La compagnie du "Lien théâtre" intervient sur les berges du Rhône pour sensibiliser la population au harcèlement de rue à l'aide de jeux de rôles.
"Non mais moi je n'ai pas envie de discuter". Sur ces mots, une jeune femme se lève et s'éloigne. Le jeune homme qui a entamé la discussion la suit et insiste. Très calmement, elle répond pour mettre les choses au point. "C'est pas grave. Il y a d'autres personnes avec qui vous pouvez discuter sur les quais. Moi je n'ai pas envie de parler. Merci". Une scène de la vie ordinaire sur les quais du Rhône à Lyon. Une jeune femme importunée et autour personne qui ne réagit.
Montrer pour dénoncer : le harcèlement débute dès que la personne dit non !
Une autre voix s'élève "Happening sur le harcèlement de rue, rejoignez-nous !" Cette scénette a, en fait, été jouée par des comédiens dans le cadre d'une campagne pour sensibiliser la population à ce phénomène de rue. Pour attirer l'attention des passants, les comédiens brandissent des pancartes avec des messages : "Tous concerné.e.s" ou "81% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics" sans oublier les agressions verbales faites aux hommes à propos de leur virilité ou leur orientation sexuelle avant de dispenser des conseils au mégaphone.
Ces performances mettent en scène des solutions concrètes pour mettre fin à des situations désagréables voire effrayantes que l'on soit la victime ou un.e passant.e désireux de lui prêter main forte.. Ainsi, dans l'une des scénettes, un jeune homme fait mine de reconnaître la victime pour l'extraire d'une situation délicate : " Oh mais attend, je te connais. On était en cours ensemble. Tu vas bien ?" lui dit-il tout en prenant le jeune femme par les épaules pour la conduire plus loin, excluant le harceleur de la discussion et brisant l'interaction, l'air de rien. C'est issu de la méthode de 5 D : distraire, documenter, diriger, déléguer, dialoguer.
Un effet miroir pour se reconnaître et agir
Les comédiens proposent des jeux de rôles aux volontaires pour qu'ils comprennent que c'est une vraie agression. "J'ai compris que les femmes souffrent vraiment du harcèlement. Il faut arrêter" déclare ainsi un jeune homme, témoin de la performance et acteur à son tour lors d'un set d'improvisation.
"La force de cette manifestation c'est que ça permet un effet miroir" explique Emilie Alfieri, comédienne du "Lien théâtre". "Beaucoup d'hommes qui agressent ne se rendent pas forcément compte de ce qu'ils font. Être témoin de telles scènes peut leur permettre de se rendre compte de leur comportement, qu'il n'y pas que les actes physiques, qu'il y a aussi les paroles. Pour les victimes, ça peut leur fournir des outils pour se dégager des situations et ça peut aussi aider les témoins à trouver des parades". Le but final étant que tout s'apaise.
La compagnie intervient sur demande de la mairie de Lyon. D'autres performances sont prévues dans les prochains jours.