Alors que l'Algérie se déchire autour d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, près de 150 personnes ont manifesté dans le calme mais avec véhémence devant le Consulat d'Algérie à Lyon.
Près de 150 personnes se sont rassemblées samedi 2 mars, devant le consulat d'Algérie rue Vauban à Lyon, pour protester contre un éventuel 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Les manifestants ont repris en coeur le slogan "Algérie libre, forte et démocratique". Sur les pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire: "Le peuple s'engage, le système dégage."
Le reportage de Yaëlle Marie, Daniel Pajonk et Francis Bernès
Un cordon de CRS a bloqué les manifestants à une bonne distance de l'entrée principal du bâtiment.
L'Algérie attendait samedi 2 mars la réponse du camp présidentiel aux manifestations monstres contre un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, dont la candidature à la présidentielle du 18 avril doit être déposée dimanche, ultime jour du délai légal.
Aucun responsable algérien n'a réagi officiellement jusqu'ici à l'imposante mobilisation des Algériens vendredi, descendus en masse à travers le pays pour dire leur rejet de la perspective d'un 5e mandat de M. Bouteflika qui célèbre ses 82 ans ce samedi.
Hospitalisé en Suisse depuis six jours, officiellement pour "des examens médicaux périodiques", le retour en Algérie du chef de l'Etat n'a toujours pas été annoncé officiellement, à moins de 48 heures de l'expiration du délai légal de dépôt des candidatures, dimanche minuit (23H00 GMT). Cependant, aucune disposition légale n'oblige un candidat à se présenter en personne au Conseil constitutionnel pour y déposer son dossier.
En déclarant le 10 février sa candidature à la présidentielle, M. Bouteflika a mis fin à des mois d'incertitude mais déclenché une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Le président, qui ne s'est pas adressé aux Algériens depuis un AVC dont il a été victime en 2013 et ne fait plus que de rares apparitions publiques dans un fauteuil roulant, est invisible et muet depuis le début des protestations.
Les manifestations se sont déroulées pacifiquement dans toute l'Algérie, à l'exception de heurts entre jeunes et policiers en fin de journée à Alger, alors que les cortèges s'étaient dispersés dans le calme. Un manifestant de 56 ans est décédé lors d'une bousculade déclenchée par une intervention de la police contre des casseurs, a annoncé sa famille sur les réseaux sociaux. Selon l'agence officielle APS, une autopsie va être réalisée.