D'impressionnants camions vibrants sondent les sols d'Alsace à la recherche du précieux lithium

Dans le nord de l'Alsace, une entreprise française mène une étude des sols pour rechercher des sources de lithium. Grâce à des capteurs, les ingénieurs effectuent une échographie des sous-sols. L'objectif est de sonder la composition géologique et déterminer les meilleurs endroits pour installer des forages à lithium.

Indispensable pour fabriquer les batteries de smartphones, ou celles des voitures électriques, le lithium pourrait bientôt être extrait en Alsace. Jusqu’ici, il provenait principalement de gisements miniers en Amérique du Sud ou en Australie. On peut aussi le trouver dans les eaux souterraines, le lithium est très soluble.  

Nous en sommes encore à la première étape vers le lithium alsacien pour déterminer l’endroit optimal d'un forage. Depuis 2022, l’entreprise Lithium de France, basée à Bischwiller, a mené trois campagnes d'échographies des sous-sols en Alsace du Nord. La première s’est déroulée vers Surbourg et Betschdorf, la deuxième dans le secteur de Pechelbronn. 

La troisième est encore en cours et c’est le territoire de Haguenau qui s’est vu parsemé de ces petites boîtes orange et énigmatique. Ce sont des géophones, des capteurs, disposés stratégiquement tous les 30 mètres à travers la forêt et la ville.

À la même manière des ultrasons envoyés lors d’une échographie, nous envoyons des ondes

Pierre-Henri Roche, ingénieur géophysicien

Que captent-ils ? Les vibrations émises par des camions. la même manière des ultrasons envoyés lors d’une échographie, nous envoyons des ondes acoustiques jusqu’à deux kilomètres sous nos pieds. Ces ondes vont se réfléchir sur les différentes couches géologiques pour remonter comme des échos, vers les géophones", résume Pierre-Henri Roche, ingénieur géophysicien pour Lithium de France. Ces vibrations donnent des indications précises sur la composition des sols traversés.

Un profil géologique propice

Les sols de la vallée rhénane, ceux du Bas-Rhin particulièrement, rassemblent des caractéristiques propices à la présence de lithium. Un socle granitique qui assure la présence de certaines roches, une couche terrestre fine qui induit de hautes températures proches de la surface et la présence d’eau qui dissout la roche pour se gorger de lithium.  

En effet, la pêche a été bonne. "Grâce aux premières campagnes, nous avons pu obtenir une cartographie 3D détaillée des sous-sols. Nous pouvons donc définir les zones où se trouve le fluide géothermal, à partir duquel nous extrairons la chaleur, puis le lithium." D’une pierre, deux coups. “L’eau chaude remonte du sous-sol, traverse un jeu d’échangeurs. D’un côté, les calories vont être récupérées. De l’autre, l’eau passera dans un filtre à lithium pour être ensuite réinjectée dans le même milieu dont elle vient" précise Xavier Georke, responsable Développement. Une zone à Schwabwiller a notamment été identifiée. Le projet de forage pour cette zone est en instruction auprès des autorités publiques. Le démarrage d’activité est prévu pour fin 2026.

Une chaleur valorisée

Que faire de la chaleur et du lithium récoltés ? L’énergie thermique sera transférée sur le réseau de transport de chaleur des environs. "Nous travaillons avec la communauté de communes et la chambre d’agriculture. Il y a déjà des demandes d’agriculteurs, ou de pisciculteurs, par exemple, qui cherchent à décarboner leur consommation de chaleur" détaille Jean-Jacques Graff, directeur géothermie. Le lithium, lui, sera purifié puis envoyé dans les usines de fabrication de batteries. “Il va y en avoir de plus en plus en Europe. L’indépendance en lithium est un des objectifs de l’union européenne” ajoute-t-il. Côté fabricants de téléphones ou de voitures, là aussi, il y a des intéressés. Pour Lithium de France, le premier client n'est autre que l'entreprise Renault.

Une technique d’extraction plus verte

L’extraction de lithium des eaux souterraines présente un avantage écologique. Elle nécessite 300 fois moins d’eau que certaines extractions américaines et infiniment moins de CO2 que les mines à ciel ouvert. Pour Jean-Jacques Graff, pas d’inquiétude quant à la quantité de lithium disponible sous nos pieds. “On estime que le Lithium ne se régénère pas mais nous prévoyons de prélever environ 150 mg par litre d’eau remontée, c’est une quantité infime. On en a pour entre 30 et 50 ans d’exploitation avant que le lithium ne s’appauvrisse dans les sols". La prochaine campagne aura lieu d'ici septembre à Soufflenheim. 

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