D'un côté, le laboratoire pharmaceutique Aguettant implanté en Ardèche et à Lyon. De l'autre, Cirly, une PME de 20 salariés, spécialisée dans les circuits imprimés. Les deux entreprises ont été retenues dans le cadre de France Relance, et vont pouvoir se développer grâce au soutien de l'Etat.
Parmi les 31 entreprises retenues dans le cadre de l'appel d'offre national visant à rapatrier en France des productions essentielles, deux sont implantées dans la métropole de Lyon. Il s'agit du laboratoire pharmaceutique indépendant Aguettant, et de la petite entreprise familiale Cirly, basée à Brignais. Axées sur des domaines de production bien différents, les deux sociétés ont au moins un point commun : elles ont toutes deux été largement sollicitées pour faire face à la crise sanitaire.
Aguettant, fournisseur de médicaments d'anesthésie réanimation
Spécialiste des produits injectables utilisés à l'hôpital, et notamment en anesthésie réanimation, Aguettant "connait une période intense depuis le mois de mars". Et ce n'est pas terminé, comme l'indique Eric Rougemond, le président du directoire du laboratoire : "au moment où les autres entreprises ralentissaient, nous il a fallu accélérer pour répondre à la demande. Et ce mouvement continue." La production de ces médicaments à injecter est, dans un certain sens, redevenue essentielle aux yeux des pouvoirs publics, afin d'assurer la souveraineté industrielle nationale en temps de crise sanitaire.Résultat : Aguettant a été retenu dans le cadre du plan France Relance. Le laboratoire va pouvoir bénéficier de fonds alloués par l'État pour accélerer son développement. Le projet prévoit sur trois ans : la construction de nouvelles lignes de production à Lyon Gerland, et à Champagne en Ardèche, l'agrandissement d'un bâtiment logistique à Saint-Fons. Aguettant, qui fabrique notamment de l'atropine ou de l'adrénaline, prévoit également d'étendre son offre, en développant de nouvelles molécules et sept nouveaux médicaments.
C'est un projet de développement massif, à hauteur de 45 millions d'euros d'investissement. Actuellement, ce sont environ 100 millions d'unités qui sont produites dans nos usines chaque année. A l'issue de ce projet, nous tablons sur une production de 150 millions d'unités à l'année. L'idée, c'est de développer de nouveaux médicaments, de nouvelles technologies, des systèmes d'administration innovants. En termes d'emploi : 75 nouveaux recrutements sont envisagés sur les trois sites de Lyon, Saint-Fons et d'Ardèche.
Cirly, fabricant de circuits imprimés que l'on retrouve dans les respirateurs artificiels
Du côté de Brignais, dans le département du Rhône, le coup de pouce du plan de relance sera plus modeste. "On va pouvoir compter sur une subvention de 800.000 euros", explique Maxime Frachon. Le dirigeant de Cirly, PME spécialisée dans la fabrication de circuits imprimés, précise "que l'enveloppe représente plus de la moitié de l'effort financier envisagé pour notre développement. Cela va nous permettre d'aller plus vite dans notre projet". Ce projet de développement de l'entreprise familiale comprend trois volets : internaliser la sous-traitance, une production plus propre, et la robotisation de la production pour plus d'efficacité.
La fabrication de circuits imprimés s'est raréfiée en France depuis plusieurs années. D'une centaine d'ateliers au début des années 2000, "on doit être 10 aujourd'hui". La chute a été vertigineuse, commente Maxime Flachon. La production de ces produits en Europe représente moins de 4% de la production mondiale.
On sait très bien aujourd'hui qu'il y a certaines typologies de produits où il est illusoire de croire qu'on va les relocaliser ici, pour des questions de coûts notamment. En revanche, il y a de nouveaux marchés, de nouvelles technologies pour lesquels la relocalisation en France aurait du sens, pour peu qu'il y ait un soutien et de l'ambition.
La petite société qui compte aujourd'hui une vingtaine de salariés, a été très vite sollicitée pendant la crise sanitaire. Il faut dire que l'entreprise fonctionne avec un carnet de commandes à la semaine. Ce qui lui permet d'être réactive et de jouer la carte du sur-mesure pour ses clients. Avec l'épidémie de coronavirus, le confinement, la chaine d'approvisionnement depuis l'Asie a été vite perturbée. Or, les circuits imprimés sont partout, dans tous les systèmes électroniques, jusque dans les respirateurs artificiels.
"Être retenu dans le cadre de ce plan de relance, c'est d'abord beaucoup de fierté, une belle reconnaissance", confie Maxime Flachon. Cela va surtout permettre à cette petite entreprise "de se projeter dans l'avenir malgré un contexte compliqué". D'ici deux à trois ans, dans le cadre de son projet de développement, Cirly devrait avoir accueilli cinq à six salariés de plus.
En tout, 31 entreprises ont été sélectionnées sur l'ensemble du territoire national, dans le cadre du plan France Relance.