant et on arrive quand même à vivre correctement. 

Bon, il faut arrêter d'avoir peur ?

Docteur Lemoine. Ah oui, pour ça il faudrait que les médecins soient enfin informés. 

Philippe Leherre. Moi j'ai mon papa qui est atteint d’Alzheimer et Parkinson. Là je ne peux plus le voir, je le vois à distance. Mais avant je lui amenais justement de l'huile sublinguale et ça diminue vraiment ses tremblements. Pour manger c’est beaucoup plus simple. 

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