Gérard Collomb a été réelu sans surprise maire de Lyon par 41 voix contre 8 mais avec moins de soutiens qu'en 2014. Les écologistes n'ont pas voulu contribuer à son élection. Et le centriste Denis Broliquier, candidat au poste, estime que "la peur des représailles" a pesé sur le scrutin
Un mois après avoir démissionné de façon spectaculaire du ministère de l'Intérieur, Gérard Collomb a retrouvé lundi matin son fauteuil de maire de Lyon Reélection sans surprise, dès le premier tour: 41 voix contre 8 à son seul rival déclaré, le centriste Denis Broliquier, maire du deuxième arrondissement. La droite républicaine n'a pas pris part au scrutin. Et dix élus ont choisi de déposer un bulletin blanc dans l'urne.
41 voix sur 73 ... Une majorité dont peut se prévaloir Gérard Collomb, mais inférieure à celle qu'il avait trouvée dans son camp en 2014. Il avait obtenu alors 48 voix. Si le maire de Lyon peut donc compter sur ses fidèles de toujours, certains des soutiens d'alors prennent aujourd'hui leurs distances.
Les élus d'Europe Ecologie - Les Verts n'ont pas contribué cette fois à son élection : "Ils avaient voté pour vous en 2014 conformément à l'accord technique passé en 2014 entre les deux tours des municipales, explique au nom du groupe, Mme Chevalier. Mais depuis la situation a bien changé". La loi "Asile et immigration" est passée par là, entraînant selon eux "une rupture avec l'humanisme". Les écologistes attendent maintenant "un changement de logiciel politique" pour le prochain mandat.
Nathalie Perrin-Gilbert, maire (Divers gauche) du premier arrondissement, a épinglé à son tour le "nouveau" maire de Lyon: "Monsieur Collomb, à force de vouloir vous succéder à vous -même, vous allez transformer notre ville en une nécropole de la vie politique.(...) L'attitude qui est la vôtre est immature, capricieuse et confiscatoire".
Denis Broliquier, maire centriste du deuxième arrondissement, déplore pour sa part que l'élection de Gérard Collomb se soit déroulée sous influence, à la vue de tous, à l'écart de l'isoloir. Il s'est interrogé sur la liberté des élus au moment de mettre le bulletin dans l'enveloppe : "La peur des représailles a dominé ce scrutin" estime-t-il ...
Christophe Boudot, pour le Rassemblement National, a moqué la mise en scène du retour à Lyon en TGV de Gérard Collomb sous l'oeil des caméras. Il s'est voulu mordant, filant la métaphore cinématographique. "Le film des frères Lumière à La Ciotat n'est rien à côté de ce qui va se passer. On attend le retour d'un roi en son royaume. Le train rentre en gare, chacun retient son souffle (...). Mais en vérité, votre retour précipité sonne comme un échec".
Selon Daniel Navrot, politologue et rédacteur en chef de la lettre politique "Prospective Rhône-Alpes-Méditerranée", cette réelection dès le premier tour est malgré tout une bonne nouvelle pour Gérard Collomb puisqu'il garde la majorité. Daniel Navrot analyse la perte de 7 voix comme " un effritement et une érosion" de son assise politique : "La question , c'est sa capacité à rassembler ..."
Le reportage de Julien Sauvadon et Jean-Christophe Adde :