Quelles sanctions après Lyon-Marseille? Deux semaines après l'interruption de ce match de Ligue 1 pour un jet de bouteille en plastique sur Dimitri Payet, la commission de discipline s'est réunie mercredi pour trancher, enfin, et tenter d'endiguer les débordements à répétition en tribunes.

Secoué par une vague d'incidents graves depuis cet été, le football français attend fébrilement la décision de mercredi, mais aussi de nouvelles mesures gouvernementales espérées mi-décembre pour répondre à l'indignation générale, encore accrue par l'affaire OL-OM.

Mais quelques minutes à peine après le début de la réunion de la commission de
discipline au siège parisien de la Ligue de football professionnel (LFP), la température est brusquement montée avec la prise de parole du directeur de la communication de l'OM Jacques Cardoze, furieux de l'absence de représentant du club marseillais. "Comme vous avez pu le constater, aucun dirigeant de l'OM n'a été invité à s'exprimer devant cette commission de discipline. Nous n'avons reçu aucune convocation. Nous estimons que cette commission de discipline aujourd'hui est illégitime, qu'il s'agit d'une parodie de justice", a déclaré le dirigeant marseillais devant plusieurs médias.

Evoquant des faits pourtant "extrêmement graves", il a poursuivi: "Est-ce que vous connaissez une cour de justice dans le monde, civile ou sportive, qui convoque
le responsable mais pas la victime, qui donne plus de poids à la parole du responsable qu'à celle de la victime?", a-t-il dit. "C'est une honte pour le football français, nous ne reconnaissons pas cette commission de discipline."

Acte isolé ?

Le 21 novembre, le capitaine marseillais Dimitri Payet avait reçu une bouteille d'eau en pleine tête alors qu'il s'apprêtait à tirer un corner devant le virage occupé par des ultras lyonnais, où aucun filet de protection n'était installé.

Le match, interrompu à 0-0 après seulement quatre minutes de jeu, n'avait jamais repris, au terme d'un imbroglio mêlant arbitre, clubs et représentants de l'Etat. L'auteur du jet de projectile, interpellé, a été condamné par la justice à six mois de prison avec sursis en comparution immédiate.

Dans cette atmosphère pesante, les membres de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) doivent s'extraire du contexte général et juger la responsabilité de l'Olympique lyonnais qui, tout en plaidant un "acte isolé", risque gros.

Il s'agit de répondre à plusieurs questions: le dispositif de sécurité mis en place par l'OL était-il suffisant pour protéger les joueurs, ou bien défaillant?
Dans ce dernier cas, quelle sanction doit être prononcée? Le match doit-il être rejoué, à Lyon, à huis clos ou encore sur terrain neutre? Doit-il plutôt être considéré comme perdu sur tapis vert?

Mauvaise foi

Le barème de sanctions n'étant pas très précis, Lyon et Marseille partagent la même incertitude avant le jugement.
Les débats ont commencé en fin d'après-midi au siège parisien de la LFP, sans Payet, qui a choisi de ne pas participer, ni physiquement, ni en visioconférence.

Les dirigeants marseillais, pas conviés par la commission pour venir faire entendre leur voix, n'étaient pas présents non plus.

Dans le camp lyonnais, la thèse de "l'acte individuel et isolé", que "personne ne peut anticiper ou empêcher", sera défendue.

Cette idée est contestée par l'équipe juridique de l'OM. Dans un document transmis à la commission de discipline et que l'AFP a pu consulter, les avocats du club provençal rappellent ainsi que l'auteur du jet de bouteille avait déclaré lors de son procès aller au stade supporter Lyon "depuis 20 ans".

Dans le même document, les avocats de l'OM reprochent au club lyonnais d'avoir cherché à minimiser la blessure de Payet et évoquent également le rapport de l'arbitre, qui a dit avoir vu "plusieurs briquets" lancés vers le joueur marseillais, en plus de boulettes de papier et de la fameuse bouteille d'eau.

Selon eux, la sanction contre l'OL doit être "évidemment supérieure à deux points dont un avec sursis, la perte de points étant inévitable". "Il faut être d'une mauvaise foi évidente pour comparer les événements (avec ceux) de Nice-Marseille, Montpellier-Marseille ou Lens-Lille", soit des rencontres marquées par "des envahissements de terrains" ou "des bagarres", a déjà répondu le président Jean-Michel Aulas, dont le club occupe la 12e place de Ligue 1.

Huis clos à titre conservatoire


Le soir du match, ce dernier avait demandé en vain la reprise du jeu, sans convaincre l'arbitre principal Ruddy Buquet. "Je fais malheureusement partie du Comex (Comité exécutif de la FFF, NDLR) et ça ne va pas en rester là", aurait lancé Aulas à l'arbitre, selon le rapport arbitral consulté par l'AFP, alors que le dirigeant lyonnais a évoqué des propos "sortis de leur contexte".

La commission de discipline, réunie en urgence le 22 novembre, avait prononcé à titre conservatoire un huis clos total du stade de l'OL, une mesure appliquée la semaine dernière lors de la défaite 2-1 contre Reims.

La commission a déjà su se montrer sévère cette saison: il y a un mois, l'instance présidée par Sébastien Deneux avait infligé à l'OGC Nice un retrait de deux points dont un avec sursis, ainsi qu'un huis clos pour trois matches, en réaction aux
débordements survenus le 22 août lors de Nice-OM (jet de bouteille sur Payet, déjà, envahissement du terrain par des supporters et bagarre générale).

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