Emblématique PDG de Stellantis, Carlos Tavares a démissionné le 1ᵉʳ décembre de ses fonctions. Moins de 24 heures après cette annonce, la CGT ne pleure pas son départ. Elle dresse le bilan d'un mandat aux mains des actionnaires.
"C'était la surprise, on l'a appris hier soir dans la presse", dans la matinée du 2 décembre 2024, Fabrice Jamart digère encore la nouvelle. La veille le délégué syndical central CGT de Stellantis apprenait le départ de son PDG, Carlos Tavares.
À la tête du groupe constructeur automobile depuis 2014, ce dernier aurait été poussé vers la sortie, en raison "des résultats boursiers" poursuit le syndicaliste. Désabusé, au nom de la CGT, il réagit : "pour nous, ce n'est ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle, car on sait que son successeur portera la même politique."
Sur cette "politique" de Carlos Tavares, il ne mâche pas ses mots en décrivant une situation de "casse de l'emploi". "Avec près de 150 000 emplois supprimés, son bilan est positif pour les actionnaires, mais pas pour les salariés. Il a imposé des cadences infernales, on a eu beaucoup de droits en moins, les salaires ont baissé."
Douvrin, Valenciennes, Hordain... Stellantis est implanté à de nombreux endroits dans le Nord. Dans le département, "des milliers d'emplois ont été supprimés, et une menace plane sur l'usine d'Hordain avec la création d'un site de production en Turquie" ajoute le délégué syndical.
Un départ pour "rassurer les marchés financiers"
Dans les tracts communiqués par la CGT Stellantis, le reproche concernant l'emprise des actionnaires sur la politique de Carlos Tavares est omniprésente. Ils parlent d'un départ "pour rassurer les marchés financiers", et qu'au final, "aucun salarié ne le regrettera".
Quelques heures après l'annonce de son départ, encore difficile de connaître le nom du futur successeur. Néanmoins, "nous n'avons rien à attendre de la direction par intérim ni de son futur remplaçant... (...) faire de plus en plus de rentabilité sur le dos des travailleurs et travailleuses pour continuer à engraisser les actionnaires."
Nous n'avons rien à attendre de la direction par intérim ni de son futur remplaçant.
CGT StellantisCommuniqué de presse
Virulents, ces reproches s'inscrivent dans une année difficile pour Stellantis après le scandale des moteurs Puretech. "Quand on veut faire que du profit, on néglige la qualité du produit", dénonce Fabrice Jamart, "ça donne une mauvaise publicité aux clients quand on produit des véhicules qui cassent au bout de quelques mois."
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Alors que Michelin et Volkswagen sont également en proie à des difficultés, c'est tout un marché de l'automobile en Europe qui est en crise. "Les constructeurs automobiles et les industriels se mènent la guerre pour se tailler des parts de marché et encaisser le plus de bénéfices", fustige le communiqué de la CGT. D'après les dernières informations de Franceinfo, Carlos Tavares quitte Stellantis avec un chèque "en dizaines de millions d'euros".