Deux magistrates parisiennes ont été placées en garde à vue mardi pour une affaire d' "indics" instruite par la justice lyonnaise. L'enquête porte sur les méthodes de l'Office de répression du trafic des stupéfiants et l'extraction de prison d'un "indic" dans une vraie-fausse garde à vue.
C'est une enquête aux nombreuses ramifications qui porte sur les méthodes de l'ancien patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants. Le commissaire François Thierry a lui été placé en garde à vue lundi avec un autre homme pour infraction à la législation sur les stupéfiants, association de malfaiteurs et faux en écriture. Il avait déjà été mis en examen le 21 août 2017 après la découverte en octobre 2015 d'un importante cargaison de drogue dans deux camionnettes garées dans le XVI éme arrondissement de Paris.
Au départ de l'enquête, cette saisie record de sept tonnes de cannabis à Paris. La justice découvre alors que la drogue est arrivée en France dans le cadre d'une livraison surveillée, opérée par l'Ocrtis avec l'aide d'un informateur important de "l'Office", considéré comme un trafiquant de drogue de haut vol. Les camionnettes renfermant la marchandise vont être découvertes en fait par les douaniers alors qu'elles sont garées au pied du luxueux appartement de cet "indic".
Une instruction dépaysée
Les méthodes de l'OCRTIS apparaissent troubles dans toutes ces affaires d' "indics" . Et c'est bien l'objet de l'instruction conduite parallèlement à Bordeaux et à Lyon, dépaysée en région pour éviter toute interférence avec les autorités judiciaires parisiennes.
L'information judiciaire lyonnaise est l'une des trois enquêtes qui s'intéressent aux méthodes de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) et à la gestion des indics sous la direction de son ancien patron, le commissaire François Thierry.
La justice lyonnaise conduit donc une autre enquête sur l'Octris qui met en cause deux magistrates parisiennes de haut rang. Selon "Le Parisien" qui révéle l'information, les juges lyonnais veulent comprendre les conditions dans lesquelles un indicateur, Sophiane Hambli, a été temporairement extrait de prison, en avril 2012, pour être conduit dans un hôtel, dans le cadre d'une vraie-fausse garde à vue.
Deux magistrates ont été placées en garde à vue mardi à Paris par l'inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de cette enquête.
L'une d'entre elles, Karine Roussy-Sabourin, ancienne procureure à la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, est sortie de garde à vue en fin de journée. La seconde, Véronique Degermann, actuellement procureure adjointe au parquet de Paris, était toujours entendue mardi soir, selon des sources de l'enquête .