Surconsommation d'huile, soucis de freinage... De nombreux automobilistes dénoncent des problèmes sur le moteur 1.2 Puretech de Stellantis présent dans les Peugeot, Citroën, DS ou Opel. L'un d'eux, Sébastien Czerniak, a réuni 10.000 usagers sur une page Facebook et veut lancer une action collective à l'instar du "Motorgate" de Renault.
C'est un témoignage parmi tant d'autres. En mai 2015, Sébastien Czerniak s'offre une Peugeot 308 neuve équipée d'un moteur Puretech de 110ch. Cinq ans plus tard, avec 120.000 km au compteur, il constate une consommation d'huile excessive (1.04l/1000km). Le débuts des ennuis pour cet habitant de Pont-à-Marcq.
Il se rend chez son garagiste alors qu'au même moment Stellantis procède à un premier rappel après avoir détecté un problème de courroie dans ses moteurs. Tous les possesseurs de Peugeot 208, 2008, 308, 3008, 5008 fabriqués entre 2013 et 2017 étaient ainsi enjoints à contacter un concessionnaire, tout comme ceux au volant d'une DS, d'une Opel ou d'une Citroën C3 et C4. Plus de 200.000 utilisateurs étaient concernés selon le site Que Choisir.
Défaut d'huile et moteur cassé pour Sébastien
Un mécanicien prend alors en charge le véhicule de Sébastien, en vain... Le problème persiste. "Deux semaines après j’ai eu une alerte sur mon tableau de bord m'indiquant un défaut de pression d’huile", explique-t-il. Il retourne au garage et reçoit la sentence : "mon moteur était HS, il fallait le remplacer." Pour lui, le rappel de Stellantis n'avait donc pas réglé le problème.
Le montant de l'opération se chiffre à 4.600 euros. "Le constructeur proposait de prendre en charge 70% du prix", indique-t-il. Sébastien doit ainsi débourser 1.380 euros de sa poche. Injuste, dit-il, alors qu'il assure avoir toujours entretenu minutieusement son véhicule chez un concessionnaire Peugeot.
Des "gestes commerciaux" par Stellantis
Il décide alors de faire une contre-expertise pour déterminer l'origine du problème dans son moteur. "Elle a conclu à un problème de conception". Sébastien se tourne alors vers Stellantis, qui finiront par lui faire "un geste commercial". Mais il ne compte pas s'arrêter là pour autant...
Sébastien créé en 2021 une page Facebook pour rassembler ses compagnons d'infortune. "Je trouve abusé qu’une société comme Stellantis rejette la faute sur ses clients et les fasse payer leur problème de conception", argue celui qui prendra la tête d'une fronde d'automobilistes mécontents. Aujourd'hui, cette page intitulée PSA 1.2 Puretech Problemes : Courroie , Surconsommation D’huile, Moteur HS compte plus de 10.000 membres.
10.000 automobilistes se regroupent sur Facebook
Les témoignages de particuliers s'accumulent et se ressemblent. Les rappels du constructeur ne semblent pas efficients, d'après eux. Et In fine, les récits évoquent souvent des prises en charge au cas par cas par Stellantis. Avec, la plupart du temps, un reste à charge conséquent pour l'usager. Comme l'illustre Maud Lamothe dans un post Facebook : "Surconsommation d'huile, moteur à changer. Prise en charge à 50 % par Stellantis/Peugeot [...] reste à charge 3600 euros..."
"L’assistance au freinage pourrait être réduite ou perdue, augmentant ainsi le risque d’accident."
Dans la fiche de rappel des moteurs Puretech PeugeotPubliée sur le site Rappel Conso en 2020
Au-delà du coût économique pour l'usager, les soucis du moteur Puretech, objets du rappel par la société, pourraient conduire à des mises en danger sur la route. "L’assistance au freinage pourrait être réduite ou perdue, augmentant ainsi le risque d’accident", notifiait la fiche de rappel officielle de novembre 2020. Au total, deux rappels de Stellantis concerneront ces moteurs, en partie fabriqués à l'usine de Douvrin dans le Pas-de-Calais. Des casses moteurs pourraient également survenir à n'importe quel moment.
Contacté, le service communication ne "commente pas" les critiques d'usagers et renvoie à "des éléments de langages" envoyés par mail. Ceux-ci semblent faire porter la responsabilité de défaillance de courroie sur le comportement individuel des automobilistes. "Dans certaines conditions de conduite, certains clients peuvent constater une dégradation de la courroie de distribution due à un vieillissement prématuré de l'huile". Et d'ajouter : "le respect de l'intervalle d'entretien de l'huile et l'utilisation de l'huile adéquate sont essentiels pour préserver l’état de la courroie de distribution."
Vers une action collective dans le sillage du "Motorgate"
Pour toutes ces raisons, Sébastien Czerniak veut désormais frapper un grand coup. Ce dernier s'est rapproché de l'avocat du "Motorgate" de Renault, Maître Christophe Lèguevaques, pour lancer une "class action". Autrement dit une action collective. Information qui avait été révélée par RMC.
Le but ? Réunir, d'ici fin 2023, 1.000 automobilistes témoins de ces problèmes de moteur Puretech pour lancer une offensive judiciaire à moindre coût à l'encontre de Stellantis. Le site Myléo a été créé pour rassembler ces consommateurs prêts à entamer la démarche. À ce jour, 250 personnes ont rejoint cette action collective. "En tout, 500.000 véhicules pourraient être concernés", estime Me Lèguevaques.
Le projet d'une plainte pour "tromperie sur la marchandise"
Si le nombre est atteint, cette action collective sera lancée en début d'année prochaine. La première étape consistera à entrer en discussion avec Stellantis afin d'"obtenir une solution à l'amiable" fait savoir l'avocat. En cas de fin de non-recevoir du constructeur, l'avocat déposera un référé probatoire pour contraindre Stellantis à publier des documents relatifs à la construction du moteur.
"Car selon nous, le problème vient d’un vice de conception, déclare Me Lèguevaques. Nous tendons à démontrer que Stellantis a connaissance depuis longtemps de ce vice de conception, mais ne fait pas grand-chose et laisse les consommateurs face à l’adversité." Enfin, si ce référé n'aboutit pas, une plainte pourrait être déposée au pénal, pour "tromperie sur la marchandise" et "mise en danger des personnes".