Avec la cinquième vague du Covid-19, le nombre de lits en réanimation a été augmenté. Mais le variant Delta touche de plus en plus des femmes enceintes. A l'hôpital de la Croix-Rousse, une vingtaine de femmes enceintes ont fait une forme sévère et se sont retrouvées en réanimation, avec un impact sur les nouveau-nés.
A l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, de nombreuses femmes enceintes atteintes du Covid sont prises en charge. Certaines ont eu des formes très graves.
''Cette dame fait partie des femmes qui ont fait une forme sévère autour de l’accouchement, décrit Mehdi Mezidi, médecin réanimateur dans une chambre où se trouve une patiente qui vient d'accoucher. Elle a fait la forme la plus sévère possible du Covid puisqu’elle a fini avec un poumon artificiel. Sans poumon artificiel elle serait morte. Quand on a mis le poumon artificiel, le taux d’oxygène dans le sang est descendu jusqu’à 59%, donc vraiment pas beaucoup. Grâce au poumon artificiel on arrive à oxygéner son sang''.
100% des lits en réanimation sont pleins
Lors de la première vague il n'y a pas eu beaucoup de femmes enceintes en réanimation à cause du Covid. Mais avec le variant delta c’est autre chose.
''On a eu une série où 17 femmes enceintes ont fait une forme sévère du Covid, poursuit Mehdi Mezidi, médecin réanimateur. Elles ont dû être placées en réanimation. Cependant la mortalité est plus faible qu’avec les autres patients, mais il y a un impact sur les nouveau-nés en très grande prématurité. Ces derniers restent très longtemps en réanimation néo-natal. Malheureusement, nous avons eu des patientes qui ont perdu leurs enfants après leur séjour en réanimation. Ce virus brise des familles c’est vraiment horrible''.
Un manque cruel de personnels
L’hôpital de la Croix-Rousse a bénéficié d’une augmentation de lits il y a une semaine. Ils sont déjà tous pleins. ''Nous manquons cruellement de personnel paramédical, les infirmières, les aides-soignantes, regrette le professeur Jean-Christophe Richard, chef du service réanimation de l'hôpital de la Croix-Rousse. C’est une ressource qui nous manque lorsque l’on doit augmenter les lits. Pour y arriver nous avons déprogrammé l’activité de bloc il y a une dizaine de jours. Mais la déprogrammation n’a pas libéré tant de personnels que cela. Et puis il y a la compétence, pour faire le travail d’une infirmière en réanimation, il faut maîtriser toutes les techniques de réanimation. A chaque début de vague, nous avons toujours le même problème. Souvent il faut former, reformer pour avoir du personnel qui puisse prendre en charge un malade en réanimation de façon optimale''.
A partir du 3 janvier, il y aura de nouveau une augmentation de lits. Mais la problématique c’est le décalage entre les lits et le manque de personnels.
''C’est dur, on se demande comment vont se passer ces fêtes de fin d’année, avance Angélina Tavian, infirmière au service réanimation de l'hôpital de la Croix-Rousse. On nous a demandé de revenir sur nos jours de repos. On a l’impression, avec cette 5e vague de revenir à la 2e vague…C’est éprouvant. On aimerait sauver le plus de patients possible, mais on est en manque de personnel, en manque de moyens''.