Témoignage. Moteur 1.5 BlueHDi : "Je n’ai plus confiance dans ma voiture", après PureTech, un autre moteur Stellantis pointé du doigt

Publié le Écrit par Léa Houël

Après les moteurs PureTech, c'est au tour du 1.5 BlueHDi de Stellantis d'être au cœur de la tourmente. Une chaîne de distribution trop courte serait à l'origine de nombreux dysfonctionnements. Alors que le constructeur ne semble pas disposé à rembourser les victimes, ces dernières s'organisent en ligne. On vous explique.

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Il n'y a visiblement pas que les moteurs PureTech qui pèchent chez Stellantis. Il y a un an, un groupe Facebook a vu le jour pointant une nouvelle défaillance, mais pour les moteurs 1.5 BlueHDi cette fois-ci. Aujourd'hui, près de 8 300 personnes ont rejoint le groupe pour un problème bien précis : une rupture de la chaîne d'entraînement des arbres à came et une casse moteur.

Dans un langage moins savant, comprendre ici une malfaçon de la chaîne qui relie deux pièces du moteur. Sous-dimensionnée, elle casse même à de faibles kilométrages, ce qui met le moteur hors service. 

Sur ce groupe, des messages détaillant des pannes nettes sur la route fleurissent chaque jour. Au cœur des revendications, la prise en charge des réparations par Stellantis qui s'avère moins évidente que prévu. "Ce qui m'a motivé à créer le groupe, c'est la politique de Stellantis. Ils n'assument pas leurs erreurs", juge Smaël Sebille, chauffeur de poids lourds dans le Var.

S'ils sont déjà plus de 8 000 sur le groupe, Smaël Sebille estime que des millions de propriétaires de véhicules pourraient être victimes de ce défaut de fabrication à travers la France.

Assemblés par le groupe automobile entre 2017 et 2023, ces moteurs sont présents dans de nombreux véhicules. "Rien qu'en 2020, 1 million de moteurs 1.5 BlueHDi sont sortis d'usine", ajoute le chauffeur de poids lourds. 36 modèles de Citroën, de Peugeot, ou encore d'Opel sont concernés. Une carte collaborative créée il y a moins de deux semaines recense déjà une centaine de victimes.

Originaire de Cassel (Nord), Laura Watelle est propriétaire d'une Peugeot 308. Elle a accepté de témoigner.

3500 euros de réparations

"Avant ma voiture actuelle, j'avais une autre 308, équipée d'un moteur PureTech". Laura Watelle n'a décidément pas de chance avec ses véhicules. Avec ce dernier, elle se souvient être tombée "en panne en plein milieu de l'autoroute". 

Pour régler le problème, elle décide de se rendre chez son garagiste, on lui annonce que la défaillance est connue sur les moteurs PureTech. Après sa frayeur sur la route, elle prend la décision de changer de véhicule. Fidèle à la marque Peugeot, elle se rabat donc sur une 308, mais équipée cette fois-ci d'un moteur diesel 1.5 BlueHDi. "On m'a dit que je n'aurais plus de problème avec celle-ci. Je l'ai achetée en 2021, elle avait été construite en 2019."

► Lire aussi : Moteurs Puretech défectueux : un automobiliste du Nord mène une fronde collective contre Stellantis

"Tout se passait bien, jusqu'à un jour de septembre 2024, où ma voiture n'a pas redémarré. J'ai appelé le remorquage, j'arrive dans mon garage habituel, on me dit que c'est un problème connu chez Peugeot... et rebelote !" Laura Watelle se retrouve donc avec un deuxième véhicule Peugeot défectueux sur les bras, d'à peine cinq ans et de moins de 100 000 kilomètres.

Elle tente donc de faire réparer son véhicule, mais au garage, on lui dit que Peugeot ne pourra pas prendre en charge les frais. "Comme je n'avais quasiment pas roulé en 2023, je n'avais pas fait de révision. Ils m'ont donc annoncé qu'ils ne prendraient rien en charge", et que la facture s'élèverait à 3 500 euros. Une somme aussi conséquente qu'imprévue pour cette mère de famille à la recherche d'un emploi. 

