L'appel à la démission de Mgr Barbarin et une pétition qui a déjà recueilli 10 000 signatures placent l'Eglise dans l'embarras. La Confédération des évêques de France estime qu' "il n'y a pas de loi du silence" et que c'est maintenant à la justice de trancher sur cette affaire.
C'est une lettre cinglante d'un simple curé de campagne de la Drôme qui relance la polémique. Le père Vignon, prêtre du diocèse de Valence, demande ouvertement à Mgr Barbarin de démissionner sans délai. Cette démarche s'accompagne d'une pétition lancée sur Change.org et qui a déjà recueilli 10 000 signatures, mercredi.
La Confédération des évêques de France se retrouve dans l'obligation de répondre à cette initiative singulière, qui émane de ses propres rangs: "Ce n'est pas la loi du silence. Le fait que le père Vignon puisse écrire cette lettre pour dénoncer cela, ce n'est pas la loi du silence. Ca fait deux ans et demi que les évêques de France ont pris des mesures assez claires pour une collaboration avec la justice, la dénonciation des faits, les signalements, l'accueil et l'accompagnement des victimes", affirme le porte-parole de la Confédération des évêques de France (CEF), Olivier Ribadeau-Dumas, sur France Inter.
Maintenant, l'Eglise est prise au mot. Elle doit maintenant composer avec un début de contestation inspirée par le Pape Francois lui-même. Le Pape qui invite "le peuple de Dieu" à se remettre en cause dans ses jugements sur la pédophilie. Le Pape qui invite les catholiques à être au coeur de cette lutte contre une conspiration du silence ou une forme de complaisance qui ont trop longtemps prévalu."L'appel du Pape est clair", relève le père Vignon. "Le Peuple de Dieu doit réagir et je suis donc dans mon droit de l'appeler à le faire. C'est une question d'honneur".
Un procès déjà repoussé
Le cardinal Barbarin est poursuivi par d'anciens scouts, victimes des agissements du père Preynat. Si l'affaire dans l'affaire, la non-dénonciation de crime par le diocèse, a été classée sans suite par le parquet de Lyon, l'archevêque de Lyon est directement cité à comparaître par les victimes devant le tribunal correctionnel.
Mais l'audience a déjà été repoussée pour d'obscurs problèmes judiciaires de traduction. Les plaignants, constitués en association ('La parole libérée") s'impatientent et craignent que l'affaire ne s'enlise dans la procédure. Ils attendent une nouvelle date dans le courant du mois de septembre.
Le récit de Philippe Rejany avec les contributions de Benjamin Metral, Béatrice Tardy, Jean Perrier, Stéphane Hyvon et Myriam Figureau :