Dans les années 80, pour célébrer son glorieux passé Renaissance, Lyon a tenté d'importer une mythique course italienne, le Palio, avant de relancer une tradition purement lyonnaise : la fête des Pennons…
1984, une idée bizarre germe à Lyon : pour célébrer la glorieuse histoire de la ville sous la Renaissance, pourquoi ne pas importer le célébrissime Palio de Sienne… Dont acte.
La plus folle course du monde
Depuis 1650, le Palio, course hippique échevelée, enflamme deux fois par été (le 2 juillet et le 16 août) la place centrale de Sienne, cette piazza del Campo en forme de coquille, symbole de la cité toscane. Le topo est simple : au cœur de la ville et devant un public chauffé à blanc, une dizaine de cavaliers, représentant les 17 quartiers de la ville, les contrade, s’affrontent, à cru sur le dos des canassons, en faisant trois fois à train d’enfer (moins d’une minute et demie au total) le tour de la piazza, et que le meilleur gagne ! Le meilleur ou plutôt le plus déterminé, sachant que tous les coups sont permis, à part peut-être couper les jarrets des chevaux adverses. Et encore…
Chaque contrada a son emblème, de l’aigle au hérisson en passant par la girafe ou encore la licorne et la lutte entre les quartiers est impitoyable et permanente. Le vainqueur est le premier cheval qui termine la course, même si son cavalier a été éjecté en cours de parcours. La contrada dont le cheval est arrivé premier (et vivant…) reçoit le Palio, un drapeau en soie peinte.
Du Palio aux Pennons
De 1984 à 1987 au mois de mai, on transforme donc la place Bellecour en anneau de vitesse équestre où s’affrontent des cavaliers représentant les différents quartiers de Lyon. La première édition en 1984 connait un certain succès, les deux suivantes un peu moins… Pas facile d’importer à Lyon une tradition historique venue d’ailleurs, même extrêmement spectaculaire.
En 1987, adieu le Palio lyonnais, vive les Pennons de Lyon, une vraie tradition lyonnaise. Au Moyen-Age, les Pennons étaient une sorte de milice civile destinée à défendre la cité. Chaque quartier fournissait un contingent d'hommes, regroupé sous un pennon (un drapeau) pour assurer la garde de nuit de la ville et la lutte contre les incendies. Adieu la terre de Sienne, vive le pavé des gones…
22 mai 1987 : résurrection des Pennons lors d’une grandiose fête Renaissance avec parade en costumes, orgie pyrotechnique et course de chevaux (dernier vestige du palio) place Bellecour sous la queue du cheval. Pendant quelques années, chaque mois de mai, les Pennons de Lyon constitueront LA fête populaire lyonnaise du printemps… Avant qu’à l’autre extrémité de l’année, le 8 décembre devenu Fête des Lumières lui pique définitivement la vedette (et sans doute aussi quelques subventions…).
La Fête de la Renaissance
Aujourd’hui les Pennons sont toujours vivants mais à voile réduite : adieu le barnum et la fiesta équestre sur la place Bellecour. Reste, chaque année fin mai, la Fête de la Renaissance qui réunit toujours plusieurs milliers de spectateurs.
Samedi 21 mai, un défilé en costumes ralliera la Presqu’Ile au Vieux Lyon. Et dimanche rendez-vous pour la messe des Pennons à 10h30 à la primatiale Saint Jean avant un grand spectacle à 17h, place Saint-Jean.
Quant au Palio, définitivement rebelle à toute appropriation culturelle, il s’est replié sur sa terre de Sienne natale. Le prochain aura lieu le 2 juillet prochain, piazza del Campo, devant des dizaines de milliers de spectateurs.