Ni une, ni deux, elle se renseigne donc sur les réseaux sociaux. "En entendant parler des problèmes avec le moteur PureTech aux infos et sur internet, on s'est dit qu'il y avait peut-être quelque chose aussi sur le moteur BlueHDi", raconte-t-elle. C'est ainsi qu'elle a rejoint le groupe Facebook de Smaël Sebille. "Ce groupe m'a guidée sur les démarches à faire pour signaler le problème sur Signal Conso [site pour signaler un problème à la répression des fraudes, NDLR]".

Au fil des témoignages postés sur la page Facebook, elle se rend compte qu'elle est loin d'être seule à avoir des difficultés avec son moteur 1.5 BlueHDi, et que la prise en charge des frais de réparation est variable selon la concession et la personne qui en fait la demande. Alors que Stellantis n'accepte pas de payer ses réparations, certains font état d'une aide à hauteur de 55% de la facture finale, d'autres à 100%, quand des victimes enchaînent encore les allers-retours chez leur garagiste pour trouver une solution, parfois en vain. En bref, aucun protocole clair de la part de Stellantis.

Je veux me porter partie civile.

Laura Watelle

Propriétaire d'une 308 1.5 BlueHDi à Cassel (Nord)

Dans la nécessité de disposer d'une voiture pour ses déplacements du quotidien, Laura Watelle a pris la décision de payer de sa poche les 3 500 euros de réparation. Mais elle hésite à faire appel à son assistant juridique. "Je veux me porter partie civile. S'il y a une action collective, je voudrais en faire partie. Ça fait deux fois que je me fais avoir et même réparée, ma voiture va décoter énormément", s'agace-t-elle, alors qu'elle a payé son véhicule 24 000 euros.

Désormais, dès qu'elle prend la route, Laura Watelle doit composer avec ses angoisses. "Je n'ai plus confiance dans ma voiture. Le moteur a été ouvert, est-ce que c'est bien remonté ? Je roule quand même 250km par semaine."

Un millimètre manquant ?

La médiatisation de ce problème aurait déjà fait bouger chez Stellantis. Smaël Sebille relate que le constructeur aurait "fait un demi rappel, mais ne prend toujours pas à 100% les réparations." Aussi, pour répondre aux défaillances, "la chaîne est passée de 7 mm à 8 mm, et l'huile moteur de 0w30 à 0w20, et maintenant la nouvelle huile est 5w30 RCP". Difficile à suivre pour les propriétaires des véhicules, donc.

Pour l'UFC que choisir, Stellantis confirme que "des dysfonctionnements ou des avertissements tels que des bruits mécaniques, peuvent se produire, indiquant une défaillance potentielle du système de chaîne de distribution, ce qui peut augmenter le risque de casse du moteur", entraînant de nombreux dommages et des frais de réparation de plusieurs milliers d'euros. Les colonnes du journal spécialisé dans les enjeux de consommation précisent que depuis le 1ᵉʳ février 2023, tous les moteurs seraient équipés de la chaîne plus large... d'un petit millimètre.

► Lire aussi : AdBlue : ce qu'il faut savoir sur le scandale qui pousse des milliers de consommateurs à déposer plainte

À nos confrères d'Actu Lille, Stellantis ajoute qu'une couverture spéciale a été mise en place pour les propriétaires des véhicules disposant des moteurs défaillants, construits entre 2017 et 2023. Mais c'est à condition d'avoir roulé moins de 150 km, que le véhicule a moins de 5 ans, ainsi qu'en ayant suivi scrupuleusement le "plan de maintenance du fabricant, notamment l'entretien dans notre réseau. (...) Le constructeur est bien obligé de fixer des règles et de s'y tenir."

Le constructeur est bien obligé de fixer des règles et de s'y tenir.

Stellantis

À Actu Lille

Néanmoins, Smaël Sebille explique avoir "commencé les démarches avec sa protection juridique car [sa] chaîne n'a pas encore cassé, mais il fallait faire la modernisation." Pour son cas, Stellantis refuserait de prendre en charge cette réparation dans la mesure où son véhicule est entretenu dans un garage "hors réseau". "Lorsqu'une prise en charge est accordée aux victimes, ils la présentent comme un simple geste commercial."

Propriétaire d'un 5008 1.5 BlueHDI, le créateur de la page Facebook explique être en train de créer un groupe "pour se faire entendre" et "se porter partie civile". Pour ce faire, un formulaire est accessible pour tous ceux qui s'estiment lésés par le moteur de Stellantis et qui souhaiteraient contribuer à une action collective.

Contacté par France 3 Hauts-de-France, Stellantis n'a pas répondu à nos sollicitations.

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