"La République en marche" connaît sa première crise de défiance juste avant son congrès de Lyon. Un manifeste signé par "100 démocrates", référents de LREM, dénonce avec férocité "le vide idéologique navrant où seul demeure le jeu pervers de la courtisanerie". Ils quittent le mouvement.
Ils se présentent comme élus, animateurs de comités locaux ou référents de la "République en marche" issus de toute la France. Comme des citoyens indépendants, libres, militants des doits de l'Homme et partisans de la démocratie. Et ils annoncent leur intention de démissionner du mouvement la veille du congrès national de LREM à Lyon.
Sous la signature "100 démocrates", ils prennent le contrepied du mouvement avec une féroce tribune intitulée : "La démocratie n'est pas en marche". Un document où ils expriment leur déception après les espoirs de renouveau politique inspirés par l'élection d'Emmanuel Macron. Un désenchantement qui transparaît dans une critique acerbe des instances qui n'auraient rien fait "pour empêcher que des opportunistes puissent entrer dans les arcanes du pouvoir"
C'est d'abord la gouvernance du mouvement qui est mise en cause : "Le choix a été fait de ne contrôler aucune entrée et de permettre un accès libre à tous (...) Aucune instance n'a été activée. Pire, les nouveaux statuts avec une représentativité très affaiblie de la base militante ne permettent ni la liberté d'opinion et d'expression , ni une critique interne du pouvoir contre ses propres abus" .
"Le sacre" de Christophe Castaner
Les modalités de désignation mises en place lors du congrès de Lyon cristallisent le mécontentement : "Le prochain sacre de Christophe Castaner, élu à la tête du parti avant l'heure, en l'absence de concurrents, laisse peu d'espoirs aux militants en attente de démocratie". Et les 100 démocrates de dénoncer le refus d'élections démocratiques internes "en imposant un vote à main levée alors même qu'un vote à bulletin secret est sollicité".
Les militants déçus font aussi état de leurs efforts pour parvenir à établir un dialogue en interne et à faire entendre leur sensibilité. Ils concluent : "Le mépris et l'arrogance qu'ils ont essuyés, les menaces ou les tentatives d'intimidation laissent à penser que la République en marche marche désormais sur la tête. "
Voici donc "La République en marche"confrontée aujourd'hui à une première fronde publique, à quelques jours de la désignation de ses instances dirigeantes à Lyon. Une dissidence dont on relévera qu'elle ne vise pas nommément le Président de la République mais bien plutôt son entourage politique, "une gouvernance d'élites qui , en méprisant l'intelligence collective, s'est progressivement coupée de ses forces -vives"