"Non à la recherche de lithium dans le Haut-Rhin", un élu lance une pétition après le feu vert donné par l'Etat

Jean-Luc Ginder, conseiller municipal de Bollwiller (Haut-Rhin) a lancé dimanche 28 juillet 2024 une pétition contre la recherche de lithium dans le Haut-Rhin. L'élu conteste les deux permis accordés début juillet 2024 par l'Etat à la société Vulcan Energie France. Ces permis autorisent la société à rechercher du lithium et des gîtes de géothermie dans un périmètre de 463 km2 autour de Mulhouse.

"Non à la recherche de lithium dans le Haut-Rhin", c’est l’intitulé d’une pétition mise en ligne dimanche 28 juillet par Jean-Luc Ginder, conseiller municipal de Bollwiller (Haut-Rhin). L’élu s’insurge contre les deux permis de recherche exclusifs accordés à la société Vulcan Energie France par le ministère de l’économie.

Par deux arrêtés en date des 2 et 12 juillet 2024, cette filiale française d’une société australienne a décroché le feu vert gouvernemental pour la prospection de lithium et de gîtes géothermiques dans le Haut-Rhin. Une première française pour cette entreprise qui opère déjà en Allemagne, notamment à Landau dans le Palatinat où une usine de production de lithium est sur les rails.

Dans le Haut-Rhin, elle pourra prospecter sur un périmètre de 463 km2 autour de Mulhouse. Quarante-deux communes sont concernées : Baldersheim, Bantzenheim, Battenheim, Blodelsheim, Bollwiller, Brunstatt-Didenheim, Chalampé, Ensisheim, Feldkirch, Fessenheim, Habsheim, Heimsbrunn, Hirtzfelden, Hombourg, Illzach, Kingersheim, Lutterbach, Merxheim, Meyenheim, Morschwiller-le-Bas, Mulhouse, Munchhouse, Niffer, Ottmarsheim, Petit Landau, Pfastatt, Pulversheim, Raedersheim, Réguisheim, Reiningue, Richwiller, Riedisheim, Rixheim, Roggenhouse, Ruelisheim, Rumersheim-le-Haut, Sausheim, Staffelfelden, Ungersheim, Wittelsheim, Wittenheim et Zimmersheim. 

"Il y a trop d'inconnues"

Comme le veut la réglementation, les communes concernées avaient été consultées en 2023. À l’exception de Hombourg et d’Ensisheim, toutes avaient émis un avis défavorable sur le projet. C’est justement ce qui indigne l’élu haut-rhinois : "on vous consulte, vous dites non mais on le fait quand même, c’est comme le 49-3, c’est une insulte à la démocratie !"

Dans cette affaire, Vulcan Energie France est associée au constructeur automobile Stellantis (ex-PSA). L’idée est d’installer d’ici 2026 une centrale géothermique sur le site de l’usine Peugeot de Sausheim. L’accord prévoit de fournir le constructeur en énergies renouvelables mais également en lithium, minerai indispensable à la production des batteries de véhicules électriques. 

Sur le papier, le projet est prometteur mais "il y a trop d’inconnues, estime Jean-Luc Gringer, on a besoin d’analyses plus précises, il faut temporiser car les conséquences pourraient être très graves, on craint pour notre nappe phréatique et puis à Bollwiller, on a déjà l’expérience des problèmes générés par les mines de potasse ". Furieux devant la "passivité" de ses confrères face à ce nouvel affront de l'Etat, l'élu de Bollwiller a donc choisi de lancer une pétition. 

"La décision est tombée de Paris dans le plus grand secret"

Le maire de Brunstatt-Didenheim, Antoine Viola, plaide-lui pour une action concertée. "Tous les maires concernés sont très sceptiques, même la ville de Bâle en Suisse vient de se retirer d’un projet de géothermie". L’édile va même plus loin : "moi, je ne veux même pas qu’on regarde s’il y a du lithium dans le Haut-Rhin car si on en trouve, c’est fini, on deviendra un territoire d’intérêt national et là il n’y aura plus personne pour nous protéger, ce sera un désastre environnemental, visuel sans parler des risques sismiques". Antoine Viola s’en remet à Mulhouse Alsace Agglomération (M2A) pour mettre sur pied une action commune contre la décision du ministère de l’économie.

Mais la situation est épineuse car les enjeux environnementaux et économiques sont considérables. Fabien Jordan, le président de la M2A, conteste lui aussi la méthode du gouvernement. "C’est inacceptable, on a mis sur pied un comité de consultation et finalement la décision est tombée de Paris dans le plus grand secret."

Dans le même temps, il rappelle l’intérêt du territoire à aider Stellantis. Le constructeur entend atteindre la neutralité carbone d’ici 2038, avec une réduction de 50 % de ses émissions de CO2 d'ici 2030. "Nous soutenons Stellantis dans sa démarche de décarbonation, c’est positif pour notre territoire " affirme Fabien Jordan. L’accord avec Vulcan permettrait aussi de sécuriser la présence du constructeur dans le Haut-Rhin, lequel est toujours le premier employeur privé d’Alsace.

Il y a donc, selon le président, un compromis à trouver, des périmètres de prospection à redéfinir pour concilier les intérêts de chacun. Fabien Jordan entend réunir tous les élus concernés avant la fin du mois d’août pour établir une stratégie d’action. L’un des leviers pourrait être la contestation en justice des autorisations délivrées à Vulcan Energie France par l’Etat. L’arrêté étant paru le 11 juillet 2024 au journal officiel, les élus ont jusqu’au 11 septembre 2024 pour attaquer.

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