Lyon : le réalisateur Bertrand Tavernier est mort à l'âge de 79 ans, les hommages se multiplient

On a appris ce jeudi 25 mars 2021, le décès du cinéaste lyonnais Bertrand Tavernier. Il s’est éteint à Sainte-Maxime, dans le Var. Il était âgé de 79 ans.

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L'Institut Lumière a annoncé le décès du réalisateur Bertrand Tavernier jeudi 25 mars avec ces quelques mots: "Avec son épouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, l'Institut Lumière et Thierry Frémaux ont la tristesse et la douleur de vous faire part de la disparition, ce jour, de Bertrand Tavernier." 

Le Lyonnais a, à son actif, une filmographie riche et largement récompensée, marquée par des oeuvres cultes comme "L'Horloger de Saint-Paul" en 1974, "Un dimanche à la campagne", "L.627", "Le juge et l'assassin" ou le "Coup de Torchon" (nomination aux Oscars en 1983), sans oublier "Autour de minuit". Bertrand Tavernier a réalisé près de 40 films. Il a reçu cinq César au cours de sa longue carrière dont deux en 1976 pour "Que la fête commence" avec Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre-Marielle. Pour "L'appât", il a reçu un Ours d'Or en 1995, à Berlin. Il a aussi vu l'ensemble de sa carrière récompensée par un Lion d'Or à Venise.

Il a fait ses débuts dans le cinéma comme assistant de Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre). Eclectique, il a abordé plusieurs genres cinématographiques durant sa carrière, de la comédie dramatique au film de guerre (Capitaine Conan) en passant par le film historique (La Princesse de Montpensier) ou le polar (L.627, L'Appât). Bertrand Tavernier a réalisé des films d'époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets sociétaux.

Fan de westerns

Bertrand Tavernier est né le 25 avril 1941 à Lyon, haut lieu du cinéma avec l'Institut Lumière dont il était président. 

"Lyon m'a appris un enracinement dans un lieu. Je suis provincial et content de l'être, je ne me sens pas parisien", disait-il. Fils de l'écrivain et résistant René Tavernier, il découvre le cinéma lors d'un séjour en sanatorium. Assistant sur "Léon Morin, prêtre" de Jean-Pierre Melville, il devient attaché de presse de films de Jean-Luc Godard, Claude Chabrol ou de Georges de Beauregard, le producteur de la Nouvelle vague. En 1970, il cosigne un livre qui deviendra une référence : "30 ans de cinéma américain" (réédité et actualisé). Il publie aussi des entretiens avec de grands auteurs d'Hollywood (1994). Il assurait être devenu metteur en scène "à cause de son admiration pour les westerns". 

Dans ses films ou en marge de son travail de cinéaste, Bertrand Tavernier s'était engagé dans de nombreux combats: contre la censure, contre la torture pendant la guerre d'Algérie (il avait réalisé sur ce conflit un documentaire, "La guerre sans nom"), en faveur des sans-papiers, pour la redécouverte de scénaristes oubliés, pour la défense du cinéma européen contre le mercantilisme du cinéma américain. "Je ne suis pas plus blasé maintenant que quand j'ai démarré", assurait-il en 2016 en présentant son documentaire "Voyage à travers le cinéma français", histoire très personnelle du 7e art, rendue possible par le visionnage de centaines de films.  Ces artistes "sont des gens qui me nourrissent de façons différentes. Ce qui est beau, c'est la variété des approches. J'essaie de plaider pour ça. C'est l'anti-formatage", expliquait-il. 

Avec la scénariste Colo Tavernier (décédée en 2020) dont il était divorcé, Bertrand Tavernier a eu deux enfants: Nils, comédien et réalisateur, et Tiffany, écrivaine. Avec cette dernière, il tourna le film "Holy Lola" (2004) sur l'adoption au Cambodge. Il s'était remarié à la scénariste Sarah Thibau en 2005.

Une pluie d'hommages

► L'ancien maire de Lyon Gérard Collomb a réagi sur twitter "avec beaucoup d’émotion. Il était, avec Thierry Frémaux, l'âme du l'âme du festival Lumière. Il va nous manquer. Ses films resteront comme des chefs d’œuvre du cinéma français."

► L'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob a lui aussi exprimé sa douleur : "le cinéma français le pleure" dit-il.

► Le fil twitter de l'INA diffuse un reportage vidéo, sous-titré, de 1975, quand le réalisateur réunissait Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret et Christine Pascal pour tourner « Que la fête commence... »

► La cinémathèque française de Paris rappelle cette citation de Bertrand Tavernier : "Mon métier consiste à inventer, faire rêver et, à partir de cela, produire quelque chose qui va changer le monde."

► Même le compte twitter de l'Olympique Lyonnais rend hommage à cet "amoureux de Lyon et du cinéma."

► Réaction de Bruno Bernard président (EELV) de la Métropole de Lyon: "Il était non seulement un immense cinéaste mais aussi un formidable passeur pour tous les amoureux du 7e art. Il a  présidé l’Institut Lumière depuis sa création en 1982, un lieu mondialement reconnu pour son travail sur l’histoire du cinéma concrétisé depuis maintenant 12 ans par le succès du festival Lumière, un événement qui non seulement attire chaque année à Lyon les plus grands réalisateurs mais permet à tous les citoyens de découvrir ou redécouvrir des films laissés trop souvent dans l’oubli (...). Avec sa disparition, c’est un peu de la mémoire de notre ville qui disparaît et, à l’heure où les salles de cinéma sont fermées, nous devons tout faire pour poursuivre le travail qu’il a mené tout au long de sa vie en faveur d’un cinéma populaire et exigeant.

► La candidate PS aux prochaines élections régionales Najat Vallaud-Belkacem a elle-aussi réagi en rendant hommage au "géant, héritier des Lumières":

► Le réalisateur avait participé à un documentaire de France 3, "Les secrets de la belle endormie", avec nos images de la ville de Lyon presque entièrement déserte lors du premier confinement:

Steven Spielberg à France 3 Rhône-Alpes : "J'aime beaucoup les films de Bertrand Tavernier"

Lors du festival de Cannes nos équipes avaient demandé à Steven Spielberg ce qu'il pensait de l'oeuvre de Bertrand Tavernier: "J'aime beaucoup les films de Bertrand Tavernier. J'ai été très influencé par le cinéma français. Lui et des gens comme Truffaut m'ont appris que même dans les histoires les plus tragiques, vous avez besoin d'une pointe d'humour. Vous devez toujours montrer la comédie de la vie, même quand vous racontez quelque chose d'atroce."

Nos équipes avec Julien Sauvadon avaient interrogé Bertrand Tavernier: il revenait notamment sur son premier tournage de film à Lyon, c'était "L'horloger de Saint-Paul". "Ça a été une expérience prodigieuse" nous disait-il.

 

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